Il y a dix ans, j'étais tombé, je m'étais relevé, j'avais l'impression d'être dans un rêve, c'était bizarre. C'était resté toute la journée puis c'était parti. Ce n'est pas très important vu comme ça mais pourtant tout avait changé. J'osais dire des trucs que je n'aurais jamais prononcés avant. J'étais comme libéré. J'avais confiance en moi, grâce à ça, j'ai pu réaliser mon rêve. Je n'avais jamais osé demander à faire du rugby, ce sport qui me passionnait tant. Mes parents m'ont inscrit, j'ai commencé dans l'équipe de mon village.
Un an plus tard, et j'ai passé les sélections pour entrer dans l'équipe départementale. J'ai réussi et je suis même devenu capitaine. Maintenant, je suis joueur professionnel,dans un petit club (4e de pro D2) mais je suis encore jeune et je vise plus haut.

Ce n'est pas la seule chose que m'a apportée ma confiance, je suis devenu plus populaire. Je me rappellerais toute ma vie du jour où après un match, j'ai demandé à Léa, ailière et capitaine de l'équipe féminine, de sortir avec moi. Elle a accepté et on est toujours ensemble.

J'ai réalisé tellement de choses, mais la plus marquante c'était ce jour d'hiver. Dans la cour, il y avait un léger verglas, suffisamment pour que certains s'amusent à glisser sur les parties lisses. J'étais avec Mathéo, mon meilleur ami, quand Thomas est arrivé et a poussé mon ami en déclarant :
-Eh tête à claques, pense à essuyer la buée de tes lunettes !
Toute sa bande s'est aussitôt mise à rire alors je me suis levé et je l'ai provoqué :
-Fais gaffe à ce que tu dis toi.
Thomas qui était bien plus grand que moi se pencha vers ma tête en ricanant :
-Pourquoi ? Tu vas me plaquer minus ?
-Et pourquoi pas.
Sur ces mots, je l'ai attrapé par la taille et lancé par terre, il a glissé sur un bon mètre avant de se cogner sur un poteau. Ça m'a valu deux jours d'exclusion mais, au moins, j'avais vengé mon ami.

Quand je repense à ce que j'ai fait, je me dis : Matt, je crois que tu as réussi ta vie.




-Toujours pareil, demanda le père de Matt en entrant dans sa chambre.
-Oui, ça n'a pas changé, répondit sa mère dans un soupir.
Certes Matt avait changé, il avait grandi, ses cheveux avaient poussé, les traits de son visage avaient été modifié... Mais cela fait maintenant dix ans qu'il est allongé, immobile sur ce lit d'hôpital.