L'heure des comptes
Enfin en prison pour l’éternité. Il a été pris en flagrant délit d’une transaction au sud du Portugal pendant que moi, j’étais mise sous une cloche, dans un centre pour éviter que je ne dépérisse trop…
Cependant, j’en ai marre et je décide me fuir. Une force surhumaine m’anime à partir en prenant la porte de secours. Deux semaines, que je suis cloué, deux semaines, où une idée, un lieu me trotte dans l’esprit.
Mon sens de l’orientation en coton, mon handicap, la préparation du procès, m’épuisent. Même si je mange un peu plus, même si j’apprends à mieux gérer les images, c’est difficile. Et même si j’aimerais en finir, cette nuit, je sens que je dois aller là-bas.
Une fois dehors, avec un maigre gilet, j’ai froid et je pense être parti vers deux heure du matin. Comment est-ce possible que j’ai perdu beaucoup de mes capacités ? On m’a expliqué que j’avais reçu un violent choc crânien, chose dont je ne rappel pas contrairement à :
« On a de la route ma petite. Et du temps donc pour continuer le petit jeu.
Je ne sens plus rien, ma jambe en sang est vite soignée par un autre garrot. Son coup de poing dans mon ventre contre le fond de la camionnette, me donne envie de vomir. Je suis sûr que j’ai perdu mon enfant….
— Tu te demandes pourquoi je te laisse possiblement en vie hein ?
Il s’agenouille pour m’embrouiller les sens avec sa fumée pendant qu’il caresse tendrement ma joue gauche amochée.
— Oui…
J’arrive encore à parler et me demande, moi aussi, comment je puisse être encore en vie avec tout le sang perdu et les possibles risques bactériques.
— J’ai eu peu de temps pour vous liquider. Une première fois pour moi de m’occuper d’un ancienne jeune dans mon ancien quartier. La police est complice de ma liberté et puis, je vous surveiller. Ton amie se prostituée déjà. Dit moi, comme on s’est jamais vu, comment tu a pu répondre aussi vite que vous étiez là pour lui ?
— Aucune idée…votre présence, ce lieu, une seule question….
— C’est toi qui a initié le vol n’est-ce pas ?
— Je m’en souviens plus.
— Faux !
Un autre coup de poing dans mon ventre et tout me revient. Il a raison, Rosa a dû lui dire….
— Une stupide erreur ! Mais elle méritait pas de mourir ! Moi je suis prête à payer !
— Tu vas le payer et seul le ciel décidera de ton sort. Tu payes leurs morts par ce qui m’a couter très cher.
— Pourquoi maintenant ?
— Je te l’ai expliqué que c’est meilleur quand c’est très tard, inattendu. Une autre question. C’est bien ta faute aussi, l’incendie du foyer ayant amputé un gamin quand vous aviez seize ans ?
— Comment vous savez !? On avait fumé un joint, personne ne le sait ! Il faisait nuit ! On était endeuillées, stupide et ….
Deux coups et une violente gifle sur qui déchire ma mâchoire. Je crache du sang et il en profite pour me tirer allongée contre la porte.
— Elle m’a tout dit, tout. Tu as tué tes amis, tu as rendu handicapé un jeune orphelin, tu as déjà perdu ton cœur et j’aimerais bien t’achever ici maintenant. Plusieurs minutes qu’on tourne dans la ville et ici, on est bien garé pour patienter encore plus longtemps. Ta douleur doit s’imprimer dans chaque centimètre de ton corps, ensuite, on te laissera au rat. Si tu es si malade, peut de chance que tu survivre.
Il s’assoit sur mon dos et je ferme les yeux pour penser à mes proches. Je sais que je suis pardonné par Rosa et même Adrian…Le temps file et je commence à partir.
— Elle est encore en vie. Il est presque midi chef, faut s’en débarrasser, on va se faire repérer !
— Je ne vois personne pour le moment.
— Je confirme aussi chef, le parc est vide, on est bien caché.
— Retirer son garrot, jeter là-bas entre les massifs. Revenez vite.
