Jour 11, date inconnue
Je savais que ce jour allait arriver. Mon instinct ne me fait jamais défaut. Hannah me réveilla en pleine nuit. Elle avait l’air affolée, terrorisée. Ses yeux cernés me fixaient. Elle tenta de m’expliquer mais sa voix tremblait autant que ses mains. Je tentais de la calmer et, dans un ultime effort, elle désigna deux couchettes vides : celle d’Elise et Walter. Je compris.
La colère grondait en moi comme le plus violent des orages. La rage m’envahissait, m’avalant dans un tourbillon sanguin. Ce raz-de-marée, je l’accueillis les bras grands ouverts. Mon sang bouillonnait en moi, plus rien ne pouvait me stopper.
Ils étaient tous les deux dans la salle d’eau, j’entendais Elise gémir à rythme régulier. Tu as fait une grave erreur Walter. Tu n’aurais jamais dû toucher ma protégée. Perdant peu à peu la raison, je frappais la porte verrouillée, cherchant à tout prix à entrer. Anton trouva un tournevis pour forcer la porte. Je hurlais à en perdre la voix en cognant de toute mes forces cette poignée. Sur mon visage coulaient des larmes de rage. Je me rappelle des « Hilfe » plaintifs d’Elise… Et plus rien. Le noir total.
Je repris mes esprits quelques heures plus tard, dans un coin de la salle commune. Anton était près d’Elise et semblait la soigner. Eugen me surveillait, son P38 à la main. Qu’avais-je donc fait ? Hannah me raconta tout. J’avais arraché le tournevis des mains d’Anton. Pendant que je me débattais avec la porte, la petite avait réussi à se libérer. Walter l’avait frappé, encore et encore. Lorsque la porte céda, je m’étais rué sur lui. Je lui avais enfoncé le tournevis dans le torse puis dans la gorge. Eugen avait dû intervenir pour m’arrêter. Doux Jésus… Était-ce vraiment moi ?... Les larmes coulaient sur mon visage, je n’arrivais plus à me contenir.
On me laissa malgré tout voir Elise. La petite est sérieusement blessée. Elle aurait une côte cassée et elle siffle quand elle respire… Seigneur tout-puissant, permettez-lui de vivre… Prenez-moi à sa place s’il le faut…
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