Dies Strigis 06 Octème

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Lui

Dragonale 46-13-5

« Chouette nous dit de croire en la prière ; car la prière donne de l'espoir et l'espoir est la croyance que nos paroles unifiées atteindront le Dragon. »

« Croyez. Espérez. Priez. Tels sont les mots sage de Chouette. »


J'entrais dans le bureau d'Amélia, lui posant un verre de breuvage contre la gueule de bois sur son bureau, accompagné d'un mot qui lui indiquait que je reviendrais là voir après être allé m'entraîner. Mon réveil tardif me rendait assez peu sûr de la voir sur les terrains ce matin , mais, foutu pour foutu, cela me ferait du bien de réveiller mes muscles perclus par un sommeil trop court. L’élixir pouvait effacer les affres de l’alcool, il ne régénérait pas la fatigue due à la piètre qualité de ma nuit. Malgré les épais murs de pierres censés garder la fraîcheur, je sentais déjà qu'il allait faire chaud dehors, le soleil éblouissant au travers des carreaux des arches-nêtres m'enlevait un peu plus d'espoir de la voir ce matin. Elle n'aimait pas les fortes chaleurs, pensais-je. Mon envie de retourner faire une sieste d'une heure ou deux fut presque suffisante pour que je fasse demi-tour.

Ma volonté de la croiser était plus grande encore.

Les terrains extérieurs étaient encore, en partie, à l'ombre du donjon et des murailles. De loin, ils étaient tous occupés par des groupes de jeunes prêtres à l'entraînement. Je ne voyais pas Anna, toutefois la sensation de chaleur autour de mon doigt m'incitait à partir m'échauffer avec quelques tours de pistes. Elle était là, je la vis dès le premier tour terminé. Elle restait tard sur les terrains aujourd'hui à frapper sur ce sac, encore et encore, sans faillir. Les températures grimpant, j'eus vite très chaud à courir sous le soleil, assez pour envisager de m'entraîner d'une autre façon. Les clercs sur les terrains alentours, s'entraînant à la lutte, furent étonnés de me voir m'installer non loin d'eux.

Juste en face de ma petite Anna, très concentrée.

J'étais admiratif de l'évidente force des coups qu'elle portait au sac de frappe, de ses techniques d'enchaînement, différentes de celles que l'on nous apprenait. La puissance était la force de ses frappes, autant qu'une belle souplesse et une amplitude de mouvement. Je n'imaginai pas la rigueur de l'éducation martiale à Manticore si même une jeune femme, qui m'avait dit vouloir devenir herboriste à cette époque, semblait savoir se battre.

Tous les jeunes gens de Manticore apprenaient ils à combattre ou était-elle une exception ?

Entamant mes propres séries, je me dérouillai tout en retenant la force de mes coups. Je ne laissais pas le pouvoir du monstre amplifier mes mouvements, pas même pour l'impressionner. À Dragon, la puissance ne suffisait pas aux techniques à main nue. On m'avait appris à privilégier la précision ainsi que la rapidité. J'étais un bon combattant, même sans l'aide de la bête, le sac oscillait de mes coups rapides, portés de la paume ou de la tranche de mes mains. Je la sentais me regarder à plusieurs reprises, me voir avait l'air de la déconcentrer. Je ne résistai pas à l'envie de la taquiner un peu. La plupart des lutteurs à plusieurs mètres de nous s'entraînaient torses nues, des prêtres gardiens bien bâtis avec une belle musculature entretenue. Elle ne les avait pas regardés une seule fois, pas comme elle me fixait désormais, ma chemise ôtée. Mon corps n'avait pas les muscles aussi proéminents que ceux de mes voisins ; mais c'était moi qu'elle dévorait des yeux, perdant toute concentration dans ses gestes.

Me décidant à aller la voir, je m'approchai d'elle, un demi-sourire malicieux s'épanouissant sur mes lèvres. Je respirai son entêtant parfum de mûrier mélangé à la transpiration tandis qu'elle posait ses yeux brillant sur ma peau nue, ses adorables tâches de rousseurs ressortant sur ses joues rougit. La situation attisait mon désir, le monstre grognonnait d'excitation et déchaînait son imagination salace dans mon esprit. J'y réagis plus que je ne l'aurai pensé, toutefois, il paraîtrait trop suspect de reculer ou de faire demi-tour, maintenant que j'étais si près d'elle.