Je sens qu’on me soulève et il me frappe encore au visage pour me réveiller. Il appuie sur la blessure de ma jambe avec sadisme avant de me dire :
— Je me suis bien amusé avec vous. J’espère que tu as bien compris que chaque action à de lourde conséquences. Si par chance tu survis, tu vivras avec ces poids toute ta vie. Bonne chance donc.
Le sang coule à nouveau et je veux parler mais on ferme ma bouche comme mes yeux pour me jeter face contre terre entre des arbres. Je veux bouger et tente d’hurler, le camion s’en va et à nouveau plus rien.
«
Ces souvenirs limpides me transpercent une énième fois et je lutte pour continuer à marcher. Rasant les murs, lisant les panneaux, je pense repérer un magasin connu dans ma jeunesse. J’étais vraiment rebelle ? Sans doute…
Le jour s’annonce et me reposer sur les pas me fait du bien. Pourtant j’ai soif, très soif et je crois que mon dernier repas date d’hier midi. Je n’ai pas d’argent, ma tenue est reconnaissable comme celle d’un patient et les passants me regardent parfois bizarrement.
Je reprends courage, me perdant encore un plus. J’arrive dans un quartier résidentiel et je m’effondre contre un muret à coté des poubelles. Ma jambe est paralyser, j’ai trop donner et je pleure me sentant seule, vulnérable et idiote. J’aurais dû demander à quelqu’un de m’emmener…
— Madame ?
Je souris face un garçon de sept an qui est inquiet de mon état. Je l’embarque dans mes bras ce qui le surprend autant que sa mère qui lui demande :
— Laisse la dame tranquille, ne parle pas à des inconnues Jonas !
— Tu es l’enfant que j’aurais aimé avoir. Continue d’aimer, de croquer la vie et de vivre tes rêves.
Je le relâche et il s’enfuit en ayant peur. Au loin, quelques familles et la dame vient me voir et s’agenouille à ma hauteur :
— Pardon Madame, d’avoir fait peur à votre garçon. Je ne veux faire aucun mal à personne, je veux…
— Il m’a répéter vos sages paroles. Pardonnez-moi aussi de voir avoir pris pour quelqu’un qui veut du mal. Il faut toujours faire attention, je sens que vous avez besoin d’aide plutôt.
Elle devient plus bienveillante et je tente de lui demander l’impossible :
— Foyer des jeunes Maria. Vous savez où c’est ?
— Le hasard fait que je travaille là-bas en tant qu’éducatrice. Votre tenue vient du centre de santé La Paz. J’ai un partenariat avec eux.
— Je suis partie pour aller là-bas.
— Pourquoi vous voulez y aller ?
— Rosa est morte, elle avait vécu un peu…j’ai connu un peu là-bas.
— J’aimerais bien vous y conduire cependant, on doit sans doute vous cherchez. Acceptez-vous que je les contact pour les informer d’où vous êtes ?
J’acquiesce pendant qu’elle se lève pour appeler. Je masse ma jambe douloureuse et essaye de me lever. Un homme vient aussi à ma rescousse.
— Hélène ? Tu prends donc ta voiture ?
— Oui, le centre là recherche bien, je rapproche la voiture.
L’homme me sourit en attendant qu’elle se gare plus près.
— J’ai soif….
— J’ai de l’eau dans mon sac.
— Merci.
Une fois installée devant, je m’hydrate avec plaisir et les deux s’échangent encore quelques mots :
— Merci Xavier, tu peux du coup, faire manger Jonas et le ramener à l’école ?
— Bien sûr, il sera heureux de manger avec mes filles. À plus tard.
Le trajet est silencieux du moins, je n’ose dire quelque chose. Elle m’interroge un peu sur le foyer et Rosa, en vain. Je n’ai plus la force de rendre des comptes. Je suis heureuse finalement, de me reposer assise dans mon fauteuil pour manger et prendre mon traitement.
En fin d’après-midi, je décide me prendre l’air dans le parc, toujours en fauteuil pour m’arrêter admirer une fontaine où quelques oiseaux s’hydratent.
— Coucou ma puce. Comment tu te sens ? Tu nous a fais un peur tu sais ?
Le baiser de ma mère sur mon front et la main chaude de mon père calme sur mon épaule droite, me revigore un peu. Ils s’assoient sur le rebord soulagé.
