Cric-crac, mon cœur en vrac
Cric-crac,
Mon cœur en vrac.
Mon chat est parti ;
C’était un mardi.
Très étonnée
Par cette échappée,
Je l'ai appelé
À la nuit tombée.
Trop occupé
Ou préférant rêvasser
Sous le ciel étoilé,
Il n'est pas rentré.
Les jours suivants, tel un revenant,
J’ai arpenté chemins et champs,
Interrogé voisins, passants,
Scruté anxieusement chaque tigré errant.
Hélas, dans tout le pays,
Nulle trace de mon mistigri
Ni mort ni en vie.
Son histoire se finit-elle ainsi ?
Plic-ploc,
Mes larmes en stock
Ont déferlé,
Incontrôlées.
Mon agile matou
Un peu casse-cou
Me manque beaucoup.
Je l'avoue.
Dix-sept années
En sa compagnie
Ne peuvent s'effacer
En quelques nuits.
Attentif et patient,
Ce félin savant
Savait égayer
Mes pluvieuses journées.
J’ignore ce qui lui est arrivé
Et ne le découvrirai peut-être jamais.
Il est probable qu’il se soit retiré
Pour mourir caché.
Certains animaux,
Malades ou âgés,
Agissent de la sorte,
Sentant leur fin proche,
Pour dissimuler leur vulnérabilité
Ou éviter la vue de leur cadavre
À ceux qu'ils aiment et
Considèrent comme leurs semblables.
Mon fidèle ami
Devait faire partie de cette catégorie.
Dans un ultime acte d'amour,
Il s'en est allé pour toujours.
Scritch-scratch,
Mon cœur s’arrache
Quand je pense trop à toi,
Mon gentil chat.
Je n’ai pas su décrypter
Les signaux que tu m’envoyais.
Quelques mois avant ton départ,
J’aurais dû mieux sonder mes radars.
Mû par une urgence invisible,
Tu t'obstinais à laisser
L'empreinte de tes coussinets
Partout dans mon domicile.
Tous les soirs,
Tu changeais de dortoir.
Pas un seul recoin de la maison
N'a échappé à tes ronrons.
J’espère que tu n’as pas eu peur.
J’espère que tu n’as pas eu mal.
J’espère avec ferveur
Que tu as trouvé l’endroit idéal,
Loin de tout prédateur
Motorisé ou bestial
Pour ta dernière demeure,
Pour ton salut final.
Tu occupes à jamais dans mon cœur
Une place centrale
Même si pour les détracteurs
Tu n’étais qu’un animal.
À mon éternelle Mirabelle
Avril 2007 - Juin 2024
Annotations