Oh, pourquoi, Alex ? Tout ce que je veux, c'est arranger les choses. Je ne demande qu'à t'aider. Pourquoi me rejettes-tu ainsi ?

Je me relève et sors du bassin où mon camarade vient de me pousser. Me voilà complètement trempée ! Je récupère la feuille de papier qu'il a déchirée et sur laquelle est écrite ma première demande d'amitié. L'encre s'est étalée sous l'effet de l'humidité et les mots que j'ai rédigés sont désormais illisibles, mais je ne jette pas cette feuille pour autant. J'en réunis les morceaux et la glisse dans la poche de ma veste. Puis je ramasse mes affaires et quitte la cour de l'école pour rentrer à la maison.

Sur le chemin, je fais bien attention à tout ce qui m'entoure, surtout au moment de traverser les passages piéton. En effet, comme je n'ai pas l'avantage d'entendre le danger arriver, je dois redoubler de vigilance avec le reste de mes sens.

J'arrive finalement devant l'immeuble sans encombre et entre dans la cage d'escalier pour monter jusqu'au petit appartement que j'occupe avec papa. J'en ouvre la porte et pénètre dans le logement. Il est vide. Je m'y attendais. Depuis que nous avons emménagé ici, papa travaille jusqu'à très tard dans la nuit et lorsqu'il rentre enfin, je suis souvent déjà endormie. Je ne le vois donc presque jamais. De toute façon, j'ai l'habitude. Cela a toujours été comme ça. Il a toujours été pris par son travail, au point de ne plus avoir une minute pour moi. Je ne l'en blâme pas. Je sais qu'il n'a pas d'autre choix s'il veut m'assurer la vie la plus confortable possible, mais j'aurais tant voulu qu'il me consacre un peu plus de temps pour que je me sente moins seule . . .

Je soupire et me dirige vers la salle de bain. J'y ôte mes vêtements trempés avant d'entrer dans la douche. En lavant mes cheveux blonds, je frotte mes tempes, ravivant la douleur du coup que m'a porté Alex. Il me l'a donné après que je lui ai désigné son bleu. Visiblement, il ne souhaite pas en parler. Pourtant, cette blessure est la preuve que ce garçon a des problèmes. C'est sans doute la raison pour laquelle il s'en prend à moi. Il déverse toute sa haine, sa rage et son stress retenus sur moi. Je ne le lui montre jamais parce que je ne veux pas le faire culpabiliser, mais tout ce qu'il me fait subir me fait mal. Je m'en sens encore plus seule et abandonnée. Cependant, je souffre aussi de le savoir si malheureux et c'est la raison pour laquelle je lui ai proposé mon amitité. Cela réglerait nos problèmes à tous deux ou du moins, nous pourrions les affronter ensemble et rendre notre quotidien plus vivable. Seulement, il vient de rejeter cette proposition. Il ne semble pas vouloir de mon amitité et j'en ignore la raison. Et-ce qu'il me déteste ? Je n'en sais rien, mais je le crains bien. En tout cas, c'est tout ce que son comportement à mon égard montre.

Ma gorge se serre et une larme coule sur ma joue. Non, je ne lui en veux pas, mais il n'empêche que cela me fait mal . . .

Une autre larme coule sur ma joue. Je l'essuie aussitôt et prends une grande inspiration pour retrouver mon calme. Il faut que je me maitrise. Je ne dois pas pleurer, ni m'effondrer, mais rester forte et continuer à lui sourire . . .