Tes yeux-poignards

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Ah, mais peux-tu imaginer à quel point mon coeur s'enflamme quand tu plonges ton regard dans le mien? Peux-tu sonder les profondeurs de l'enfer dans mes yeux que tu fais pleurer? Tu ris et tu t'enfuis en courant, idiote aux grands yeux condescendants! Tu cours et tu dis que tu ne fuis pas, que TOI, tu es libre! Ta présence amplifie le mal en moi et j'ai envie de briser les murs de ma vie! Ah, pourquoi est-ce que je ressens une telle folie destructrice? Pourquoi ce vertige sanglant dans ma tête? Pourquoi ton regard réussit-il à me blesser à chaque fois qu'il heurte le mien? Ta voix est fade et dénuée de sens! Ne me parle pas, ne me regarde pas! Ah, je te déteste, il fallait que je l'écrive, à défaut de pouvoir te le crier à la figure!

***

Au fait, à quoi cela me servirait-il de te hurler ma haine. Tant d'autres l'ont fait avant moi. C'est précisément la raison pour laquelle tu continues de me harceler. Tu désires reprendre cette puissance, cette confiance en toi que les autres t'ont volée. Tu m'as choisie pour cible parce que je semblais si heureuse, avec mon sourire doux et mon rire chantant. Tu voyais la joie de vivre briller dans mes yeux, dans mon âme.

Mais je ne te laisserai pas me rendre comme toi, entends-tu?

***

Tu étais seule ce matin, sur le banc devant la cafétéria. Et tu ne m'as pas adressé la parole, comme je le souhaitais. Seulement, tu m'as transpercée avec tes yeux-poignards. Pas grave, je suis habituée maintenant. Il y a beaucoup de trous dans mon coeur et nombreux sont ceux qui proviennent de toi.

Lentement, ils se referment, alors que tes plaies à toi, nous savons toutes les deux qu'elles ne guériront jamais. Tu as gravé leur image dans ta chair, à la lame de rasoir, derrière la porte de la salle de bain. Tu m'avais forcée à regarder, tu te souviens? Et les larmes coulaient sur mes joues, parce qu'à l'époque, je ne te détestais pas encore.

Si j'avais su ce que tes blessures intérieures infligeraient à notre amitié, ce jour-là, j'aurais arraché de tes mains de femme-enfant cette foutue lame et je l'aurais brisée en morceaux.

Mais je ne savais pas. Je ne comprenais pas. J'ai compris trop tard, quand tu as commencé à me faire du mal, à moi aussi.

***

Je n'ai plus rien à écrire ni à crier. J'espère retrouver la personne que j'étais avant de te rencontrer, et j'espère ne plus jamais te revoir. Je te demande pardon. J'aurais tort de ne pas le faire. J'avais dit que je serais ton «amie». J'aurais dû savoir que tu ne connaitrais pas le sens de ce mot.

Adieu.

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