L'Étreinte du Deuil
Jeanne, en état de choc, finit par être aidée par Jeannine et un ambulancier pour se relever. Elle est conduite jusqu'au trottoir où elle peut s'asseoir, ses jambes pliant sous le poids d'une peine incommensurable. Un assistant social, un homme au regard doux et à la voix posée, s'approche d'elle.
"Madame," commence-t-il délicatement, "nous allons vous emmener à l'hôpital pour que vous puissiez vous reposer et recevoir l'accompagnement dont vous avez besoin."
Jeanne lève les yeux vers lui, sans vraiment le voir. Elle hoche lentement la tête, trop fatiguée pour protester ou résister. Jeannine, restée à ses côtés, lui tient la main, la pressant tendrement.
"Je suis là, Jeanne. Je ne te quitte pas," murmure-t-elle, tentant de lui donner un semblant de réconfort.
Les secours continuent d'affluer autour de la scène, les sirènes des ambulances se mêlant aux pleurs et aux murmures des voisins qui, malgré eux, assistent à la tragédie. Des membres de la cellule d'urgence médico-psychologique commencent à parler aux témoins les plus choqués, tandis que d'autres s'attellent à la tâche éprouvante d'informer les proches des victimes.
Assise dans l'ambulance avec Jeanne, Jeannine sent son cœur se serrer encore et encore. Les deux femmes échangent peu de mots; la présence muette de l'autre suffit à cet instant.
À l'hôpital, Jeanne est prise en charge avec délicatesse, dirigée vers une salle privée où elle pourra se reposer loin des regards inquisiteurs. Jeannine, toujours à ses côtés, veille sans relâche.
Les heures passent dans une brume de douleur et d'inconscience. Jeanne est examinée par des médecins, puis laissée seule pendant quelques moments que seule la douleur parvient à combler. Jeannine sort de la chambre pour permettre aux spécialistes d'expliquer la situation à Jeanne et lui offrir l'aide psychologique nécessaire.
D'interminables minutes plus tard, Jeanne murmure : "Je veux voir Pierre… Je dois voir mon bébé…" Sa voix, faible et brisée, est à peine audible.
L'assistant social reste à ses côtés, veillant à ce que chaque instant se déroule avec le plus grand soin. "Jeanne, je comprends votre besoin. Dès que ce sera possible, nous vous le permettrons."
Le lendemain, Jeanne est introduite dans une petite salle aux murs froids. C'est là qu'elle voit Pierre, allongé, paisible, presque comme endormi. Un médecin reste en arrière-plan, respectueux et silencieux. Jeanne avance d'un pas fragile, ses mains à nouveau tremblantes.
Elle s'agenouille à côté de lui, prenant sa main entre les siennes, y déposant des baisers. Ses larmes coulent sans fin, et dans ce moment de déchirante intimité, elle murmure à son fils des mots d'amour et de promesse. Elle promet de rester forte pour lui, bien qu'elle n'ait aucune idée de comment faire sans lui à ses côtés.
De retour chez elle, la maison semble vide, remplie seulement des échos de rires passés et des souvenirs d'une vie partagée. Jeanne sait qu'un long chemin de deuil l'attend, mais elle n'est pas seule. Jeannine, les amis, et les professionnels de santé seront là pour l'aider à chaque étape.
La douleur ne diminuera peut-être jamais, mais jour après jour, Jeanne apprend à avancer, à vivre malgré le vide laissé par Pierre. Elle s'efforce de trouver du réconfort dans les souvenirs et dans l'amour de ceux qui la soutiennent.
Lentement, très lentement, la vie recommence à courir son cours, entrelacée de tristesse et de résilience. Et même si rien ne sera plus jamais pareil, Jeanne découvre au fil du temps que Pierre vivra toujours en elle, dans chaque pensée, chaque souvenir, à jamais gravé dans son cœur meurtri.
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