Moi : « C’est la dernière fois de l’année.

Elle : - Tu es sûre ?

Moi : - Complètement.

Elle : - On dirait que tu as commencé une cure de désintoxication, ou je me trompe ?

Moi : - Ouais, non… Ce n’est qu’une des nombreuses dernières fois. En fait, je pourrais dire ça à chaque confinement, ou chaque fin d’année.

Elle : - Je pourrais savoir comment ça t’est venu ?

Moi : - Hhhh… ça vient de loin. J’ai commencé quand j’étais étudiante.

Elle : - Tu n’as pas arrêté depuis ?

Moi : - Oh si. Il y eu des périodes d’arrêt, et parfois même très longues.

Elle : - Qu’est-ce qui t’a fait replonger, alors ?

Moi : - Sait-on jamais pourquoi on replonge ?… Pendant longtemps, j’ai eu peur de paraître un peu trop bizarre, ou un truc comme ça. Donc je faisais ça en cachette. En même temps, c’était un peu mon geste de rébellion. Aujourd’hui, je le fais soit par plaisir, parce que je me sens bien, soit par contrariété, pour reprendre ma respiration. Quand je peux faire ce que je veux, où je ne suis pas dans le devoir. Dans des moments qui m’appartiennent.

Elle : - En plus, tu ne peux même pas compenser avec ton activité physique préférée.

Moi : - Ça n’a pas grand-chose à voir…

Elle : - Ça pourrait t’aider à tenir le coup, d’aller à la piscine.

Moi : - Ne remue pas le couteau dans la plaie…

Elle : - Tu as pensé à l’hypnose ? Il paraît que c’est une des méthodes qui marche le mieux. Tu crois que c’est remboursé ?

Moi : - C’est une bonne question. Si ce machin-là était remboursé par la Sécu, ça voudrait dire que le gouvernement hypnotise ses citoyens. Mais ho ! J’en suis pas là, tout de même ! Dans mon cas, le seul intérêt d’arrêter, ce serait de me la raconter, genre "ouais, c’est surtout une question de volonté…"

Elle : - Tu peux te dire aussi que si tu tiens le coup, ton karma va s’équilibrer et a priori, tu pourras aller au paradis si tu fais pas trop la conne.

Moi : - Je n’y crois pas un seul instant. Et puis zut, ce n’est pas parce que j’ai dit que c’est la dernière fois de l’année que j’ai dit que j’allais arrêter ! Ou même que je le voulais !

Elle : - Ho, calme-toi.

Moi : - Et pis d’abord, il y a bien pire dans la vie ! Il y a de vraies fautes de goût, par exemple !

Elle : - Ah ouais ?

Moi : - Ouais. Par exemple, trouver que Patricia Kaas, c’est vachement bien ! Ou bien tenter un camaïeu lavande – vert d’eau pour s’habiller. Les mélanges de pastel, ça ne marche pas ! Moi, j’ai juste une addiction un peu spéciale, pas un mauvais goût.

Elle : - Bon allez, je te laisse profiter. Je comprends qu’il ne faut pas trop te gâcher ton petit plaisir.

Moi : - Ouais, le dernier cimetière militaire de l’année… »