 « Anna, je ne voudrais pas te déranger dans ton entraînement, mais j'aimerais que tu m'apprennes tes enchaînements et, si tu le souhaites, une prochaine fois, on pourrait t'apprendre les techniques de Dragon, qu'en dis-tu ? » Ma proposition impliquait déjà que nous nous revoyons un autre jour. C'était plus fort que moi, plus j'en avais d'elle, plus j'en voulais.

 « Je – oui, bien sûr, ce serait avec plaisir – un honneur – de m'entraîner – vous av- » Des pas rapides m'alertèrent, mes traits se durcirent ; mon sourire s'évanouit à l'arrivée d'une troisième personne, venant se mêler à notre conversation. Le petit blond athlétique que je reconnus comme le « fameux » Christophe regardait Anna, une expression chaleureuse sur le visage qui fit gronder le monstre.

 « Primordial de Loup – son ton, d'abord cordial, se réchauffa ensuite – Anna, nous serions ravis de vous inclure à la fin de notre entraînement de lutte. Nous allions entamer des duels à un point. » Aucun clerc ne m'aurait proposé cela si j'avais été seul. J'aurai décliné si des grognements jaloux ne s'étaient pas élevés. Le monstre me fit regarder les nombreux hommes torses nus qui, si elle acceptait, se presseraient contre elle.

Ce n'était que du sport.

Un entraînement de plus.

Le blond me regardait l’œil goguenard. Qui qu'il soit, la colère froide du monstre le ciblait désormais.

 « Je peux m'occuper moi-même de son entraînement – grognais-je abruptement –, mais si Anna n'y voit pas d'inconvénient, alors nous participerons. » Elle avait le regard baissé quand nous parlions, je ne pus donc pas voir comment elle prendrait de se faire inclure dans ce « nous » avec moi, mais ce que je voyais, c'était que son prétendant, lui, appréciait moins cette possessivité de ma part, car il perdait un peu de son m'as-tu-vu.

 « Nous acceptons dans ce cas, puisque mon Primordial ne voit pas d'inconvénient – elle releva les yeux vers moi, se mordilla la lèvre et glissa deux jolis lacs bleus troublés de gris dans les miens en posant sa main sur mon avant-bras – nous nous entraînerons la prochaine fois, n'est-ce pas ? » J'opinai soulagé qu'elle me le repropose, le monstre apaisant sa colère du charme de son hésitation ainsi que du contact de sa main. Notre trio, muni d'un indésirable, se dirigea vers son groupe d'entraînement. Les ecclésiastiques présents chuchotèrent étonnés de me voir. Considéré comme un solitaire froid, souvent jugé acerbe voire hargneux quand on me dérangeait, j'avais monté ma réputation autour de cette idée et l'on me connaissait principalement de cette manière.

Connu par tous, sauf par l'inconscient qui m'avait gâché la fin de matinée.

Dans le lot, je ne reconnus que deux des trois prêtresses présentes, et seulement pour avoir été en cours avec elles. Les trois autres prêtres, outre le matamore blond, m'étaient inconnus, cependant leurs présences partiellement dénudées à proximité d'Anna déplaisaient fortement au monstre.

Et à moi aussi. Quand étais-je devenu si peu sûr de moi ?

 « Les duels de luttes se déroulent comme suit – présenta Christophe – le premier à maintenir suffisamment longtemps son adversaire, gagne son duel. »

Présomptueux et sûr de lui, le blondinet se marqua comme affrontant celui ou celle qui gagnerait le plus de duels. Il nous plaça sur un cercle de quatre luttes chacun et, ceci terminé, les combats purent débuter. Malgré leurs entraînements, aucun d'entre eux ne valait un loup-garou au corps à corps, que ce soit par la vivacité ou la force, nous les dépassions tous. Toutefois, je ne cherchais pas à blesser leurs amours propres et fit durer les duels plus longtemps que ce dont j'avais l'habitude en tenant le monstre par la bride durant les rencontres. Faire croire à sa cible que l'on était moins fort, moins agile, ne ferait que rendre son désappointement plus divertissant. Je n'aurai pas dû combattre contre Anna. Volontairement ou non, son prétendant avait fait en sorte que nous ne nous affrontions pas. La providence fit que le prêtre qu'elle devait affronter se blessa au pied sur sa dernière lutte et qu'il fut emmené à l'infirmerie par ma dernière duelliste. Nous nous tournâmes autour, j'évaluai, incertain, le degré de force qu'il nous faudrait mettre pour ne pas la blesser. Le monstre ne m'aidant en rien, il n'y voyait qu'une manière de ce trouver proche d'elle, sans trop de contrainte.

