26 février 2021 (Happiness therapy)

4 minutes de lecture

Moi : « Surtout ne lâche rien ! Visualise ton objectif, tu es une voiture indestructible, indomptable et compétitive !

Elle : - C’est tout ?

Moi : - Vide ton esprit, sois informe comme l’eau. Si tu mets de l’eau dans une tasse, elle devient la tasse. Si tu mets de l’eau dans une carafe, elle devient la carafe. Tu la mets dans une théière, elle devient la théière.

Elle : - Si l’eau s’écrase sur pare-brise, elle devient le pare-brise ? Rheu, je n’y avais jamais pensé.

Moi : - L’eau peut couler ou peut s’écraser. Donc sois de l’eau, mon amie.

Elle : - Mmm. C’est un peu court, comme coaching. J’attendais mieux.

Moi : - Un instant. (Me saisissant de mon smartphone) Ah, ça m’a l’air pas mal, ça. (Lisant) "Le premier des choix à faire est le suivant : souhaite-t-on un résultat tout de suite ou à long terme ? Ensuite, il faut garder à l’esprit que nous avons tous un métabolisme différent."

Elle : - Ouais. C’est ce qu’on appelle enfoncer une portière ouverte.

Moi : - "Votre valeur ne se situe pas dans votre capacité à épater les autres."

Elle : - …

Moi : - "Voici à présent les astuces pour ne plus perdre sa motivation. Un, votre objectif doit être spécifique. Voici quelques exemples : monter les escaliers sans être essoufflé, courir un marathon, rentrer dans un pantalon, etc."

Elle : - Eh mais qu’est-ce que c’est ces sornettes ?

Moi : - Oh, pardon. C’est un site de coaching sportif.

Elle : - T’es pas fichue de trouver quelque chose sur le bien-être ?

Moi : - Sur le bien-être des voitures, non.

Elle : - C’est en ça que Zeup était utile. En tant que Peugeot, elle comprenait bien la problématique automobile. Elle savait appréhender notre sensibilité.

Moi : - Ah, voilà qui a l’air bien : "Soyez le chorégraphe de votre bien-être. Reboostez votre vitalité, soulagez certains de vos maux et réapprivoisez la détente grâce à… la balnéothérapie." Pff, non, ça va pas du tout. Tous ces sites, là, ils cherchent tous à te vendre quelque chose : des cours payants, des appareils, des baignoires, des jacuzzis…

Elle : - Tu peux pas trouver mieux ?

Moi : - Heu, ben, attends…

Elle : - Non mais comme thérapeute, tu vaux rien, hein. Comme coach, tu vaux rien non plus. Pour résumer : t’es bonne en quoi ?

Moi : - Bah, en cherchant bien… Par exemple, j’ai jamais essayé gérante de casse auto, mais je me sens tout à coup des aptitudes. Et puis zut, juge-moi sur mon métier, pas sur des activités où le premier venu peut s’autoproclamer spécialiste, pour peu qu’il ait assez d’aplomb. Ton ancienne voisine Zeup, elle était bien gentille, mais elle avait quoi, comme qualifications ?

Elle : - Mais elle, c’est pas pareil, elle nous apportait son expérience d’auto de la cité.

Moi : - Et ça te servait à quelque chose ?

Elle : - Heueueu, on se parlait, on s’encourageait, on était dans l’échange… D’ailleurs, tu devrais essayer, je te sens un rien nouée, là, en ce moment. Je crois que je ne suis pas la seule à avoir besoin de parler.

Moi : - Oh mais moi ça va, et puis quand bien même ça n’irait pas, j'ai d’autres dérivatifs.

Elle : - Comme quoi ?

Moi : - J’écris beaucoup. Ça me soutient le moral.

Elle : - T’écris quoi ?

Moi : - Suite à notre dernière virée dans le froid, je suis en train de rédiger un article sur la taille des fosses communes durant la Première Guerre mondiale. Figure-toi que selon les pays, elles n’étaient pas réglementées de la même manière.

Elle : - Voilà qui est passionnant. Et t’écris ça pour qui ?

Moi : - J’ai une page Facebook sur le sujet où je publie mes photos et le résultat de mes petites recherches.

Elle : - Et ça intéresse quelqu’un, ça ?

Moi : - Une centaine de personnes, oui.

Elle : - C’est l’éclate totale, à ce que je vois ! T’as rien d’autre que la Première Guerre mondiale pour te divertir ?

Moi : - Je m’amuse parfois en classe. Mon boulot n’est pas des plus austère, tu sais.

Elle : - Ah oui, j’me souviens, les trucs que tu fais avec une ramette de papier...

Moi : - Pas seulement. Tu te rappelles que j’ai un élève sourd ?

Elle : - Oui. Il ne doit pas beaucoup te changer des élèves qui ne t’écoutent pas…

Moi : - Depuis quelques semaines, une interprète en langue des signes m’accompagne dans mes cours d’anglais du lundi et du mercredi pour que mon élève sourd puisse suivre comme ses camarades de classe. Je lui fais parfois des niches.

Elle : - Ah bon ?

Moi : - Par exemple, l’autre jour, pour expliquer quand on ne doit pas utiliser d’article en anglais, j’avais une phrase qui parlait des chiens. Et quand on parle d’une espèce animale en général, on ne met pas d’article devant le nom en anglais. J’ai eu l’idée de remplacer les chiens par des ratons-laveurs, parce que j’étais curieuse de savoir comment on disait "raton-laveur" en langue des signes.

Elle : - Encore un de tes menus plaisirs, quoi. Et alors, ça donne quoi en langue des signes ?

Moi : - J’en sais rien, la dame ignorait comment signer "raton-laveur". Elle ne voyait même pas ce que c’était. Il a fallu que je lui explique que c’est un petit animal qui lave sa nourriture avant de la manger.

Elle : - Sans blague ? Y a des animaux qui font ça ? Et ils lavent les voitures aussi ?

Moi : - Nan. Y a que les éléphants qui font ça. Et pas de bol, la savane de Marcq-en-Barœul n’en regorge pas.

Elle : - Et merde ! Encore raté ! »

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