Réflexions

2 minutes de lecture

Vous savez ces réflexions que l'on se fait à soi-même lorsque l'on est enfant ?

Non pas ces réflexions idiotes du genre : "Pourquoi le ciel il est bleu ?"

Plutôt quelque chose qui sonnerait en : "Et si ?". "Et si quand on est mort, on est pas vraiment mort, on dort, on continue à rêver et faire du toboggan sur des bananes géantes avec un chat qui parle poursuivis par un médecin en colère, en fait, ça doit être plutôt rigolo, non ?". Oui, voilà, quelque chose comme ça. Vous voyez de quoi je parle maintenant ? Ces questions existentielles qui refont le monde, l'espace d'un instant.

Oh que oui ! On m'a ri au nez le jour où j'ai dévoilé ma théorie. Du haut de mes sept ans, mon charisme n'était pas à son point fort et me prendre au sérieux ne devait pas être tâche facile. Les enfants de mon âge ne comprenaient pas un traitre mot de ce que je m'entêtais à leur expliquer, les adultes se moquaient de cette idée saugrenue : "C'est trop mignon... Comme cette petite a de l'imagination !" - mais je ne suis pas petite, je suis grande maintenant, j'ai sept ans ! Ce sentiment d'incompréhension n'a fait que renforcer cette idée qui germait à peine dans ma tête. Et vous, aussi là, vous croyez que je ne les entends pas, vos pensées ?

Oui toi, le lecteur de ce court texte éphémère - si ce n'est pas le vent ou la pluie qui l'emportent, le temps s'en occupera. Toi aussi tu te moqueras des idées de cette enfant, cette petite fille. Tu liras ma réflexion, puis tu souriras, tu t'esclafferas même peut-être quand tu te rendras compte que personne n'est là pour te juger. Puis tu retourneras à tes occupations et tu oublieras. Moi, je ne t'en voudrais pas. Au fond, qui ça intéresse ? C'est juste la philosophie d'une gamine de sept ans... Moi je ne t'en voudrais pas ; mais elle... Elle, il faudra lui demander, c'est une autre histoire...

Un jour dans un de ces moments de solitude en voiture, elle s'est dit :

"Et si j'étais seule ?

Et si le monde, l'univers, n'était qu'une vaste supercherie ? Et si tout ça n'était qu'un songe, un mirage, un rêve une illusion ?

Et si j'étais seule ?

Et si tout ça n'existait pas vraiment ? Mes parents, ma petite soeur, mes amis, mon chat, mes poissons...

Alors, bien évidemment, je ressens des choses pour eux et ils en ressentent pour moi. Mais si tout était faux ? Et si tout ce qu'ils ressentent n'était, ça aussi, qu'une illusion ? Il n'y a que la confiance pour me prouver que tout cela existe vraiment, une confiance aveugle, insouciante, inconsciente. Il n'y a que moi que je peux contrôler (et encore), je ne sais rien de source sûre des autres, du reste, de tout.

Et si j'étais seule ?

Alors, le froid glacial, dehors, n'existerait pas ? Et cette chaleur réconfortante au coin du feu de la cheminée de mamie ? Et mes trente cinq kilos n'auraient aucun sens ?

Et si un jour, sans aucune raison apparente, je me réveillais dans un grand vide, noir et solitaire et que c'était ça la vraie vie ? Ou alors la mort ?

Voilà, maintenant j'ai peur...

Et si j'étais seule ?

Alors, tout m'appartiendrait, le monde l'Univers m'appartiendraient. Mais si j'étais seule, tout ça n'existerait pas. Tout ce qui pourrait m'appartenir, ce serait moi...

Et si, même moi, je n'existais pas ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Eileen E ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0