— Je voulais allé au foyer où Rosa y était.
— Pourquoi ma puce ?
— Des souvenirs me reviennent avec elle papa…je dois faire son deuil et j’ai choisi de passer à tous les lieux qu’elle avait connu. Et puis, c’est nous qui avons foutu le feu ce jour-là…
— Marta, tu veux parler de l’incendie où un jeune à dû être amputé de sa main gauche brûlée ?
— Tu n’es pas comme ça ma puce. Enfin, je veux dire…
Plus ils argumentent, plus j’ai mal à la tête, plus je commence à vouloir fuir.
— C’est du passé Maria, il ne faut plus insister.
— Je le sais bien mon cœur. Sauf qu’elle a lancé le sujet. Je me rends compte, qu’elle nous a cachait des choses et qu’on est pas au bout de nos peines.
— Notre fille était une boule d’énergie, imprévisible. Bon, elle n’est plus, ce qui, en fait, j’ai d mal à m’adapter.
Je me suis arrêter pas loin pour les écouter, les larmes aux yeux. Leurs pas m’indiquent qu’ils m’ont suivis et dès qu’ils sont devant, une autre force me soulève pour m’agrippée. Ils me câlinent avec des mots doux avant que je revienne à ma place.
Ma mère me donne un mouchoir et mon père nous proposent de faire du domino, ce que j’accepte. Une fois dans ma chambre, j’ai du temps libre pour essayer d’écrire sur mon carnet quelque mots. J’ai du mal à ne pas trembler ce qui fait que je me relis jamais, c’est illisible.
Cette bulle proposé par la thérapeute est plus un placébo un peu efficace. Des gribouillis plus tard, je ferme le journal et m’en vais dans mon autre fauteuil, faire une sieste. À mon réveil, ma sœur puis le lendemain, Roberto.
Dans la journée, j’ai la surprise de revoir Hélène qui se propose de m’accompagner dans mon deuil en passant au foyer et en fouillant les archives pour retrouver des photos, des notes sur Rosa.
Si c’est une amie d’enfance c’est que ma mère avant de devenir pharmacienne, fournissait au foyer, les repas. Un centre pour orphelins entre une école et un dortoir en attente d’une adoption possible. Enfant, je l’accompagnais souvent.
J’aurais voulu qu’elle soit ma sœur de cœur, seulement, ce n’était pas possible. Enfin, j’ai compris bien plus tard. Mon amie a vécût jusqu’à ses seize ans. D’ailleurs, ce terrible jour, elle m’a poussé à fuir pour elle revenir dans sa chambre. La nuit c’était donc sécurisé.
Le lien se fait avec Adrian, la drogue, la danse. Elle m’avait fait découvrir un cour de danse de rue et en attendant ma mère, on trainait dans le quartier. Adrian nous suivait au début discrètement jusqu’à qu’on l’intègre pour une amitié d’une année intense.
Il voulait accomplir un défis impossible, Rosa ne voulait pas et moi, j’ai insisté. Je radote mais c’est la vérité. Tout planifié, on m’a écouté, nous à l’affût d’un danger, lui, un robin des bois des temps modernes. Sauf que l’argent est devenu du sang.
On jamais su sa mort et c’est pourtant évident. On ne connaissait rien de sa famille et personne nous a posé de questions. On a fumé à sa vie, à son héroïsme qui a foutu un temps, le feu au poudre.
Tout est plus clair, logique et j’ai repris ma danse comme elle, a enfin quitté le foyer pour s’émanciper en étant animatrice dans une école le midi puis voulant être une plume, libre de tout chaine. Pourquoi elle est repassé au quartier ? Pourquoi la police fût complice de la liberté de ce type ?
Certains ont-ils étaient licenciés ? L’heure est au compte, j’ai fais ma part, il faut s’occuper des autres. Je suis prête à l’affronter, je ne laisserais plus me torturer. Puis, je devrais enfin, me demander ce que je voudrais faire plus tard. J’ai reparlé à Roberto, d’avoir un enfant, de me sentir plus en vie, vu que je ne peux plus fouler les parquets…
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