Jour : 367.
Scott traîne toujours dans le module contenant leur système de survie. Comme à son habitude — et conformément à son poste —, il vérifie que tout est en parfait état de fonctionnement. Il en est à la vérification du troisième appareil lorsque il sent la présence d’Andrzej — il reconnaît depuis longtemps déjà sa façon de se mouvoir, à lui et à tous les membres de l’équipage — derrière lui.
— Besoin d’aide ?
— Je crois que quand tu me le demandes, j’ai toujours besoin d’aide, réplique Scott en riant.
Andrzej rit de bon cœur, lui aussi. C’est la première fois qu’ils ont l’occasion de se retrouver seuls depuis qu’ils ont décidé de se fréquenter, c’est-à-dire depuis qu’ils en ont brièvement parlé dans la ferme. Ils ne savent pas si c’est la promiscuité ou bien leur réserve à tous les deux, mais ils n’ont fait qu’échanger quelques regards timides et lourds de sens.
Un silence chargé d’étincelles s’installe, et ils se lancent des regards d’abord rieurs puis plus intenses, avant que le Russe ne fasse le premier pas vers Scott. L’Américain se déplace dans sa direction, amorçant le deuxième pas — si tant est que l’on fasse des pas en apesanteur —, et ils se retrouvent vite l’un contre l’autre. Andrzej pousse sur le mur d’un de ses bras, puis il s’accroche à Scott, tandis qu’ils se mettent à dériver lentement au milieu des appareils. Tous deux s’agrippent au corps l’un de l’autre, et Scott finit par heurter un mur — ou un sol, ou encore un plafond, qu’importe. Ils ancrent alors leurs deux visages et s’embrassent lentement, fermant les yeux pour se concentrer uniquement sur la saveur de leur baiser.
Cette affection, après une année sans contact physique prolongé, leur semble être la plus délicieuse des attentions. Alors ils recommencent.
Ils en sont à leur énième session de bouche-à-bouche lorsque la voix de Luc se fait entendre.
— Andrzej ? T’es dans le coin ? crie-t-il. C’est ton tour d’avoir droit à ta communication avec la Terre !
— J’arrive ! claironne le Russe, en se séparant à regret de son petit ami. Je file, j’ai plein de choses à raconter à ma tante — il adresse un clin d’œil au jeune homme — ! On se retrouve plus tard ! dit-il à l’Américain, avant de disparaître.
Scott hoche longuement la tête et retourne distraitement à son travail, avec bien d’autres pensées en tête.
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