Anna fut la première à attaquer. Sa maîtrise du combat à main nue sortait de tout cadre connu, plus vive que je ne l'avais cru. Ses techniques étaient plus franches que les attaques sournoises auxquelles j'étais habitué. La puissance de sa poigne quand elle tenta de m'attirer et son excellent encrage dans le sol, me stupéfièrent. Elle ne s'attendit pas à autant de résistance et de poids de ma part, car nous nous retrouvâmes collés l'un à l'autre. Être contre mon torse la mettait en position de faiblesse, surtout face à un adversaire plus grand, lourd et fort qu'elle. Si cela avait été un autre adversaire, je m'en serai débarrassé à la seconde où il m'aurait touché. Elle était si proche que je sentais toutes les nuances des effluves exhalant de sa peau. Une inspiration, deux. Elle inspirait aussi, son sang pulsait contre ma peau, j'entendais son rythme cardiaque devenir erratique.

Quatre respirations.

J'attrapai ses deux bras, la retournai avec force et la maintins collée contre moi, le nez dans ses cheveux.

 « Tu sens si bon », grondais-je très bas, excité de la maintenir ainsi serrée contre moi. Il était impossible qu'elle ne le ressente pas, il était évident qu'elle me faisait de l'effet. Le léger frottement de son bassin me fit lâcher un peu de prise par surprise, suffisant à lui fournir de l'amplitude pour un saut. Son poids aidé par la propulsion me déséquilibra. Nous tombâmes toutes deux au sol. Ayant amorti sa chute, je fus sonné la seconde qu'il lui fallut pour se mettre à califourchon sur mon bassin, ses mains me maintenant les épaules au sol. Elle me dévorait d'un regard vert fiévreux, brûlant d'un désir sans doute aussi grand que le mien, vint ancrer ses coudes dans le sol et presser son torse contre le mien.

Il y avait d'autres prises qui auraient rendu sa position plus imprenable, mais je la soupçonnais de vouloir prolonger notre contact. Elle respirait si près de mon torse que je sentais presque ses lèvres frôler la toison sur ma peau. J'aurais pu lui concéder cette victoire, bien que je n'aurais pas été certain d'avoir perdu quoi que ce soit, à la sentir sur moi. Je désirai même d'avantage la ramener dans mon lit que la laisser partir, mais le monstre était en chasse, il avait une cible. Une cible qui devait comprendre qu'il ne fallait pas jouer avec les monstres.

Dans cette position, les épaules maintenus par le poids de son corps, je n'avais qu'une solution.

Balançant mes hanches, je nous fit basculer sur le côté, la maintenant dans une position similaire à sa précédente, à ceci près qu'elle avait les jambes écartées, ce qui l'empêchait d'utiliser son bassin comme levier. Je ne lui laisserai pas le loisir de répliquer cette fois. Je gardais ses poignets fermement au sol, nos souffles à quelques centimètres l'un de l'autre. J'unis chaque seconde qui me permit d'être contre elle, le moindre battement de cils de ses prunelles piquetés d'or, jusqu'à ce que je me relève enfin, l'aidant à faire de même.

Un autre jour, nous nous retrouverons dans cette position. En attendant, mon visage se transforma.

Les autres duels n'étaient pas terminés depuis très longtemps, personne n'avait réellement fait attention ou remarqué la tension entre nous, seulement ma victoire.

Il ne restait plus que Christophe.

