Projet Bradbury : un nouveau départ

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Cela faisait plusieurs mois que le FBI surveillait cette secte mais sans avoir trouvé le moindre indice leur permettant de comprendre ce qui se tramait à l'intérieur.

Tout avait commencé par des familles qui avaient fait des signalements auprès des autorités suite à la disparition de leurs proches, tous majeurs. Aussi au début, personne ne fit vraiment le rapprochement.

Ces personnes, sans rien dire à leur famille ou à leurs proches, s'étaient volatilisées du jour au lendemain sans donner signe de vie. Leur compte à banque n'avait pas été vidé, ni débité depuis leur disparition. Dans la maison ou l'appartement, rien n'avait été emporté, les vêtements étaient à leur place, on retrouva même chez une famille la table mise, comme s'ils avaient du partir précipitamment, laissant tout derrière eux.

Par la suite, après étude des documents retrouvés chez eux, il ressortit que tous avaient fait un séjour dans un groupe de relaxation appelé "Nouvel Espoir".

Mais après avoir perquisitionné, ils n'avaient rien trouvé de compromettant. Pourtant Jack Sullivan, le responsable du FBI en charge de l'enquête, était persuadé d'être face à une secte. Le mode opératoire correspondait assez bien.

Aussi, il fut décidé d'intégrer ce groupe lors d'un nouveau recrutement organisé en mai. Ils étaient cinq en tout, ses meilleurs agents : Thomas Patterson, Erin Wales, Joshua Person, Marc Horst et lui-même. Par chance, ils ne s'étaient pas montrés lors des perquisitions.

Le premier jour, des petits entretiens individuels eurent lieu et Jack comprit qu'il avait vu juste. Ils recherchaient en priorité des personnes sans attache, seul, prêt à recommencer une nouvelle vie. Il avait briefé ses coéquipiers quant à cette éventualité et ils purent ainsi se retrouver dans le même groupe.

Ce qui le surprit le plus, c'est qu'à aucun moment on ne leur demanda de l'argent, pas une seule fois cette question fut évoquée. On leur avait proposé, vu leur profil, d'intégrer un camp de vacances, où relaxation et écologie étaient le maître mot. Ils avaient bien sûr tous accepté.

Ils furent tous contactés une semaine après, leur précisant qu'il n'avait le droit de ne rien emmener avec eux, que tout leur serait fourni une fois sur place, afin de préserver la quiétude et la sérénité des lieux.

On leur donna rendez-vous à deux heures du matin, dans le parking des locaux du groupe. Jack n'en revenait toujours pas que des personnes puissent croire de telles balivernes mais la plupart n'avait rien à perdre, n'avait même plus rien du tout.

Un grand bus les attendait et des personnes du centre les accueillirent, tous de blanc vêtu mais avec un air assez grave, qui ne leur étaient pas coutumiers. Même le chef du groupe semblait inquiet et ne cessait de jeter de fréquents coups d’œil à sa montre. Ils les firent monter dans le bus, tandis que Jack mettait en route son localisateur. Une équipe était aussi en charge de les suivre par sécurité. Il sentait venir le suicide collectif à plein nez même s'il ne comprenait pas vraiment le but de la manœuvre. Si ce n'était pas pour récolter de l'argent, pourquoi faisaient-ils disparaître les gens? et des familles entières en plus ?

De toute façon, ils seraient fixés d'ici peu. Le bus démarra dans la nuit pour une destination inconnue. Dans le rétroviseur du chauffeur, Jack apercevait par moment la voiture qui les suivait. Rassuré, il s'installa confortablement dans son siège, faisant signe aux autres discrètement que tout se passait conformément au plan. Mais en cela, il allait avoir une très mauvaise surprise.

Le bus, après avoir tourné plusieurs fois en ville, pour recueillir d'autres personnes directement à leur domicile, emprunta le tunnel qui permettait de sortir de la ville. A la sortie du tunnel, ils virent la voiture de filature partir à toute vitesse devant eux. Ne comprenant pas ; Jack essaya de les contacter à l'aide de son téléphone mais celui-ci ne captait aucun réseau. Un brouilleur devait se trouver dans le bus. Il vit la voiture s'éloigner puis disparaître. Ils étaient seuls à présent.

C'est lorsqu'ils passèrent devant la vitrine d'un restaurant qu'il comprit. Le bus avait changé d'apparence. Au départ, c'était un simple car d'école, jaune. A présent, c'était un bus de grand standing, avec pour logo « New Hope », rouge avec les vitres teintées. Comment cela était-il possible ? Il vit que ses collègues étaient aussi étonnés que lui.

Ils roulèrent ainsi pendant des heures, se retrouvant dans le désert. Ils furent rejoints par deux autres bus, avec le même logo. Que se passait-il ?

Au loin, il aperçut alors ce qui pouvait être le camp soit- disant de vacances. Une grande bâtisse à l'entrée sécurisée par des gardes et des barbelés. Mais où étaient-ils tombés ? Il remarqua que les autres personnes se posaient aussi de nombreuses questions.

Mais ce qu'il aperçut en franchissant les murs le laissa littéralement sans voix. Ce n'était pas un camp de vacances, ce n'était pas une secte.

