Double peine

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Bon, apparemment, l'air du temps est à la défense de l'IVG, et un argument revient en boucle, l'alpha et l'omega de la rhétorique pro IVG: Les femmes en cas de viol...
Et le second, juste derrière: être pro IVG, c'est être pro-choix (en opposition aux pro-vie, pour transposer un anglicisme).
Je vais vous la donner, la vérité de ce qui se passe en France, pour les femmes violées qui tombent enceintes.
Si l'infortunée veut bien avorter, tout va bien ( façon de parler , bien entendu), tout le monde va pleurer avec elle, on fait sauter l'enfant, et tout est bien vite oublié dans le meilleur des mondes.
Mais si par malheur elle veut le garder... tout le monde va lui tomber dessus, car en France, c'est totalement inacceptable de vouloir garder l'enfant, et tout le monde va y aller de son invective, avec un air faussement navré. "C'est un enfant de viol, tu vas pas garder un enfant de viol, hein ?".

Merci de répéter le mot en boucle, ça aide à aller de l'avant, au passage.

Même hors de ce cas de figure, la solution est toujours simple avec eux et leur dogme, c'est le seul réconfort dont ils sont capables dans bien des cas, ou alors ça conditionne leur bienveillance, c'est selon :

- trop jeune : avortement !

- pas de diplôme : avortement !

- pas de papa ( dans ce cas, d'ailleurs, c'est particulièrement sympathique de faire valoir cette circonstance, admirez le tact !) : avortement, bien sûr !

Manque de bol si elle détient comme moi la combinaison gagnante.

" T'es inconsciente, t'auras plus de vie ! Comment tu vas faire ? Comment tu vas faire, hein ?"

Voilà ce qu'on lui martèlera ad nauseam, parents, amis, famille, planning soi-disant familial.
Aucune issue que l'avortement car si elle s'y refuse, c'est elle qui deviendra le monstre, c'est elle qu'on regardera de travers... après tout, elle l'a peut-être cherché aussi.
On pourra évidemment compter sur ces mêmes personnes indélicates pour pourrir la vie de l'enfant avec des sous-entendus pleins de fiel, s'il a la chance de voir le jour.


Mais là, je suis mauvaise langue. En réalité, je n'ai même pas eu la chance d'arriver jusque là, parce qu'après avoir subi un harcèlement continu qui m'a rendue malade, j'ai fini par le perdre.
Tous ces hypocrites qui avaient peur que mon opprobre leur rejaillisse dessus ont sabré le champagne, parce qu'au fond " ça vaut mieux pour toi quand même", "et c'était qu'un tas de chair, en fait ".


Seule contre tous, j'ai été, par ce que j'ai considéré que cet être n'avait rien fait, lui, et avait aussi droit à l'amour. Oui, je l'aimais déjà, dès le moment où je l'ai vu à l'échographie. J'aurais essayé de lui construire une belle vie ( je sais, je vais à contre-courant de tous les experts du Web qui ont décrété qu'il aurait forcément une vie de merde).
Seule, je suis restée, avec mon chagrin.
Il s'est bien trompé, ce troupeau atteint de psittacisme, parce que pendant un moment, je n'ai plus eu de vie.


Alors arrêtez d'invoquer le viol, arrêtez d'invoquer le choix, parce qu'en fait il n'y en a strictement aucun en France.

Enfin, si.
La mort de l'enfant ou la mort sociale.

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