Un funèbre conte de fée (2009)

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J'avais été allongée sur le lit, le lit blanc dans lequel je m'étais couchée avec mon cancer et mes innombrables perfusions. Mais à présent je respirais un air pur et frais, je respirais mieux, bien mieux que je ne l'avais jamais fait. Il régnait une odeur de rose et de sucre d'orge. Aucun fil n'emprisonnait mes veines, aucun masque ne couvrait ma bouche. Je mis ma main derrière ma tête. C'était une chose extraordinaire! Mes cheveux étaient là, entiers et propres. C'était comme si rien n'avait jamais changé. Je me redressais sans efforts pour m'assoir. J'étais dans un cercueil blanc. Des pétales de rose aussi rouges que le sang le remplissaient et me recouvraient des pieds à la poitrine. J'étais dans un monde de rose pâle et de nacre, un monde sans limites, un monde de rêves et de désirs imprégné de la perfection et des beautés les plus subtiles. Je me levai dans mon cercueil et les pétales glissèrent sur ma peau. Autour de moi s'étendait un sol de diamants et de saphirs, baignant dans une eau claire et douce. Je posai le pied sur cette terre de merveilles et le plaisir s'empara de mon corps. Je ne savais pas ce qu'était cet univers nouveau mais je désirais y demeurer éternellement. J'avançai sans fatigue dans l'eau et les pierres précieuses.

Pourquoi étais-je ici ?

J'atteignis bientôt la rive du lac. Il y avait un bois aux couleurs éclatantes, des paillettes dans les airs et des chants mélodieux de tous côtés. C'était un endroit paradisiaque, idyllique. Je me sentais sereine, inconsciente. Je ne pensais plus au monde dans lequel j'étais née. Je n'avais plus faim, plus soif ou sommeil. L'incertitude que j'éprouvais face à ce monde me libérait de mes pensées, celles de ma vie d'avant. J'évoluais au milieu du bois, telle dans un conte de fées. Tout était si beau, si parfait, si plaisant,... J'étais submergée de sensations nouvelles. Mes sens ne réagissaient plus de la même manière. Cela tourna, je disparus dans une spirale indescriptible et réapparus dans une chambre de tons pâles et nacrés, doux et sucrés, plus idyllique qu'une idylle elle-même ne l'aurait jamais été dans ma vie passée. Tout était de marbre et de soie. Sur une table, je vis un plateau avec des macarons. J'en goûtai un. Déception, il n'avait aucun goût ! Quel était ce monde dont la vue et les odeurs ensorcelaient mon esprit mais où rien n'avait le moindre goût ?

Je me trouvais devant la fenêtre de la chambre et, regardant les jardins, ils m'apparurent sombres, glauques, démunis de vie et couverts par un cimetière. Une peur immonde, un dégoût sans égal, me saisirent. J'avais l'horrible réponse à mes nombreuses questions. Cependant, incertaine, je descendis dans ce lugubre cimetière. Je me dirigeai vers la tombe de marbre blanc et pur et y vis avec effroi, inscrit en lettres d'or, mon propre nom. Immobile, seule, je réalisais que dans le monde réel j'étais un corps agonisant dans un lit d'hôpital. J'étais en train de partir Je voulais sortir de ce monde à présent, je ne voulais pas mourir. Je voulais rentrer chez moi, revoir mes parents, mes médecins, mes infirmières, mes perfusions,... Je devais me réveiller. J'avais voulu rester dans ce monde idyllique et serein mais maintenant que je me voyais mourir je voulais revenir à ma vie imparfaite, cancéreuse. L'air frais et les parfums sucrés de la mort devenaient oppressants. Je ne savais pas si c'était moi qui m'accrochais obstinément à ce monde ou si c'était ce monde qui refusait de me laisser partir.

Je me concentrai avec toutes mes forces et pensées pour ouvrir mes yeux. Je voyais la spirale démoniaque ressurgir de mon terrible rêve. Mon conte de fées devenait le royaume funèbre de solitude et de mélancolie.

Soudain, une douleur inexplicable s'empara de tous mes membres. Je suffoquais, je partais. Je me battais sans relâche avec ma mort. Je poussai un cri de souffrance. La spirale grandissait, m'avalait. Je disparue au fond du gouffre...

Mes paupières se soulevèrent, lentement. C'était lui qui les avait soulevées. Le médecin braquait sur mes pupilles cette minuscule lampe. J'étais vivante. Il lâcha mes paupières et, se tournant vers mes parents, il déclara:

— L'opération a réussi.

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