J'ai besoin de vous (BIS)

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Hello !! Avouez, je vous avais manqué 8D (promis, c'est la dernière fois que je vous embête)

J'avais dit que je comptais rajouter une scène dans la partie 3 (on en avait discuté un peu en commentaires). J'ai enfin fini de l'écrire ! Ce n'est pas une scène cruciale, loin de là, mais elle rajoute du contexte à la mine et va permettre de ralentir un peu le rythme de la partie 3, j'espère. ça va aussi permettre de donner un éclairage un peu différent à Paz et Roc.

Comme d'habitude, n'hésitez pas à annoter si des choses coincent !

La scène déroule au début de la partie 3 : Auroq vient d'aller voir les Dents dans leur forêt et rentre à la mine. L'assemblée générale des rebelles aura lieu juste après.

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Quand je rentrai à la mine, le soleil était sur le point de se coucher.

Après être allé voir les Dents dans la forêt sauvage, j’étais repassé par l’exploitation forestière – chez les Bûches – puis m’étais dirigé au sud-est, chez les tourbiers. J’avais plusieurs connaissances dans les deux clans.

« Assemblée ce soir. Le Brasier arrive. »

Quelques mots murmurés à l’oreille de mes alliés, qui allaient faire leur chemin dans leur propre réseau ; du moins, je l’espérais. À l'extérieur, il était difficile d’estimer le nombre total de ceux qui soutenaient notre cause. Nous ne les avions jamais rassemblés, n’avions pas conçu notre plan avec leur aide. Seule la rumeur du Brasier courait parmi les initiés. Certains d’entre eux attendaient mon signal depuis plus de dix ans.

Il était extrêmement risqué de les rassembler tous à la mine. J’espérais que mes contacts sauraient choisir leurs alliés sans risquer d’attirer des traîtres avec eux.

Avant que le crépuscule ne finisse d’embraser le ciel, tous les intendants présents au puits de forage remontèrent un à un par l’échelle, puis s'enfoncèrent dans les herbes hautes. Ils rejoignaient la Maison. J’attendis qu’ils aient disparu avant de repasser devant Toise et de descendre dans les tunnels.

La mine se retrouva doucement plongée dans la pénombre ; on alluma les lampes autour du puits central et les effluves de pétrole et d’huile se mirent à flotter dans les galeries. Tous les foreurs remontaient des entrailles de la terre avec grand fracas, entassés dans les énormes monte-charges, les yeux ternes d’avoir passé le jour dans des boyaux ténébreux.

Parmi eux se trouvaient plusieurs centaines d'Ours alliés. Ils nous rejoindraient à l'assemblée ce soir. Mais avant... c'était l'heure du mess.

Révolte ou pas, on ne sautait pas de repas à la mine. Comme aimait le répéter Sperar, un vrai Ours ne fomentait pas de rébellion avec le ventre vide.

Le premier mess du troisième niveau était une caverne gigantesque, toute en longueur. Malgré sa taille, elle semblait incroyablement étriquée à l'heure des repas, lorsque plus de six cents Ours s'y précipitaient en beuglant qu'ils avaient faim et que ceux de devant pouvaient bien se pousser un peu. D'ordinaire, je me débrouillais pour y entrer avec un peu d'avance, mais pas cette fois. Il ne me restait plus qu'à prier pour ne pas finir piétiné. Cherchant mon frère et mes neveux, je me glissai dans les flots de foreurs qui encombraient le tunnel principal, en jouant des coudes entre les pelages sales et les muscles tendus. Tout sentait la sueur, le pétrole et le mâle affamé ; les jurons, les rires et les cris résonnaient sous la terre en faisant chuter la poussière du plafond sur nos têtes. Nous n'étions pas encore dans le mess et déjà nous nous marchions les uns sur les autres.

– Laissez passer ! beugla une voix grave derrière moi. Laissez passer la bouffe, bande de connards ! Poussez-vous, poussez-vous !

Avec un grognement, nous nous plaquâmes contre les parois pour laisser passer deux gros chariots de bois. Leurs roues mille fois rafistolées couinaient comme des rats écrasés.

– Putain, Paz, répare ta foutue brouette une bonne fois pour toutes ! gueula un Ours à côté de moi.

– Oh, toi, ta gueule ! rétorqua l'intéressé. Ou j'te mets un coup d'bâton demain matin, juste pour l'exemple !

Paz était un contremaître. Traditionnellement, c'étaient aux contremaîtres de nous apporter les victuailles au mess : les intendants et les chasseurs déposaient nos quotas de nourriture à l'entrée de la mine, ils devaient donc faire l'aller-retour jusque-là. Derrière Paz venait Roc, son compagnon. Ces deux-là étaient le couple le plus connu du niveau trois. Âgés de presque cinquante ans, c’étaient des montagnes de muscles qui auraient pu en remontrer aux intendants. D'habitude, ils venaient bien plus tôt : je n'étais pas le seul en retard – et pas le seul à le regretter, manifestement.

– Putain d'merde, mais poussez-vous, bande de mange-limaces ! beuglèrent-ils en forçant le passage. On apporte la bouffe, vous êtes bouchés ou quoi ?

L'eau me vint à la bouche quand le fumet des cuissots de cerf me chatouilla les narines. Tous les foreurs se léchèrent les babines, au supplice, en se retenant de se jeter sur la cargaison ; il était strictement interdit de se servir avant les autres. Les repas suivaient une organisation très précise.

Un soupir de soulagement général s'éleva sous le plafond du mess quand nous y pénétrâmes enfin. La foule s'y déversa et prit sa place. Ici, pas de coussins ni de tapis confortables comme chez les Dames : uniquement de la terre battue et des bancs grossiers, mal finis, si peu nombreux qu'il fallait se battre pour y poser son postérieur. C'était moi qui les avaient faits. Les foreurs n'avaient aucune connaissance en menuiserie. Pour améliorer un peu leur quotidien, j'avais fait des allers-retours nocturnes jusqu'à la forêt pour apporter le bois, puis avais volé quelques outils pour fabriquer ces bancs. Ce n'était pas du grand art, mais nos anciens étaient heureux de pouvoir s'asseoir dessus au lieu de faire craquer leurs vieux os sur le sol.

– Allez, c'est bon ! vociféra Roc en arrêtant son chariot au centre de la salle. Les jeunes et les vieux d'abord, vous connaissez la chanson. Et dans le calme, ou j'en prends un pour taper sur les autres !

Il se posta près des victuailles, l'air sévère, les bras croisés faisant gonfler ses muscles sous son pelage poivre et sel, et surveilla chaque jeunot qui vint prendre sa pitance. Je n'aimais pas Roc, mais c'était un chef juste et respecté, je devais bien lui reconnaître ça. Vingt ans plus tôt, Paz et lui avaient mis en place cette hiérarchie des repas. D'abord les jeunes, puis les vieux, et c'était seulement après que les adultes se disputaient le reste. Ainsi, nos éléments les plus fragiles mangeaient toujours à leur faim. C'était un bon système.

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