1 - Succube et présentation
Louise venait juste de lancer le premier épisode de magical lyrical nanoha en haute définition. Vicky était partie et ne devrait pas revenir avant très tard le soir. Demain, les seuls cours qu’avait Louise à l’université était étude des êtres extra-planaire à quinze heures. Elle avait donc largement le temps pour une petite grasse matinée.
Les chips dans un bol, les carottes coupées en petits bouts dans un autre, la bouteille de punch maison remplie, la couverture à portée de bras, un pyjama confortable, et, l'ingrédient final, une tourelle de Portal en peluche. Tout était prêt pour une soirée magical girl !
Après avoir une dernière fois vérifié sa check-list, Louise s'étala enfin dans le canapé, satisfaite. La souris à la main, elle dirigea le pointeur vers le symbole lecture et…
Trois coups à la porte. Ce soir ? Elle n'attendait personne et Vicky ne se donnerait pas la peine de frapper. Un voisin alors ? Furieuse, Louise maudit trois fois Odin, Dieu et Bouddha avant d'aller jeter un œil au judas.
— Excusez-moi, c'est bien ici l'appartement de Victoria Strong et Louise St Germain ?
Louise hésita un moment. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, est ce qu'il était arrivé quelque chose à Vicky ? Elle se dépêcha d'enlever les verrous de la porte. Ses mains tremblaient alors que son imagination s'amusait à lui envoyer les pires images et scénarios possibles.
— Louuuulouuu! T'es pas là ?
La voix passablement éméchée de Vicky lui parvint de derrière la porte. Quand enfin le dernier verrou voulu bien céder, la porte s'ouvrit sur Victoria, un bras autour du cou d'une femme qui semblait la soutenir avec difficulté. Louise resta quelques instants bouche-bée à contempler la nouvelle venue. Elle était fascinante. Au-delà de sa beauté, il y avait quelque chose dans son corps, dans sa façon qu'elle avait de se tenir, le mouvement de ses cheveux blonds, le brillant de ses yeux bleus. Il y avait définitivement quelque chose dans cette fille qui empêchait Louise de détourner son regard.
— Je suis désolée, mais un peu d'aide, si tu veux bien ? demanda l'inconnue, à bout de souffle mais souriante.
Réveillée de son agréable rêve, Louise sursauta légèrement et cligna des yeux avant de passer l'un des bras de Victoria autour de son cou.
— Par ici, sa chambre est la première à gauche.
Bien que toutes les deux plus petites que Victoria d'une bonne tête, elles réussirent à la traîner jusqu'à son lit. Victoria finalement bordée et endormie, une bassine au pied du lit et une bouteille d'eau sur la table de chevet, les deux filles rejoignirent le salon, où elles s'écroulèrent sur le canapé. Louise proposa à la nouvelle venue un verre de punch qui accepta avec gratitude la boisson fraîche. Puis un silence un peu gênant s'installa.
— Tu ne serais pas à la fac de psycho, près des quais? demanda la nouvelle venue.
Contente de trouver un sujet de discussion et aussi curieuse d'en savoir plus sur son invitée, Louise répondit avec enthousiasme.
— Si, je suis en première année.
— Ah, je vois. Tu es la fille au manteau rouge et en uniforme. Celle qui n'arrête pas de reprendre monsieur Douillard pendant ses cours, n'est-ce pas?
Avant d'être à l'université, Louise avait étudié dans un lycée catholique privé où l'uniforme était encore de rigueur. Cela ne l'avait jamais dérangé et elle avait gardé l'habitude d'aller en cours avec une chemise blanche, une petite cravate et une jupe bleue marine. Quant à monsieur Douillard, Louise ne l'avait jamais aimé. Peu rigoureux et aussi intéressant qu'une poignée de porte.
— J'aime beaucoup ta tenue en temps normal, mais je dois avouer que ton pyjama est aussi super mignon.
La remarque était sincère, Louise rougit. Elle murmura un timide “merci” avant de se replonger dans son verre de punch.
— Au fait, je m'appelle Susie. Susie Tabitha.
Au bout de la main tendue de Susie, des yeux bleu turquoise éclairaient le visage encadré d'or de la jeune fille. Le cœur de Louise battait la chamade. Un peu tardivement, elle saisit la main offerte. Et au moment où leurs deux mains se touchèrent, Louise remarqua enfin les deux cornes qui perçaient la chevelure blonde et quand un mouvement attira son œil, elle vit une longue queue noire se balancer de gauche à droite en bas du canapé. Avec un sourire dont les canines bien plus grandes dépassaient les autres dents, elle ajouta d'une voix enjouée :
— Les cornes ? Je suis une extra-planaire, tu n'avais pas remarqué ?
Non, Louise n'avait pas remarqué. Les extra-planaires n’étaient plus si rares aujourd'hui, alors, pourquoi Louise ne pouvait s'empêcher de quitter des yeux la créature ? Elle se força à répondre, le plus stoïquement possible.
