Le club des marcheurs en chaussettes de laine naturelle
J’ai serré si fort cette corde à balançoire ce jour là… Je l’ai serrée si fort pour me raccrocher à la vie qui me rattrapait. Je sentais son impulsion qui parcourait toutes mes veines et qui venait raviver en moi ce qui était mort depuis longtemps. Le mouvement régulier de cette balançoire et tes mains qui jaillissaient dans mon dos pour créer un mouvement infini, et moi qui m’accrochais, car je n’ai que mes bras pour m’accrocher à la vie…Et à chaque balancement, je sentais la chaleur de ton corps qui se rapprochait puis qui s’éloignait, je sentais le désir qui s’étendait comme un élastique prêt à céder. Mais je ne cédais pas, je voulais que ce moment dure toujours. Je voulais garder en moi la sensation d’apesanteur et les étincelles qui parcouraient mon ventre à chaque descente de la balançoire. Comment as-tu su ? Comment as-tu senti cette carapace qui me pétrifiait tout le corps et qu’il fallait faire craqueler pour en libérer la matière. Pourquoi toi ? Ce jour là j’ai eu l’impression que la vie t’avait mis sur ma route pour ce moment unique. Et toujours cette balançoire qui monte et descend. J’ai laissé ma tête partir en arrière pour faire voler mes cheveux dans les airs et quand la balançoire s’éloignait, tu les effleurais dans tes doigts et moi j’attendais avec impatience ce court instant entre chaque oscillation. A mesure que je me rapprochais mon cœur s’emballait.
Prolonger un temps qui est par essence impermanent…est ce possible pour l’homme ? Je l’ai compris ce jour là, nous ne pouvons que vivre ce qui nous est offert dans l’instant, car toutes les fois où l’âme se sent elle-même, elle prend contact avec son éternité.
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