Moi : « Non, c’est pas moi !

Elle : - Viens ici !

Moi : - Mais pourquoi faire ? Je peux rester là où je suis, hein ?

Elle : - Tu peux t’approcher, quand même ?

Moi : - Non.

Elle : - Tu veux pas entendre ce que nous avons à te dire ?

Grande Sœur : - Grumph… Merci de ne pas m’associer à tes revendications. Réglez vos problèmes entre vous et laissez-moi dormir tranquillement.

Moi : - Qu’est-ce que je dois entendre ? Tes grognements ? De toute façon, je ne suis responsable de rien ! Je suis innocente ! IN-NO-CENTE !

Elle : - Dis-moi si tu as osé sortir la formule magique depuis hier !

Moi : - Mais y a pas de formule magique, voyons !

Elle : - SI ! Il suffit que tu souhaites une bonne année à quelqu’un pour que le malheur s’abatte sur le monde entier !

Moi : - Mais non ! Tout le monde se souhaite une bonne année tous les ans, je ne suis pas la seule à formuler des vœux ! Et ce qui s’est passé en 2020 n’a rien à voir avec ce que j’ai pu dire il y a un an ! C’étaient des vœux non contractuels !

Elle : - Trop de "bonne année bonne santé" tuent ET l’année ET la santé ! M’est avis que t’y es allée trop fort en janvier dernier !

Moi : - Il n’y a pas de formule magique, Pollinette. Je te jure. Cela dit, on pourrait intenter un procès pour publicité mensongère à tous ceux qui nous ont souhaité il y a un an prospérité, amour et bonheur… Non, en fait, la seule chose qui pourrait vraiment nous porter malheur, c’est ce que les Chinois ont mangé durant la période des fêtes. Là, je crois qu’on a tout intérêt à se renseigner sur les plats qui ont fait fureur du côté de Pékin pour la fin 2020 (que ce soit une cassolette de panda forestière, une gigolette de caniche en sauce, un vol-au-vent aux canaris à l’étouffée ou une gelée de rhinocéros blanc déglacée au vieux marc), comme ça on aura une petite idée de ce qui nous attend en 2021.

Elle : - Eh bien ça, si ça fout pas les jetons !!!

Moi : - Ou alors, que voudrais-tu ? Que je te souhaite un 2021 vraiment pourrave afin que tu sois rassurée ?

Elle : - Ouais, ça pourrait peut-être marcher.

Moi : - Bon, ben, dans ce cas… Je ne te souhaite pas une bonne année. Si je te souhaitais une bonne année, là, maintenant, cela supposerait que je crois que ta vie pourrait changer de façon subite, voire miraculeuse. Or l’expérience m’a appris qu’il n’en est rien. Il ne se passe généralement pas grand-chose entre décembre et janvier, pas de coup de baguette magique, pas de prodige lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Il n’y a donc pas de grande révolution du jour au lendemain. De toute façon, si tu veux vivre une "bonne année", ce n’est pas avec mes vœux que ça va se faire. Il n’y a pas ou peu de hasards dans la vie. Une action entraîne une réaction, et ainsi de suite. Par conséquent, si tu n’as fait aucune action, rien commencé en 2020, tu connais déjà le résultat. Après avoir fait des mois de quasi surplace, tu peux d’ores et déjà pressentir que 2021 n’aura rien d’une course folle.

Elle : - Hein ? Tu me fais quoi, là ?

Moi : - Je te dis les choses telles qu’elles sont, p’tite tête. Trop souvent, les gens sont dans le déni de réalité et oublient de regarder la vérité en face… Mais je te souhaite aussi d’avoir à supporter l’incompréhension des autres qui signifie que tu es arrivée à un stade où tu peux faire ce que tu désires réellement, et que cela t’aiguillonne pour que dans un an, les graines de 2022 soient déjà plantées. Je te souhaite de plonger sans peur dans cette question angoissante de ce que l’on peut faire de sa vie comme dans un bain brûlant, parce que ce n’est qu’ainsi qu’on risque d’apprendre des choses. C’est aussi pour ça que j’existe et que je suis ta meilleure amie.

Elle : - Tu viens de parler de bain ! Oooooh, est-ce que ça veut dire… ?

Moi (laissant échapper un soupir) : - Heu, non. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. En fait, je ne crois pas que ce soit possible qu’on revive exactement la même année. Mais – et tu devrais méditer là-dessus – certaines choses ne changent en fait JAMAIS… » »