Goulot
Je voulais buller alors j'ai attrapé un verre, je l'ai rempli de trois secondes d'insuffisance cardiaque et j'ai regardé la peur y inverser le sens des courants, devenir un cosmos de lumière attendue. Dans ces quelques mots je ne cache aucune signification, et du verre je n'ai puisé aucun secret dont je n'avais déjà pesé la provenance, des années auparavant, depuis le champ de mes décorporations.
J'ai simplement ressaisi mon verbe par ma plus funèbre embouchure, ma première et gaillarde bouche à la survivance de tonnelier ; l'ai arraché, avec l'ardeur délicate qui lui est si familière, de sa suspension perpétuelle, aux beautés de savoir silencieux.
Buller est un goulot. Ce n'est pas boire, ce n'est pas verser, encore moins contenir. Ce n'est pas abstraire la parole, pas simuler le sens ; ce n'est pas non plus se gargariser d'acte verbal. Buller est un goulot ; mais buller n'est pas boire... Ma bouche est un goulot.
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