Partie 2

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– Bah après on sort et on va planter nos flèches dans des petits cœurs en sucre tout mous. Viens par là, gamin. Ils t'ont appris à voler, quand même, dans ton école, ou quoi ?

– Euh, oui. Mais pas en… centaure.

– Ah ok, très bien. T'inquiète pas, c'est presque pareil, bon, t'as juste cinq cents kilos de plus à gérer.

– Ah ouais quand même…

– Bah c'est des canassons, hein, pas des moustiques. Viens là, sur la corniche, tu vas voir, c'est vraiment pas mal pour se lancer. On est gâtés au quatre-vingt-dix-neuvième niveau, de ce côté-là.

– Euh… houlà… ça fait super haut…

– Bah hé, t'imaginais quoi, c'est le ciel ici, pas le grenier de mémé Gertrude. Elle s'appelle comment, ta mémé ?

– …

– Tiens au fait, tu m'as toujours pas dit ce qu'elle fait, ta tante.

– …

– Hé gamin, j't'ai posé une question là, m'ignore pas sinon ça va mal finir.

– …

– Oh putain mais il est plus là en fait. Il est où ce con ?

– …

– Bordel, il est tombé. L'a intérêt à savoir voler parce que j'vais pas le chercher, hors de question.

– …

– J'le vois plus, j'le vois plus. Putain, 'vont me tuer quand ils sauront que j'ai paumé le stagiaire.

– …

– Bon ok, j'vais le chercher. Saloperie de job de merde. C'est parti pour la plongée en piqué.

– …

– …

– …

– Putain, pfiouh, j'ai cru que t'étais déjà mort en galette tout en bas. Ça va, t'as redressé la barre ?

– Euh… ouais… ça va… pas facile à manier, les chevaux… je galère un peu, j'ai cru que j'allais finir en bas aussi.

– Bon, ça va, t'arrives à voler quand même. Et encore, j'te dis pas, là t'as un poney, imagine avec un cheval de trait qui tire des canons à longueur de journée, 'pèsent bien une tonne ces machins là. Bon bref, allez, tends ton arc, sors une flèche, on a pas toute la journée. Tu vois les hommes en dessous ?

– Les hommes ? Y'a des femmes aussi. On doit tirer sur les deux, non ?

– Ah ouais, scuze, j'dis les hommes moi, tu dis pas une girafe mâle et une girafe femelle, si ? C'est une putain de girafe, point barre.

– Mais c'est interdit, maintenant, faut dire les humains ou l'humanité.

– Oh, hé, fais pas chier, tu crois qu'j'vais changer de jargon au bout de deux cents ans d'métier ? Hein ? M'en fous d'être politiquement correct, c'est complètement con ces histoires. Le patron les a vraiment à la bonne.

– …

– Bon voilà, vise bien, respire à fond. Putain, c'est un vrai thon celle-là, j'plains le mec que tu vas tirer ensuite.

– Faut pas faire de discrimination, on nous apprend ça en cours.

– Oh hé, commence pas. Y'a personne pour vérifier. C'est simple, moi j'mets les beaux avec les beaux et les moches avec les moches, c'est mieux pour tout le monde.

– Je vais mettre un mec canon avec cette fille-là.

– C'est du gâchis, mais bon. J'dis ça, j'dis rien.

– Oui mais c'est moi qui tire, là ! Laisse-moi me concentrer, s'teuplé, sinon j'y arriverai jamais.

– Ok, vas-y.

– …

– …

– …

– Putain mais qu'est-ce que t'as fait, là ?

– Mais je sais pas !

– Mais bordel ! On t'a pas appris que la zoophilie ça rentrait pas dans nos quotas ?

– Mais la flèche a dévié… c'est tout…

– Ouais bah maintenant t'as un boeuf à apparier avec quelqu'un, bon courage.

– Ok…

– Allez concentre-toi et essaie de bien viser, cette fois. Ça va me retomber dessus si le stagiaire fait n'importe quoi.

– Merci pour la pression…

– Ok, tu vises ce mec là ?

– Oui.

– Voilà, respire bien, et relâche la flèche.

– …

– …

– …

– Saloperie, il l'a encore raté. Putain mais c'est pourtant simple, j'vois pas ce qu'il y a de compliqué là-dedans. T'es pas idiot, n'est-ce pas ?

– Je… Bon… Je suis pas très doué en tir.

– Sans blague, j'avais pas remarqué. Roh là là, un boeuf et un vieux de quatre-vingt-dix piges, j'te dis pas le couple, j'espère qu'on passera au travers des contrôles. Faudrait pas qu'ils passent à l'acte dans les jours qui viennent. Bon allez, faut t'entraîner à viser, déjà ! Mais teste sur des arbres, hein, espèce de danger public. Me vise pas, surtout. ME VISE PAS ! Débande ce putain d'arc quand tu me parles, nom de Dieu !

– Ok… Je vais faire de mon mieux. Je croyais qu'il fallait pas jurer ?

– C'est ça, fais le malin, abruti. T'as l'air nigaud à tirer sur tes arbustes. Bon et pendant ce temps, j'vais avancer un peu sur le quota. Tss, qu'est-ce qu'il faut pas faire pour couvrir un stagiaire…

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