Réponse au défi « C'est le printemps » : Ceci n'est pas un testament
Ceci n’est pas un testament.
Pourquoi ? C’est bien simple : tu m’as tout pris. Le sourire, la joie, les rêves, les autres, tu as tout pompé jusqu’à plus soif et maintenant, il ne reste plus que moi. Une carcasse desséchée, molle et brisée de moi. Je n’ai plus rien à léguer.
Mais pourtant, je ne t’en veux pas. Je suis le seul responsable. Je n’aurais jamais dû te croire, te faire confiance, te laisser m’amadouer comme on dompte un âne avec une carotte et quelques caresses, avant de le rouer de coups de bâton et de le charger d’un fardeau impossible à porter seul.
De ce fardeau, tu t’es délesté. De ce fardeau, tu m’as incombé. Et c’est à mon tour, maintenant, de me délester : je ferai glisser ma chemise sur mes épaules, mon pantalon sur mes hanches, balancerai mes chaussures au loin. Je m’attacherai de nouvelles chaînes aux pieds, mais celles-ci ne seront pas métaphoriques comme les tiennes. Noires, solides, tangibles elles m'entraîneront vers le fond.
Le lac, lui, au contraire, est d’un bleu miroitant.
Non, je ne suis plus en colère, je crois. Quand on est arrivé là, la colère n’a plus d’importance. Seuls, les regrets demeurent.
Ceci n’est pas un testament. C’est une lettre, un dernier mot d’adieu pour toi, pour te dire que… pour te dire quoi, en fait ? Que ce n’était pas ta faute ? Que je ne t’en veux pas, que je peux te pardonner, maintenant que c’est terminé ? Que de toute façon, j’y pensais déjà depuis longtemps ?
Honnêtement… je ne sais pas quoi écrire. Je ne l’ai jamais fait avant. Enfin, si, il y a eu des brouillons, des ratés jetés directement dans la poubelle.
Mais là, c’est différent.
Qu’est-on censé pouvoir laisser, quand on nous a tout pris ?
A
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