Le fanfaron qui gonflait le torse, sûr de lui. Ce coq trop fier m'étudiait à peine. Quelques combats semblaient lui avoir suffi pour comprendre comment je fonctionnais. Était-ce ma presque défaite contre Anna qui le faisait croire qu'il avait une chance ? La sous-estimé me le rendait encore plus antipathique. S'il ne l'avait pas courtisé, j'aurai pris plaisir à la voir le ridiculiser. Les derniers prêtres sur place nous regardaient avec intérêt. J'enchaînai le monstre par la magie, avec un ordre simple.

 « Ne le tue pas ». Ce fut tout.

Je n'eus pas besoin d'étudier sa posture de combat, ni ne lui fit la grâce de paraître intéressé. Je lui laissai la chance du premier geste. Il se penchait, sans doute pour m'attraper une jambe. Je n'étais déjà plus là. Un pas de côté, une clef de bras maîtrisée pour être douloureuse sans le blesser gravement. Une seconde plus tard, il s’aplatissait sur le ventre, la tête dans la terre, mon genou dans le dos, son bras toujours tordu.

Le duel avait duré deux mains de secondes.

La cohue épatée engendrée par cette rapide mise au tapis accentuait son humiliation, je restai ainsi, suffisamment longtemps pour qu'il comprenne. M'époussetant, la soif du monstre enfin calmée, je laissai le coq défait se relever seul et cherchai Anna des yeux. Elle n'était jamais difficile à trouver, sa chevelure rousse emmêlée par les combats se distinguait parmi tous. Je marchais vers elle, un sourire tendre apparaissant sur mon visage alors que je l'accrochais de notre regard de braise. Elle seule avait droit à la chaleur dans ma voix et à la douceur de mes traits. Je lu de l'admiration dans ses beaux yeux plongés dans le mien.

 « Merci pour ce beau combat – lui chuchotai-je – Nous nous revoyons très bientôt. »

Je n'adjoignis pas de mention à ce bientôt, elle savait. J'escomptai bien la revoir à la messe ce soir, même si c'était une messe de Chouette et qu'il y aurait Amélia.

En parlant de l'oiseau, il me fallait aller ax voir là présent.

 « J'ai hâte », murmura Anna.

Je le savais, moi aussi j'avais hâte de la retrouver. Téléporté chez moi, à distance d'elle, je repris un peu de contenance dans mon esprit. Je rejouais la scène de notre combat en me soufflant des réprimandes. Qu'est-ce qui m'avait pris bon sang. Agir aussi différemment avec elle, surtout devant du monde, nous vaudrait inexorablement des ennuis. Nous avions de la chance que je n'ai pas le même genre de réputation qu'Oreus. Je pris une douche rapide avant de me rendre chez Amélia, les sensations d'Anna tournant en boucle sous ma peau. Ce n'était pas le monstre cette fois, j'avais été si proche de basculer. J'aurai tout laissé tomber pour l'emmener dans ma chambre, des milliers de projets lunaires pour pouvoir l'aimer librement, mais était-ce vraiment son souhait à elle ?

Je sentais qu'elle me désirait, son odeur s'intensifiait, une senteur plus piquante s'ajoutait aux autres.

M'aimait elle ?

Les lettres à son inconnu parlaient beaucoup de sentiments ressentis. J'envisageai qu'il s'agissait bien d'amour, seulement on ne bouleverse pas une vie pour des suppositions. Je me morigénai. Anna devait sortir de mon esprit, au moins de cette manière, le temps que je discute avec Amélia.

Discuter de Anna.

Oh Dragon !

Midi sonnait quand j'arrivais au bureau de mon amie. Elle me fusilla du regard, le teint encore légèrement verdâtre.

 « Tu aurais pu toquer et me l'apporter directement, se renfrognait-elle – j'ai vomi une partie de la matinée à cause de tout ce qu'on a bu. » Je me moquai un peu d'elle, l'air goguenard. J'avais beau faire, le sourire ne quittait pas complètement mes traits.

 « Tout ce que tu as bu, Amel', j'ai à peine consommé la moitié de ce que tu as ingurgité. Et tu sais très bien que je viens t'en déposer presque à chaque fois. Tu n'avais qu'à te traîner ici entre deux aller-retour aux toilettes. » Elle me détaillait désormais, avec ce regard de Chouette qui te sonde et enregistre la moindre information.