Ce qu'il voyait était un immense aéroport à ciel ouvert, non pas un aéroport, comment pouvait-il le nommer ? De nombreuses navettes s'élevaient dans le ciel pour rejoindre un immense vaisseau spatial en orbite. Tous observaient ce spectacle sidérant. Mais leurs yeux ne les trompaient pas. De nombreuses personnes embarquaient, beaucoup de familles avec des enfants. Il aperçut aussi une navette où des gens embarquaient de grosses caisses, il vit passer des statues, et même certains animaux. C'était absolument irréel, complètement sidérant.

Le bus s'arrêta et une jeune femme se leva :

« Bienvenue dans votre nouvelle vie. Nous allons d'ici peu embarquer dans une de ces navettes pour rejoindre le vaisseau intergalactique situé en orbite autour de la Terre pour rejoindre une nouvelle planète baptisé « New Hope ».

D'ici peu et malheureusement plus vite que nous le pensions, le soleil va s'embraser et lancer une impulsion électro magnétique d'une telle puissance que la Terre va griller en quelques secondes seulement. La Terre elle-même ainsi que ses planètes voisines n'existeront plus.

Les nombreuses histoires d'extraterrestre étaient vrais. De nombreux humains furent enlevés par une civilisation sur le point de s'éteindre et soucieuse de transmettre leur histoire et leur technologie. Lorsque nous avons su que la Terre était condamné, nous avons décidé de revenir pour sauver le plus de personnes possibles, des gens qui en valaient la peine car nous vivons en paix et en harmonie. Nous devons préserver notre monde de votre violence.

Nous avons donc créé cette communauté. Pendant que nous avions encore le temps, nous avons expliqué aux personnes ce dont il retournait et tous acceptèrent de partir.

Nous ne vous avons pas trop laissé le choix ce coup-ci, je l'avoue, car le temps nous est compté.

Vous êtes en droit de ne pas nous croire mais je sais par expérience que la vision du vaisseau l'emporte à chaque fois sur vos vieilles croyances.

Vous pouvez repartir si vous le désirez. C'est votre droit. Le chauffeur ici présent vous ramènera auprès de la gare la plus proche. Maintenant pour ceux qui veulent partir, je vous donne votre laissez passer que vous devez conserver avec vous, quoiqu'il arrive. C'est votre billet pour une nouvelle vie. »

Jack se leva et rejoignit ses collègues, tous indécis. Les autres personnes descendaient du bus, en prenant leur carte d'embarquement.

« Vous pouvez repartir si vous le désirez et rejoindre vos familles. Je pars, je n'ai plus rien. Vous avez le choix mais j'espère que vous avez compris qu'il n'y aura pas de retour en arrière, dit Jack, les yeux émerveillés»

«  Nous l'aurions quand même su si nous étions condamné, s'étonna Erin.

«  Non, répliqua Thomas, non, le gouvernement n'aurait rien dit pour éviter les mouvements de panique. Ils vont se protéger et ne rien révéler jusqu'au bout. C'est leur politique. Écoutez, vous savez que je suis le meilleur des hackeurs et en farfouillant sur internet et certaines organisations internationales, j'ai découvert il y a deux jours que certains politiques, milliardaires, scientifiques renommés sont partis de chez eux pour rejoindre une base souterraine en antarctique. Au début, je trouvais cela étrange mais maintenant je comprends mieux. Ils savaient »

Après cinq minutes, le peu qu'on leur accordait, ils décidèrent de partir. Certains envoyèrent un dernier message à leurs proches, sans rien révéler, le cœur lourd et malheureux.

La jeune femme leur adressa un triste sourire et les emmena sur le quai d'embarquement.

Le trajet en navette se déroula en quelques minutes comme un simple trajet en avion, pas de sensation de gravité. Jack ne pouvait détacher son regard de ce sol qui s'éloignait de plus en plus.

Une fois sur le vaisseau, ils étaient les derniers à partir, ils virent le camp disparaître dans une grande explosion, ne laissant qu'un immense cratère de gravats.

La jeune femme se rapprocha d'eux :

« Nous allons partir. Nous devons être loin pour éviter d'être touchés par l'onde de choc de l'impulsion electro-magnétique. C'est la dernière fois que nous voyons notre Terre. Il est si étrange de lui dire adieu. C'est elle qui nous a fait naître, nous a donné la vie. Et en quelques secondes, tout va disparaître. Adieu, mère chérie et repose en paix. »

Des panneaux protecteurs se déployèrent alors sur les grandes vitres, refermant peu à peu la dernière vision de la Terre. Jusqu'au bout, Jack regarda, il ne voulait pas oublier, pour que cette dernière vision reste à jamais gravée dans sa mémoire.

Il sentit une secousse lorsque le vaisseau se mit en route pour sa nouvelle destination.

Il n'arrivait pas encore à réaliser, qu'il venait de quitter à jamais son berceau pour une aventure à laquelle il n'était même pas préparé.

Le commandant adressa un message aux passagers pour qu'ils le rejoignent dans la salle de réunion et leur révéler les détails de leur nouvelle aventure, de leur nouveau départ.

Et vous qu'auriez-vous fait à leur place ? Auriez-vous pu tout abandonner derrière vous pour un nouveau départ ?







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