Chap.1 Adena (part.3-3)

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 Là, le fossile ambulant nous demanda de prendre place face à un bureau d’au moins cent ans son cadet. Ce que nous fîmes, Maman et moi, posant nos fessiers sur de vielles chaises qui ne devaient tenir que par habitude. Des assises aussi confortables et conviviales que le corridor. Des caquetoires assortis à l’écritoire, d’un rouge monotone et plus poussiéreuses encore que le reste de la pièce aux forts relents de moisissures. À n’en point douter, une salle de torture ou un cachot des temps médiévaux, dans lequel avaient été oublier un ou deux cadavres. Peut-être la nonne, qui sait ? Quoi qu’il en fût, une note de gaité y avait été ajouté dans un faux esprit de bienveillance. Un vieux rideau presqu’aussi épais que la largeur de mon avant-bras. Une espèce de tapisserie pour cercueil d’un bordeaux ultra laid qui se mariait à ravir à l’enfer que représentait l’endroit et nous coupait du reste de l’abattoir.

 — Chérie, aurais-tu l’amabilité d’aller attendre dans le couloir ? Nous devons discuter entre grande personne, merci.

 La mort dans l’âme, je quittais la pièce pour me retrouver dans ce long couloir lugubre entièrement boisé, garni de vielles portes qui ne donnaient que sur un seul côté. Là où tout craquetait par intermittence. Comme si le bâtiment tout entier ne tenait que sur des cure-dents prêts à céder à tout instant. Au-dessus de ma tête, une vieille lanterne laissée là en guise de décoration, contenant une bougie aussi desséchée que ma gorge à cet instant. Combien d’individus avaient été pendu à cette chose ? en vins-je à me demander, afin de penser à autre chose que toute cette eau du lac à proximité qui aurait pu m’hydrater.

 Et soudain, l’effroi ! Un malaise qui me statufia et m’enserra la gorge, encore plus je veux dire, lorsque je sentie un regard se posé sur moi. Il me sembla soudain voir les parois se tortillées autour des nœuds de la boiserie, avant de former des vagues qui rétrécirent la largeur du passage. Puis un rire d’enfant se mis à raisonner à l’autre bout du couloir, plongé dès lors dans l’obscurité. Je restais pétrifié. Sans même plus parvenir à tourner la tête ou cligner des yeux. Ma respiration s’était éteinte au même rythme que mon corps. Personne pour m’aider à reprendre vie ou à m’enfuir à toutes jambes. Je restais seule. Immobile durant de longues heures. Ou peut-être minutes.

 Et tout aussi vite que ça avait commencé, le rire s’arrêta et les murs reprirent leur apparence moins vivace. Il me fallut pourtant encore un instant pour retrouver mon souffle et parvenir à me mouvoir en suffisance pour tourner légèrement la tête et jeter un regard attentif à chaque côté du couloir. Le temps de constater que tout était redevenu normal. Tout ? Non ! Sans même m’en rendre compte, j’avais été transportée à travers le couloir. Quelle était la porte derrière laquelle attendait ma mère ? Proche de la fin, ça je m’en souvenais. Mais ce couloir ne semblait plus en possédé, de fin !

 Trop apeurée pour réfléchir, je me décidais à avancer. Au pire, il y avait d’un côté la réception et de l’autre, mon salut, une fois jetée dans les bras de Maman. J’avançais donc, à pas feutré, pour que ni les murs ni la bâtisse ne m’entendent. Instant où une porte non souhaitée s’ouvrit à mon passage sous un long grincement sinistre, Happant, par la même occasion, l’air glacial du corridor, avant de laisser entrevoir une pièce et toute la noirceur qu’elle avait à offrir. Instant de forte anxiété où ma mère en sortie.

 — Adena ? Que t’arrive-t-il ? Tu es aussi blanche qu’un drap neuf. Tu ne te sens pas bien ?

 — Ma... ma, Maman ! Il se passe quelque chose de…

 La vielle dame en noire sortit à son tour de la pièce en me coupant la chique. Je décidais donc de garder la fin pour moi, convaincue qu’elle en savait long sur ce curieux phénomène qu’elle nous avait pourtant caché.

 — Aller, on va aller voir ta sœur, me suggère Maman d’un ton ferme.

 Un brin plus rassurée, j’emboitais le pas des deux adultes, reconquise par l’impatience de retrouver ma jumelle après des mois de séparation. Sans doute pour se conforter sur mon état, ma mère en profita pour tourner la tête et m’observer. Or, je la regardais à mon tour et soulevais brièvement les commissures de mes lèvres pour lui signifier que tout allait bien. Là où un flash rouge, agressif, se refléta à travers ses pupilles à l’instant où elle tournait la tête.

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