 « Tu as l'air d'avoir passé une bonne matinée. Il s'est passé quelque chose ? Une visite de notre charmante collègue, peut-être ? » J'eus envie de lui conter l'humiliation du jeune prêtre, cependant Amélia me connaissait mieux que tous les autres et savait que je ne me battais pas sans une bonne raison. Elle tenterait de m'extirper des informations que je n'étais pas prêt à lui donner.

 « Je ne suis pas venu parler de ça, à vrai dire, je devais discuter avec toi pour le travail. J'ai besoin de savoir ce que tu as dit à Tomas à propos de mes représentations. » Je ne citai personne, cherchant à donner une impression détachée qui ne la leurra pas.

 « Nous avons discuté du pouvoir d'Anna, son feu sombre. – elle dardait un intense regard gris sur moi, attentive à mes réactions. – Il avait l'air très intrigué par sa capacité à utiliser le pouvoir de Loup et m'a demandé s'il était arrivé des incidents similaires, mais outre la main de John, rien d'autre ne m'est venu. » Le nœud dans mon ventre s'allégeait, quoi qu'elle lui ait dit, cela ne dissonait pas avec mes propres propos. Mon soulagement significatif n'échappa pas à son œil de Chouette avisé.

 « J'ai fait des recherches, Nathan, essentia mea, au sujet d'une vieille légende. Il y a même un groupuscule de prêtres qui porte la bannière du feu noir de Dragon depuis la Grande Guerre sainte. Si elle est une essence, peu importe ce que cela semble vouloir dire, elle détient un grand pouvoir qui doit suivre la voie des arcanes. Tomas s'en rendra compte dès qu'il l'aura testé ou même avant. » J'avais conscience de n'avoir fait que retarder cette information, mais je ne pouvais pas occulter simplement mon ressenti vis-à-vis de lui. Le monstre ne lui faisait pas confiance et, jaloux ou non, je n'étais pas enclin à lui laisser Anna entre les mains.

 « Il y a quelque chose chez lui – songeais-je à voix haute, la voix lointaine – je n'ai pas de raison valable de lui cacher ce genre de chose, seulement son intérêt me paraissait suspect. » Cette histoire de groupe de prêtes dissident m'interpellait plus qu'une simple légende : avait-on des membres de ce groupe au Saint-Siège ? J'envisageai d'écrire au Saint-Père à ce sujet, une fois sorti de chez Amélia.

 « Parce que tu es protecteur, c'est ça ? » S'était à son tour de ce moqué, mon excuse semblait tellement ridicule, dites ainsi. Quoi que je puisse lui dire, elle ne digérait pas de savoir que je lui cachais des choses.

Lui parler d'Anna serait-il si terrible ?

 « Au fait, j'ai appris par Liam que tu allais être envoyé au festival de midi du 16 Octème ? Je crois que tu y remplaces le vieux Cardinal de Cerf. »

Des frissons me parcoururent, je fis tourner la bague à mon index en y pensant.

La coutume voulait qu'un cardinal officie et unisse le festival organisé chaque année par les villages voisins. Nous fêtions la mi-été et le dernier des quatre grands. L'histoire nous contait qu'ainsi, le Léviathan n'abattra pas son courroux sur nous. Je répugnais à ces mondanités, mais pas cette année. Deux jours de congés entouraient cette date, les représentations avaient le droit de s'y rendre. Le cercle d'Anna essayera forcément de la faire y aller.

 « Ce n'est pas nouveau que le Saint-père m'envoie quand il y a des désistements – grognais-je le ton bas, cherchant à donner le change au frémissement d'excitation que je ressentais – il aime bien me rendre plus sociable que je ne le suis en réalité. » Amélia connaissait ce penchant de notre Pontife, comme elle savait à quel point je répugnais aux mondanités.

 « C'est vrai qu'il fait souvent appel à toi – concéda-t-elle – tu sais déjà si tu dormiras sur place la veille ou tu partirais plutôt au matin ? Et pour le soir ? Tu y vas en calèche ? À cheval ? » Amélia me décrit les différentes couleurs par lesquelles Élise passerait quand elle apprendra que j'allais manquer notre petite sauterie de l'été.

L'humeur s'allégeait considérablement entre nous. Cela me rendait heureux de voir mon amie pépier plus joyeusement.

Comme si hier n'avait jamais existé.

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