Chap 11 : Stupéfiant
Stupéfiant, demain, nous serons sur la ligne de départ. Il ne nous reste plus que quelques détails à finaliser et nous lèverons les voiles. Notre vaisseau est paré à larguer les amarres. Garé dans l'allée, il a fière allure, notre camping-car bleu azur. Je réserve une dernière surprise à Victor. Il me reste une matinée pour mettre une dernière touche personnelle, décorer avec une pointe de pastelle. Sur la porte côté conducteur, je dessine les ailes du dragon, chaque nervure sera noir charbon. À l'intérieur, accroché au rétroviseur, des papillons en origami au couleur de l’arc-en-ciel fabriqués par Sophia et Sarah. Elles nous les ont confectionnés pour l’occasion. Assises à leur table, elles ont mis tout leur talent et leur cœur à l’ouvrage pour nous offrir ce doux présage.
Stupéfiant, de réaliser que nous reprendrons la route côte à côte. Notre projet est ambitieux, nous prendrons des chemins de traverse farfelus. Audacieux de se jeter à corps perdu sur les routes perdues d’un monde en perpétuel évolution. Une réelle révolution pour deux adultes plein d’espoir que la vie catapulte vers des terres d’histoires. Avec Victor, nous puisons notre imagination à la source de notre détermination. Nos frustrations, nous les effaçons à la pointe de nos crayons que nous taillons avec la force de nos émotions. Nous suivrons nos envies, main dans la main, si nous trébuchons, nous repartirons de plus belle et si nous nous égarons nous suivrons le lien bien réel qui nous unit.
Stupéfiant, debout, face à l’océan, je patiente. Je ne sais pas ce qui nous attend au bout de ce voyage. Nous prendrons le large pour des contrées sauvages, trimballerons nos bagages d’étage en étage, sèmerons des petits cailloux à Falmouth et égrenerons nos pensées dans les ruelles de Galway. Nous ne marcherons plus seul, sur les traces du : “Y ou'll Never Walk Alone ”, dans les travées d’Anfield Road à Liverpool. Perdu à mille lieues de là, je n’ai pas entendu Victor arriver. Il se cale dans mon dos et pose sa tête sur mon épaule. Je peux sentir son souffle dans mon cou et ses lèvres effleurer ma peau.
— Tu es prêt ? me murmure-t-il.
— Et toi ? dis-je en prenant ses mains dans les miennes.
— Plus que jamais.
— Alors il est temps de dire au revoir à ce que nous aimons et de nous envoler.
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