CM2, fin de l'année scolaire. Je serai au collège l'année prochaine. Discussion avec Gwladys et Kablan.

Gwladys : Papa m'a dit que je serai une bonne infirmière.

Kablan : Génial Gwladys, ton papa a certainement raison. Moi je serai pilote quand je serai grand. Et toi Zari ?

La question de Kablan fait un écho dans ma tête. Je ne sens pas la minute s’écouler.

- Et toi Zari, reprend Kablan ?

- Moi ?

Kablan : Oui toi… J’expire un grand coup et je laisse éclater :

« Je veux être écrivain… ».

Cette fois je sens le temps s’immobiliser. Va ! Passe le temps ! Me répétai-je.

« Tu te rends compte que tu viens juste d'avoir ton entrée en 6ème ? En plus pour être écrivain il faut être vieux et porter des lunettes moches », me lance Gwladys. Ça y est, ils ont fini par le découvrir : je suis naïf et tous leurs gestes me le répètent avec insistance. C’est à moi de me gronder (dans ma tête bien sûr) : « Écrivain ? Écrivain ! Écrivain … » Le seul mot était un blâme, une force et … quelque chose d’autre, de bizarre, comme un sentiment nouveau que personne n’a encore ressenti, qui n’a donc pas de nom.

Des mois sont passés et avec eux des années. Je suis à l'Université, en littérature. Je ne suis pas encore écrivain (je le suis peut-être pour Kablan et Gwladys). Et ce même sentiment demeure. Parfois il me semble être la plus grande force du monde, alors je me lève même la nuit, je saisis une feuille, un stylo et j’écris, j’écris… Parfois ce sentiment semble me crier que je suis le plus naïf du monde et je sors (même la nuit), je me cache et je pleure.