Authenticité.
À la lecture de ce défi, il ne m’a pas été difficile de savoir ce que j’allais écrire. Le petit moment que je vais raconter est un acte banal pour la plupart des gens, mais pas aisé pour moi et qui fait du bien.
Pour les personnes qui n’ont pas lu mes textes non fictifs, je reprécise que je fais de la dépression depuis des années, mais que je me suis prise en main lorsque je m’en suis rendue compte. Je suis donc souvent dans un cmp (centre médico-psychologique) où j’ai un suivi régulier, et où je participe à plusieurs groupes afin de sociabiliser, prendre confiance en moi, gérer mes émotions et travailler sur tout ce qui englobe la dépression.
Dans le groupe de parole, on s’exprime sur l’humeur du jour, puis un sujet de réflexion fait son chemin tout seul dans nos discussions. Ce jour-là, j’étais la seule à me sentir bien et à être positive, je pense que c’est ce qui a permis à tous de se sentir plus légers à la fin de la séance.
Au cours de la conversation, le thème de la “valeur” a pris place. Quelle est notre valeur ? L’activité qui nous rend sûr de nous et qui nous fait vibrer ? Pour mon cas, c'est l’écriture (et le maquillage, mais on s’est concentrés sur l’écriture lors de cette séance, parce qu’il y avait plus à expliquer).
Certaines personnes n’ont pas su trouver leur élément de réponse, ou alors ils ont parlé au passé, comme mon ancienne institutrice d’école primaire. À cet instant précis, où l’attention était centrée sur elle, mon cerveau semblait tourner à mille à l’heure. En mon for intérieur, je me disais que je ne pouvais pas partir sans lui dire toute la positivité qu’elle avait eue sur moi à travers les années. Je lui ai partagé ce que je pensais être sa valeur, si on met de côté son ancien métier qui est sa passion. Sa valeur englobe sa gentillesse, sa ferveur à enseigner, ainsi que la richesse qu’elle transmet.
Un instituteur voit passer beaucoup d’enfants dans sa carrière et ne se rappelle donc pas de tous, mais un enfant ne voit pas des centaines de personnes qui marquent leur vie positivement. Je l’ai toujours admirée pour sa force, pour sa gentillesse et sa bienveillance, pour sa passion et son soutien, pour son côté profondément humain. Parce qu'au-delà de l’enseignement, de l’envie de travailler qu’elle me transmettait, elle m’a soutenue lorsque mon grand-père paternel est décédé, je me souviendrai toujours de l'étreinte qu’on a partagée pour apaiser mon chagrin.
J’ai réellement pris conscience ce jour-là de l’impact qu’elle a eu sur moi. Timide depuis toujours, je me mettais pourtant tout devant en classe pour ne rien louper de ses cours. Malgré mes difficultés, on sentait vraiment qu’elle prenait plaisir à faire apprendre, même si ça prenait du temps. J’ai toujours demandé du travail supplémentaire quand d’autres personnes pensaient que c’était une punition. La phobie scolaire s’est développée au collège jusqu’à ce que je sorte du lycée. Pendant toutes ces années de souffrance psychologique, j’ai toujours pensé à elle comme une source de confiance, de positivité et d’innocence.
Je suis vraiment reconnaissante de l’avoir connue, et d’être “retombée” sur elle cette année, bien que la situation ne soit pas la meilleure. Et même si j’ai toujours l’habitude de la voir comme mon ancienne maîtresse, et non comme une potentielle amie, j’aime avoir sa présence aux réunions.
En plus de cette prise de conscience, je n’ai pas eu de soucis à me livrer, alors qu’habituellement je ne livre pas ce qui se rapproche d’un sentiment ou d’un ressenti pouvant me rendre vulnérable, surtout lorsque la personne concernée peut l’entendre. Mais cette fois-ci, j'étais fière de moi, pour elle, parce que mes dires lui ont fait plaisir, elle s’est sentie valorisée et ça pourra l’aider à son développement personnel. J’ai été fière pour moi aussi, parce que ça m’a fait du bien de livrer de l’authenticité, de voir que j’ai évolué. Mais aussi fière pour les autres personnes présentes à cette séance, parce que l’ambiance s’est allégée et nous a tous mis du baume au cœur. Parce que pour une fois, je représentais la positivité, permettant de clôturer la réunion comme il se doit. Avec sincérité, gentillesse, bienveillance.
Voilà, ce n’est pas un acte incroyable à lire, mais incroyable à vivre et c’est ce qui importe le plus !
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