Postlude
Autant vous dire que Beathlag Cawen n'a plus jamais embrassé personne. Il en serait bien incapable, de toute façon. Mais je ne crois pas qu'il ressente le besoin d'embrasser qui que ce soit d'autre, ni qu'il en aura jamais l'envie.
Il ne parle plus non plus, mais c'est compréhensible. Difficile de faire les bilabiales sans lèvres. Et si vous ne me croyez pas, il suffit de l'observer quand il boit.
Vous voyez ?
Il soulève son bandana et glisse la chope juste en dessous, pour qu'on ne voie pas son visage mutilé. Mais si vous écoutez attentivement, vous entendrez le bruit de ses dents sur le verre. Plutôt désagréable, comme son, pas vrai ?
Depuis, Beathlag entreprend le même voyage tous les ans, pour rendre visite à Alvin. Pour vous dire la vérité, les hommes ont bien réussi à retirer les corps de la glace, avec quelques pioches, un peu d'huile de coude et beaucoup d'acharnement. Mais Beathlag a insisté pour qu'on laisse Alvin.
Comme il n'avait plus de famille, personne ne s'y est opposé.
Pourquoi ?
Parce que là-bas, Beathlag peut montrer son amour sans honte. Après tout, là où il n'y pas d'Hommes, il n'y a pas besoin de secrets.
Voilà, il me semble que j'en ai terminé pour cette fois. Et je crois bien que je n'aurai pas le temps de vous en raconter une autre aujourd'hui, puisque vous devez partir. J'espère que vous aurez aimé celle-ci.
Mais si vous repassez un jour par ici, je suis toujours enclin à raconter mes histoires à qui veut les entendre.
Mais il y a une chose que je dois vous avouer. Je vous ai un peu menti, tout à l'heure.
Non, rien à voir avec mon récit, rassurez-vous ! Tout ce que je vous ai dit est vrai.
Non, je vous ai menti à propos de cette dernière bière. En fait, j'aimerais bien que vous m'en offriez une autre, si ce n'est pas trop vous demander.
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