PARIS

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La ville est un trottoir parcouru de routes, veiné de rues, étiolé de doutes.

Je marche à deux endroits : je suis sur le trottoir et je suis un reflet. La ville est un trottoir : de chaque côté des vitres, mes reflets mes miroirs, mes reflets. Des reflets qui s’achètent, des reflets dans le vent : je m’achète ou je me vends ?

Je suis deux, je suis trois, jamais un, tout le temps.

Mes reflets qui s’achètent sont ma vie que je vends.

La ville est un reflet : je m’achète ou je me vends…

Ce trottoir est ma ville : suis-je bien assez cher ? Ou suis-je bon marché ?

La ville a des trottoirs qui ne mènent à rien… à rien d’autre… qu’à d’autres trottoirs où il n’y a plus de vitres, où les portes sont closes.

Les miroirs ne sont plus et mes reflets ont disparu.

Je suis Un.

Je ne réfléchis rien.

Les vitrines ont disparu et mes reflets aussi : mes reflets bon marché, mes reflets chers payés.

Je ne suis pas perdu sur ce trottoir qui ne mène nulle part.

Je ne suis pas perdu, non… Je ne sais plus où aller…

Les mirages se sont dissous : il y en avait trop pour y croire.

L’illusion s’est dissipée : j’ai rêvé tout ce bruit, j’ai rêvé ce qui luit…

J’ai rêvé la lumière et j’ai rêvé mes nuits.

Le silence se fait.

Le silence se tait.

Je ne suis pas perdu, non… Je ne sais plus où aller…

Le silence s’éteint ; il est temps de rentrer et voilà l’autoroute.

Je rejoins mon trottoir. Je rejoins ma banlieue. La nuit.

C’est le lieux de nos reflets, de nos reflets bannis.

Hors la cité, les gueux ! Paris nous a vomis.

Je rejoins mon trottoir dans ma banlieue de nuit, le lieux de mes reflets, de mes reflets bannis.

Je connais ce trottoir : mon nom est quelque part…

Je connais ce trottoir, ça y est, je suis rentré.

C’est la nuit et rien ici qui brille : le trottoir est éteint et ma porte est fermée.

Mon reflet s’est étreint quand j’ai touché ma clef.

Derrière cette porte, il n’y a rien à acheter, pas grand-chose à voler, il n’y a rien à vendre…

Je reviens de Paris : je n’ai rien rapporté.

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