Sauf que chez moi, y'a rien !

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Librement inspiré des paroles et musique de Francis CABREL pour African Tour...


Je marche dans la poussière. J'ai mal aux pieds, j'ai mal aux jambes.

Cette route est interminable.

Le sel sur ma bouche et au bord de mes yeux me brûle. Je donnerais n'importe quoi pour un peu de froid...

Je pense à toi et je pense à tous ceux qui sont restés dans notre village.

Je dégouline et certaines nuits j'ai tellement froid et certains jours, j'ai tellement soif.

Mes vêtements sont tachés avec de grandes auréoles sous les bras, devant et derrière. Je ne ressemble sans doute à rien mais cela ne me blesse pas pour autant. Car j'ai l'espoir d'un avenir plus radieux. Je vais bientôt passer l'Espagne...

Je ne sais si l'Europe, la France ou l'Angleterre voudra bien de moi. J'ai vu dans mon pays des photos dans des journaux, j'ai parlé à des touristes qui payaient des fortunes pour voler des images de nos grands fauves ou qui venaient puiser nos ressources, ou tout simplement braconner pour quelques défenses d'ivoire, ignorant la souffrance animale...

Alors que chez moi, dans ma vie, dans mon village, y'a rien...

Je repense à ma vie d'avant alors que je marche dans la montagne à suivre d'autres marcheurs qui viennent de partout et de nulle part. Je ne sais rien de leur vie ni eux de la mienne. Malgré le froid, malgré la neige, je marche car j'ai chaud dans mon coeur, par la pensée je dors près de toi, mon amour.

Attends-moi !

J'ai pris une porte qui s'ouvrait derrière la cabine d'un chauffeur de poids lourds. Assis dans la pénombre, je guette fébrile et angoissé le moindre son, les arrêts, les reprises. Cela semble interminable.

Je sens sous mes jambes des objets, un cric, des câbles et de l'outillage. J'ai vu là-bas dans le lointain avant de monter dans cette cage de fer, des grillages bloquant la route vers le tunnel sous la Manche.

La Manche, quel drôle de nom !

Passer sous le lit d'une mer pour voir d'autres horizons...

*

Je serai sans doute resté chez moi...

Mais je n'avais pas de travail, ni personne pour accepter mes services. Je sais pourtant faire des choses . Et dans mon village, à part m'occuper de quelques bêtes à garder comme d'autres Masaïs, je n'ai rien d'autre à offrir à ma famille ...

*

Depuis quelques jours, dans la pluie continuelle de ce nouveau pays, j'ai pris un travail. Les gens parlent anglais et je ne maîtrise pas totalement cette langue mais le patron me paie à la journée. J'aurais pris n'importe quoi et le peu que l'on me donne et cent fois supérieur à ce je gagnerai dans une année...

*

Oh mon amour, si tu étais là pour me voir ! Je sais que tu es avec moi dans chaque moment car tu es la fille qui m'accompagne. Je ne manque de rien, je manque juste de toi.

*

Alors, je reviens, dans une carlingue.

Vers chez toi, on me raccompagne...

Et j'espère que tu seras là ?


=O=

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