Je voulais vraiment partir pour la Nouvelle Zélande. Mais mes finances clignotaient dans le rouge. Et puis, il y avait ce brave Norbert qui bavait littéralement devant moi. Avec ses grosses moustaches et son air d'épagneul meurtri, il m'horripilait. Fort heureusement pour lui, il possédait une fortune à faire pâlir tout le comté. Si l'on y regardait bien, il n'était pas si vieux. 15 ans de plus que moi. Comme un petit toutou, il me suivait pratiquement partout. Un battement de cils, voilà qu'il était à mes pieds.

Alors, pourquoi ne pas sacrifier ma sacro-sainte vie de célibataire pour une existence bourgeoise  de femme mariée, bien rangée, avec voyages et autres avantages non négligeables. L'occasion se présentait pour l'amener là où je voulais en venir. Partir pour la Nouvelle Zélande. Tout était planifié, malheureusement, c'était sans compter sur la surprise que me causa la demande de mon "fiancé". Lui prouver mon amour en lui faisant parvenir par tous moyens à ma convenance six tonnes de cerises, fruit qu'il adorait. Quelle idée saugrenue ?

Je m'employais néanmoins à trouver une solution pour arriver à mes fins. Ainsi, me faisant passer pour une industrielle de la confection de confitures, je réussis à obtenir l'exclusivité de la prochaine récolte du fruit chez le producteur le plus proche de notre région. Preuve à l'appui, je m'imaginais le sourire qui allait se dessiner sur le visage surpris de mon soupirant. Voilà faute d'avoir le produit, dans la seconde, car ce n'était pas la saison, j'avais la preuve certifiée par écrit que les premières cerises cueillies seraient la propriété de Norbert.

Il manquait juste un petit détail : il fallait donner en gage de sérieux, un important acompte pécunier... Norbert se plierait volontiers à cet argument commercial. Lorsqu'il constaterait l'énergie déployée pour le satisfaire, il signerait, c'est certain, un chèque à plusieurs chiffres. Confiante en l'issue de ce surprenant marché, je lui fixais un rendez-vous dans un restaurant où nous pourrions débattre en toute tranquillité de l'affaire qui me préoccupait.......