Chapitre 1
Ce mardi matin vers la fin du mois de juillet, en buvant un thé chaud à la menthe devant de stupides vidéos de chats, je reçois un mail de Victoria, une collègue de travail. Je le lis via mon téléphone sans prendre la peine de l’ouvrir, balayant simplement la notification pour l’avoir en entier.
« Coucou Romain ! Désolée de te recontacter alors que tu es en vacances, mais j’ai besoin de ton aide : il faudrait que tu me trouves des infos sur une certaine Célia Terrier. Elle est née le 21 octobre 1987 et morte en janvier 2000. De ce que j’ai compris, elle était de ta promo à l’école primaire. Je t’expliquerai plus tard pourquoi j’en ai besoin. S’il te plait, je compte sur ta discrétion pour cette histoire…
La bise et bonne vacances !
Victoria. »
Je suis tenté d'ignorer ce message pour m'y pencher plus tard. Après tout, je suis en vacances. Mais une de ses phrases m’interpelle. « La même promo à l’école primaire » ? Je ne peux m’empêcher d’arquer un sourcil. Je n’ai jamais entendu parler d’une « Célia Terrier ». Ni d’une Célia tout court à vrai dire… d’autant plus qu’elle est morte si jeune, si j‘en crois Victoria. Elle n’a pas eu le temps d’atteindre ses treize printemps… quelques part, l’idée qu’une de mes probables anciennes petites camarades d’école soit morte me terrifie un peu.
Dévoré par la curiosité, je prends tout de même le temps de m’asseoir face à mon ordinateur pour relire avec plus d’intérêt et d’attention son message. Mais j'ai bien lu et compris : trouver des infos sur Célia Terrier, une fille morte prématurément qui aurait effectué sa scolarité dans la même école que moi.
Pourquoi ? Que s'est-il passé avec elle et que lui est-il arrivé ? Dans quelles cironstances une ado de douze ans a-t-elle pu trouver la mort ?
J’ai quitté l’école primaire il y a quoi ? Plus de 25 ans… il est probable que je l’ai connue sans en garder le moindre souvenir.
Puis je suis plutôt réputé pour ma mémoire de poisson rouge.
Heureusement pour moi, j’ai beau avoir quitté le bureau depuis une journée déjà pour mon congé, mes neurones, eux, sont bien présents et connectés. Je me souviens très clairement de cette petite valise verte dans laquelle ma mère conserve toutes nos photos d’enfance. Par thème ou par année, de la plus vieille à la plus récente, elles s’y trouvent toutes. Mes souvenirs, ces images claires et figées d’un moment de ma vie. A chaque fois que je veux me remémorer une journée ou un évènement, je les cherche dans cette valise. Et bien sûr mes photos de classe y sont. Il me suffit d’écrire à ma mère ou ma sœur pour qu’elles m’envoient la pochette où sont rangées ces captures.
Mais une autre idée beaucoup plus ingénieuse jaillit dans mon esprit : contacter l’école pour leur réclamer les vieux registres de l’école. Il me suffirait de dégainer mon badge de journaliste d’investigation pour obtenir d’eux ce que je désire.
Je note cela dans un post-it pour bien m’en rappeler. En ouvrant un nouvel onglet sur Google, le bref son de notification m’annonce que Victoria m’a envoyé un second message.
« Ca ne presse pas, bien sûr, repose-toi, c’est le plus important. J’en ai besoin pour maximum dimanche soir, le temps de conclure un autre gros dossier »
Evidemment, je ne refuse jamais un service à Victoria…
Je tape d’abord le prénom de l’intéressée sur le moteur de recherche pour une première mise en bouche, avant de répondre à mon amie. Il n’y a que quelques articles centrés sur l’entretien de chiens terriers, de photos desdits cabots, des pages Facebook de quelques personnes nommées Terrier. Des Cecilia, des Henry, des Paul, mais aucune Célia. Je soupire en calant mon menton contre la paume de ma main, songeur.
J’entends encore une fois le bruit de notification de la boîte de messagerie.
« Je voudrais te donner plus d’informations mais je n’ai que son nom et sa date de naissance, désolée… »
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