Marie-mots
Petit cahier, feuillet quadrillé
Jolie poupée de papier froissé.
De ligne en ligne, de page en page
Elle me met les mots à la bouche
Elle m’émerveille la petite volage
Moi le vieux tronc, moi la vieille souche
Elle naquit d’un amour étrange
D’une relation autant coupable
Que saugrenue entre une feuille blanche
Et une petite écriture instable…
Elle me vint d’un amour luron
D’une feuille à petits carreaux
D’un petit morceau de crayon
Alors je l’appelai : Marie-mots.
Vivant une vie pas ordinaire
Toute de syntaxe et de rime, elle
Vagabonde au rythme de mes vers,
Prend des formes la demoiselle.
Puis la voilà qui s’anime enfin
Comme prise d’une forte boisson,
Puis la voilà qui s’élance soudain,
Marie-mots quitte la chanson.
Elle va, s’en vient et elle repart
Pour un marin, pour un quidam
Un air perdu, pour une guitare
Marie-mots est devenue femme
Abandon, funeste trahison,
Mais où donc s’en fût Marie-mots ?
Je serrai dans mon poing ma chanson
Alors le papier eut un drôle de sursaut
Petit cahier, feuillet quadrillé
Jolie poupée de papier froissé…
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