Religion

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Corps et esprit de la décadence

Les fins juges ne se trompe pas quand ils parlent de névroses intenses dans l’immaturité des valeurs modernes. Dans la fausse conception du bonheur, de la satisfaction, du repos, il y a toujours le rejet de la nature et de la grandeur. On nie l’âme humaine, on l’éteint et la conserve léthargique dans un symbolisme grossier.

La décadence a toujours existé – et il y avait les même relents nihiliste dans le christianisme des masses anciennes que dans le capitalisme moderne. N’opposons pas l’un et l’autre : ils sont tout deux le spectacle d’une force plus profondes et créatrices qu’eux : la volonté décadente, de lâcheté, de peur. Celle-ci, dans un monde sans état, sans industrie, ni écrans, ni réseau, toujours en conflit contre les sociétés amicales, la solitude, la Nature et le mystique n’a jamais eux les moyens d’aller plus loin dans la négation de la nature humaine : la réalité de l’existence était encore trop évidente à la conscience.

Seul l’invention de la modernité matérielle à pu transformer le christianisme vers quelques choses de plus puissant, présent et permanent – d’aller encore un peu plus vers le totalitarisme. Une mutation possible puisque la décadence repose sur des outils matérielles de domination.

Alors, ce qui démarque notre civilisation de l’histoire, c’est l’abondance de ces outils de domination. Ils ont permis une transformation radicale de l’Homme : la décadence est devenue suffisamment puissante et nécessaire pour que l’existence soit vécue sans spiritualité. Jamais autant les mystiques furent rejetés, les philosophes ignorés, les sciences de l’âme banalisés. Tous les ennemis de la décadence fut détruit. Au point de refuser tout attachement à ce qu’elle croit être la religion : la masse n’a même plus la force de prétendre à l’existence d’une chose plus grande qu’elle, d’une force transcendante.

Le progrès technologique a rendu possible le déclin définitif de l’humanité.

Nature humaine

Mais l’histoire n’est pas une coïncidence : ce n’est pas en vain que les religions ont toujours existé. La logique dans lequel veut se draper la modernité ne doit pas nous aveugler dans l’analyse : l’homme reste un être passionnelle et derrière ses apparences de rationalités, se cache toujours les affects – surtout quand ce sont si nié comme le fait l’homme moderne.

Jamais l’homme est un hasard. Mieux : jamais l’homme est abstraction et l’entièreté de ses positions morales doivent être perçu comme un acte pulsionnel et entièrement personnel – comme un symptôme et non une cause.

Le ressentiment

La masse refuse la religion alors qu’elle fait aujourd’hui face aux même douleurs profondes qu’en tout temps : la peur de la mort et celle de l’absence de sens.

Chaque morale et culture se sont posé comme objet de culte pour, précisément, détourner le regard de ces douleurs-là. Quand un instinct de conservation ne trouve ni sens, ni éternel, il s’organise pour créer un substitut : ou alors l’être meurt – ne reste alors que ceux capable de croire. Le monde d’aujourd’hui est l’enfant de ceux qui ont aujourd’hui et dominé – autant dire les plus lâches.

Nous sommes le produit de dix mille ans de croyance contre la mort et l’absurde. Mais depuis quelques décennies, une autre peur s’impose inévitablement a l’âme, qui ne pouvant l’ignorer, ne peut que le refouler : la fin du monde comme terreur et incompréhension, exactement comme la mort avant elle. Un déni puissant et essentielle si l’être veut perdurer dans sa société et sa “sécurité”. La contradiction entre les sens et la projection provoque un bouleversement dans l’économise de l’âme, et alors arrive au secours – comme outils de l’instinct – le ressentiment et la passion.


Les affres

Ainsi seulement s’explique l’importance des religions, en tant que sauveur d’un triptyque des affres : sens de la vie, immortalité, ordre éternel. Voilà pourquoi les Dieux furent de tout temps nécessaires, ces Dieux vulgaires, ces Dieux des masses sans mystique.

La mort de Dieu, si elle a su abattre un mythe, n’a jamais répondu aux causes : alors les même cause ont produits les même effets et un nouveau Dieu est né : celui de la marchandise et de la science, celui du désir et du nihilisme.

La peur du non-sens de l’existence fut entretenu par le marketing, l’omniprésence de la culture marchande et l’annihilation par le narcotique de l’ensemble des autres satisfactions.

Celui de l’immortalité par la destruction du temps long et du mythe si enfantin et présent en chacun, de la santé éternelle – ou, pour les plus réalistes, comblé par un désir de mort a peine refoulé.

Quand a l’ordre éternel, l’espoir réside dans la foi en la bureaucratie, en la constante de la modernité qui fera face – contre l’univers même – grâce à l’innovation.


Le progrès les sauvera, me disent-ils toujours, mais qui de sain peut les croire ?

La consommation est une religion dans ce sens ou elle apparait pour soigner les même causes. La masse ne fait que chuchoter une même demande depuis que l’homme est société :

”Qu’une morale vienne se mettre entre moi et mes affres. Puisqu’on ne peut faire taire les contradictions alors que ses affres s’expriment d’une autre voix et se meut par un rythme différent de la mort la fin de toute chose – Ainsi seulement nous pourrons les oublier et les nommer autrement !

*

La modernité s’appelle ainsi, car elle se voulait être Homme par-delà l’histoire : mais tout la condamne à être le pire ressentiment que l’homme n’a jamais eu l’audace et le pouvoir de formuler.

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