Chapitre sept - Le mariage de G. Richards

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Deux mois plus tard, Andrew avait réuni l'argent qu'Alan devait aux Cascio et s'apprêtait à partir en Argentine pour régler la dette. Il avait hâte de s'éloigner de Londres.

D'abord, parce que son ami G. Richards avait bien changé depuis la dernière nuit blanche qu'il avait eue, la veille de l'arrivée d'Alan. Il avait parfois des absences, des moments où il regardait dans le vide pendant de longues minutes. Andrew aurait aimé pouvoir l'aider, mais il en était incapable. Plutôt que d'assister à ces moments durant lesquels il était impuissant, il préférait être absent. Et puis, peut-être que, quand il reviendrait, son mariage avec Jemima McPherson aurait changé G. Andrew l'espérait de tout cœur.

De toute manière, il devait rembourser la dette qu'Alan avait contractée auprès des Cascio. C'était une question d'honneur. Même s'il soupçonnait les affaires d'Alan et celles des Cascio de ne pas être totalement conformes, ni à l'honneur, ni à la légalité.

Il emmènerait James, son neveu. Il avait d'abord pensé emmener son fils Albert, mais il aurait besoin d'un gestionnaire avisé pour s'occuper du club en son absence, et avait donc jeté son dévolu sur James pour l'accompagner pendant son voyage. Cela lui ferait voir du pays et l'ouvrirait peut-être à de nouvelles amitiés, lui qui était si renfermé depuis la mort de ses parents quelques années plus tôt, alors qu'ils visitaient le chantier de démolition des anciens bâtiments sur les ruines desquels se tenait le Brightwell's actuel. Il s'était d'ailleurs toujours demandé pourquoi James insistait pour passer du temps dans le salon du Brightwell's - par une macabre coïncidence, puisqu'Andrew ne lui avait jamais révélé cette information, c'était précisément là que son frère John et son épouse étaient morts.

Enfin, en parlant de macabre, les jumelles Murray se protégeaient l'une l'autre, chacune prétendant être responsable de la ''chute malencontreuse'' d'Alan Brightwell du toit. Edward McPherson avait suggéré qu'on abandonne l'affaire, qu'on dise à la police qu'il était tombé lui-même après avoir été à moitié assommé par la brique. Après tout, avait-il ajouté, les jumelles étaient les victimes de cette histoire, et les envoyer en prison toutes les deux - puisqu'aucune ne laisserait l'autre être accusée sans attirer la faute à elle - alors qu'elles étaient enfin débarrassées de leur bourreau, et plus encore alors qu'on ignorait même s'il s'était agi d'un accident ou... enfin, d'un exemple de ces moments où le destin est un peu trop aidé pour que cela reste un accident, serait une injustice.

Bref, entre la mort d'Alan, ses dettes en suspens et le changement opéré chez G., Andrew était soulagé de quitter Londres. Il espérait qu'à son retour, tout serait arrangé, dans une certaine mesure.

Au mariage de G. et Jemima McPherson, ou désormais Jemima Richards, puisque la cérémonie était terminée et que la noce se poursuivait par une réception, G. attira son ami à l'écart. Il avait repéré son air soucieux et lui demanda ce qu'il se passait.

Andrew n'osa pas lui parler de son changement de personnalité le jour de son mariage, et dit juste :

« J'aimerais effectivement te parler à cœur ouvert, Rick, mais cela peut attendre mon retour...

-Ton retour ? Tu pars ? S'enquit G.

-Oui, répondit Andrew. Mon cousin Alan avait des affaires en suspens en Argentine et maintenant qu'il est mort brutalement – tu as suivi l'affaire il me semble, il est tombé du toit du Brightwell's – je dois aller régler ça, je pars demain. J'emmène avec moi James, le fils de mon défunt frère John. Il est temps qu'il s'intéresse aux affaires. Je te confie Albert en attendant.

-Tu ne vas pas partir si brutalement ! S'exclama G. Il y a un bateau qui t'accepte dans un délai aussi court ?

-Oui, le Langoustine des Prés IV. Au passage j'ai toujours trouvé étrange qu'après le naufrage des précédents l'armateur s'obstine à redonner le même nom à chaque nouveau bateau, mais enfin, c'est son choix... et c'est ton beau-père, d'ailleurs, puisque c'est Angus McPherson qui détient les trois quarts des parts. En bref, je pars demain. On se reverra à mon retour et on parlera sérieusement, Rick. Très sérieusement. »

G. hocha la tête, dit qu'il rentrait pour entretenir ses invités et laissa Andrew seul sur le balcon de la résidence londonienne des McPherson.

Il ne reverrait plus Andrew par la suite, puisque le Langoustine des Prés IV coulerait comme ses prédécesseurs, entre l'Angleterre et l'Argentine. Seul James Brightwell survivrait au naufrage, mais c'est une autre histoire.

C'est une autre histoire, mais le fin mot de celle-ci, personne ne l'eut jamais. Sauf Albert, des mois plus tard... si l'on part du principe du moins que ce qu'il lut dans une certaine lettre était la vérité et non les élucubrations d'un fou.

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