02 décembre 1943,
Je me rappelle certaines choses qui me faisaient rire. Les nouveaux arrivants me demandaient souvent comment je pouvais travailler sous terre. Ils ne cessaient de me répéter que l’air fais ou la chaleur du soleil leur manquaient. Je leur répondais toujours qu’ils n’avaient qu’à remonter et prendre une bombe britannique sur le coin du nez. Ils se vexaient tous, sans exception. Vous savez, on finit par s’habituer aux rats et autres « charmes » du souterrain.
Une dispute a éclaté aujourd’hui, entre Anton et Eugen der soldat. Ils en sont venus aux mains, c’est navrant… Je ne sais même plus pourquoi d’ailleurs. Nous avons communément décidé de les isoler un temps. Nous verrons bien si cela est positif. La vie en communauté n’est pas simple, encore plus dans une situation comme la nôtre.
Je suis allé vérifier la porte principale, elle est toujours hermétique. Ma plus grande crainte serait de mourir comme ces gens… Dans mes cauchemars, je vois la porte exploser et le gaz engloutir la pièce, dévorant tout sur son passage. Je vois Elise me regarder, hurler. Son visage se liquéfie peu à peu, un liquide rouge carmin s’écoule de sa bouche. Ses yeux fondent avant qu’elle ne se taise en gargouillant dans son sang. Je regarde mes mains se couvrir de cloques immenses. Et je me réveille.
Nos quelques vivres amassés ici et là diminuent à vue d’œil. Nous avons encore de l’air et de l’eau, mais pour combien de temps ? Plus le temps passe et moins j’ai d’espoir… Je ne reverrais sûrement jamais ma femme, ma fille… Et cette fichue radio qui ne fonctionne toujours pas… Konrad mange à peine et ne dort quasiment plus. Il travaille sans relâche. Tellement qu’il semble obnubilé par le poste. Il a maigri, son regard est vague. Il fait peine à voir. Est-ce que c’est ça qui nous attend ? La folie ?
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