IV. Plumes noires se cherchant dans le nuage blanc.

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- Il n'empêche, merci de m'avoir défendue.

- Aucun problème. Je n'aurais pas souhaité rester seule face à eux.

- C'est pourtant ce qui m'arrive tous les jours.

- Mais maintenant je suis là, me contredis-t-elle, le sourire aux lèvres.

Je souris. Nous ne disons plus rien. Nous avons fini nos assiettes.

Elle m'observe, et je fais de même. Nous sommes le jour et la nuit sur le plan physique. Cheveux noirs et yeux noirs pour elle, cheveux roux et yeux bleus pour moi. La couleur de mes cheveux m'a souvent valu des moqueries...

- Tu es bien la première personne qui s'intéresse à moi.

- J'en suis ravie.

- Je trouve ça génial de t'avoir rencontrée. Tu sais, personne ne me témoigne la moindre affection, parce que quiconque le fait s'engage à perdre ses amis. Après, ces gens se retournent contre moi et me disent encore d'autres horreurs.

- Tu n'as jamais su te défendre ? Je veux dire... Leur répondre, les mettre devant le problème, leur dire leurs quatre vérités, enfin, je ne sais pas trop... On dirait juste que tu subis...

Je ne sais pas me défendre. Non, je ne le sais pas, et je ne l'ai jamais su. Mes mots, que je manie avec tant d'aisance et de bonheur lorsque j'ai une plume à la main, lorsque mes larmes ne veulent pas sortir, lorsque ma rage et parfois si puissante, ne sortent pas quand je me retrouve face à leur haine et leur amusement.

Je suis incapable de leur cracher ne serait-ce qu'une insulte, pour leur rendre la pareille. Chaque jour, je me dis que cette fois-ci, je me défendrai, je rétorquerai, mais non, le problème persiste et je rentre le soir, désespérée de ma propre faiblesse.

- J'en suis incapable, Merenda. Je perds mes mots devant eux.

J'ai confiance en elle. Je ne sais pas pourquoi. Je sais que je peux lui accorder une confiance que je ne donne habituellement à personne. Je le sens, par instinct. Et mon instinct ne m'a jamais trompée.

- Ça te dit de venir dîner chez moi ce soir ? je lui propose. Ma mère ne s'y opposera pas, elle appréciera un peu de compagnie... Elle se sent seule en ce moment.

Et ça va encore durer, je ne puis m'empêcher de penser.

- Ça me tente. Mes parents me laissent aller où je veux, tant que je ne sors pas de Liniorath.

Nous nous remettons à nous détailler. Les mains de Merenda sont couvertes d'encre noire. C'est une fine écriture que je vois là. Magnifique. Je suis trop loin pour lire quelques lignes, mais on dirait que ses mains font office de papier. À chacun son défouloir, moi je dis...

- Il faudrait peut-être sortir de là ? Ça va bientôt sonner.

- Tu as raison, on y va, dit en souriant ma nouvelle amie.

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