— Si, bien sûr. C'est juste, que Vicky ne m'a jamais parlé de toi. C'est un peu soudain.
— Oui, désolé pour cela. La soirée était un peu trop arrosée et Vicky ne tient pas tellement l'alcool. On n'a même pas pu terminer la partie.
— La partie ?
— De donjon et dragon. Je joue un paladin et Vicky une roublarde.
Le rôle lui allait bien. Vicky ne lui parlait jamais de ses parties, elle l'avait pourtant traînée à l'une d'elle, mais Louise s'était montrée piètre joueuse. Peu imaginative, elle s'était contentée de suivre le mouvement et une fois la séance terminée elle n'avait jamais renouvelé l'expérience. Et quand est-ce que Susie s'était autant rapprochée?
La jeune fille blonde s'était avancée jusqu'au milieu du canapé. Elle était à quatre pattes, un sourire carnassier sur le visage. Il y avait dans sa posture quelque chose de sensuel et de diablement attirant. Pourtant, ce n'est pas Louise qu'elle regardait, mais la peluche dans ses mains.
— Une peluche de la tourelle de Portal! Elle est trop mignonne ! Je peux la caresser ?
Louise chassa de son esprit toutes les idées que le mot "caresser" avait fait naître et tendit sans un mot la peluche à l'extra-planaire qui s'en empara et la serra contre elle. Louise déglutit en voyant la peluche s'enfoncer dans l'ample poitrine. Elle sentit de nouveau une bouffée de chaleur et s'efforça de songer à autre chose. Tâche rendue compliquée par Susie qui avait posé sa main sur le front de Louise.
— Est-ce que ça va ? Tu es toute rouge.
La main descendit lentement le long de sa joue, agréable et fraîche. Concentrée sur l'avalanche d'émotions et de sentiments qui se battaient dans son esprit, Louise était incapable de répondre. Elle ne comprenait pas. Elle n'avait jamais été attirée par les filles ! Et puis était-elle vraiment attirée par elle ? Si tôt ? Elles ne se connaissaient que depuis quelques minutes, tout allait si vite! Pourtant, elle était juste là, les lèvres offertes, si proche. Louise pouvait sentir son parfum, ressentir la chaleur qui se dégageait de son corps.
Louise n'osait pas lever les yeux, de peur de tomber dans ceux trop profond de Susie, alors elle garda les yeux baissés sur le sweater en laine. En dessous, la poitrine de l'extra-planaire bougeait au rythme hypnotisant de sa respiration. Elle n'avait qu'à tendre la main, et c'est ce qu'elle fit. Ses doigts s'enfoncèrent dans cette chair tendre et caressèrent le sein tendu. Entre ses jambes, Louise sentit la chaleur s'intensifier, elle en voulait plus. Ses vêtements lui parurent tout à coup trop chauds sur sa peau brûlante, une barrière de trop entre leur peau. De sa main libre, elle commença à faire glisser le pantalon de son pyjama, mais il fit soudain trop froid. La chaleur quitta sa paume et son esprit en profita pour se reprendre.
Susie s'était vivement éloignée. Louise était toujours sur le canapé, haletante et pleine de sueur, le pantalon baissé jusqu'au milieu des cuisses, dévoilant le blanc de ses sous-vêtements. Les deux filles restèrent immobiles un moment, puis Louise s'empressa de se rhabiller. Par courtoisie, Susie lui tourna le dos.
— Je suis vraiment désolée, c'est ma faute, j'aurais du te prévenir.
Louise s'était enroulée dans la couverture. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle s'était comportée de la sorte. Cela allait bien au delà de la simple attirance, elle avait peloté une presque inconnue et s'était quasiment déshabillée devant elle. Et cette sensation si puissante ! Rien que le fait d'y repenser, Louise sentait à nouveau l'excitation remonter. Elle secoua la tête et tenta de se reprendre. C'était juste irréel, et quelle réputation elle allait avoir maintenant !
- Louise, je suis une succube. Donc c'est normal que tu ais .. agis comme tu as agi. Je n'arrive pas tout le temps à me contrôler, et du coup je peux, par inadvertance, séduire les gens avec qui je parle. Enfin, généralement ça arrive surtout à celles à qui je veux inconsciemment plaire. Les plus mignonnes, comme toi, par exemple.
— Oh.
— En effet. Et là je me rends compte que je suis en train de passer pour une allumeuse. Ce qui n'est pas entièrement faux. Mais pas entièrement vrai non plus, tu comprends?
— Ah.
Leur échange se poursuivit ainsi pendant quelques minutes, discours confus et gêné, ponctué par des monosyllabes incertaines. Finalement, les deux filles éclatèrent toutes deux de rires devant leurs maladresses respectives. Louise tendit la main de dessous la couverture.
— Et si on repartait à zéro ? Je m'appelle Louise St. Germain, je suis la colocataire de Vicky. Enchantée.
— Et moi c'est Susie Tabitha, je suis un succube. Enchantée.
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