L’image que lui renvoie le miroir est, cette fois, bien différente de l’ancienne. La peau est plus lisse, les cheveux plus souples…

— Mais c’est moi à vingt ans ! s’exclame la sorcière ravie.

Olympe tourbillonne dans la pièce en chantonnant. Enthousiaste, la pie jacasse avec elle. Mais notre héroïne n’a pas le temps de savourer sa joie, que des fourmillements se déplacent de ses jambes à la pointe de son nez. Et là, devant le miroir, c’est une adolescente qui se contemple, les yeux écarquillés.

— Bon, je n’en demandais pas tant. Je ne vais pas me plaindre pour autant.

Et Olympe sort de la salle pour se trouver à nouveau dans la bibliothèque. Le passage secret se referme aussitôt derrière elle. La sorcière, suivie de la pie qui décidément ne la quitte plus, part du bâtiment, le pas allègre et un grand sourire aux lèvres. Une fois dehors, le ciel lui paraît plus bleu, les gens plus amicaux.

Un groupe de camarades sur des balais volants passe devant elle. L’un des adolescents tenant son moyen de locomotion enchanté d’une main, agite sa baguette magique dans sa direction : un bouquet de roses apparaît alors. Olympe rougit et enfouit son visage dans les fleurs. Les garçons rigolent gentiment et s’éloignent faisant pétarader leur balai dans un nuage bleu.

La jeune fille rentre chez elle. La sorcière n’en revient toujours pas des derniers évènements de la journée. Alors qu’elle s’apprête à franchir la porte d’entrée, une étrange sensation s’empare d’elle, comme des crampes au bout des doigts.

— Oh non, a-t-elle juste le temps de penser avant de se transformer une ultime fois.

Le lendemain matin, le spectacle qui s’offre à Jonas, le facteur, le laisse sans voix. Sur le porche d’Olympe, un bébé joufflu portant une robe bien trop longue, pleure en agitant de petites mains potelées.

Et au-dessus de l’enfant, une pie tourne en rond en jacassant.

Fin