Élections partielles

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Désaccords, menaces, démissions, l'ambiance devenait effervescente dans le village et certains membres du conseil municipal décidèrent de rendre leur tablier.

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Sans doute, fallait-il y voir les conséquences de quelques décisions mal comprises, certaines promesses non tenues. On aurait pu imaginer, en guise de métaphore, un couple dans lequel chaque membre éprouvât des difficultés à s'accorder avec la belle-mère car rien n'était trop beau pour le bonheur d'un fils ou d'une fille.

D'aucuns regardaient le ciel au-dessus des maisons, espérant sans doute une éclaircie, moins de tonnes de nuages qui déversent sur tous les foyers, des germes de la zizanie et de l'hostilité.

L'espace d'un instant, on se crut dans le dernier village d'irréductibles en Armorique. À moins que cela ne vienne des émanations de terres plus orientales où grandissaient des velléités de libertés pour des femmes et des hommes opprimés. Ou tout simplement, le pendant de cette Italie d'après-guerre. À entendre les échos truculents des répliques du curé Don Camillo faisant face à l'édile Peppone, toujours plein de nuances acerbes, porté par les courants communistes de l'époque.

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Heureusement, nous nous situions fort loin de la terreur.

Mais sans doute qu'elle se rapprochait à grands pas de ces terres agricoles et forestières. Pourrait-on réconcilier les mentalités ? N'y avait-il guère d'autres meilleures solutions que de recompléter les membres du conseil municipal dont un bon tiers faisait défaut ? Il fallait se plier aux règles démocratiques. Alors on se dirigea vers des élections partielles.

Les boîtes aux lettres se remplirent de listes déclarées depuis peu en préfecture. Des visages nouveaux se présentèrent pour défendre des idées, somme toute bien éloignées de celles des grands partis nationaux. Ici, les réalités politiques collaient à la terre, aux personnes âgées, à la salle des fêtes, à l'embellissement des chemins et des façades. À la propreté des rues, au tri des déchets plastiques qui partout s'accumulaient, à la tranquillité des voisinages.

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Les gens tenaient malgré tout à leur bien-être.

À part une vieille église cernée des maisons les plus anciennes, un château bordé d'un lac où vécut un grand auteur célèbre. À part un vieux prieuré restauré par un mécène passionné où les rus du village se déversaient en chantant pour constituer de jolies étendues d'eau en forme d'étangs.

Ce village ne possédait pas, il faut bien le dire, l'attrait de grandes villes touristiques. Ni les problématiques des cités aux quartiers en HLM où la promiscuité s'ajoutait au manque de ressource, à la difficulté d'aller à l'école ou de trouver un travail.

Ce village devait renouer avec l'apaisement et reprendre sa route, logé en harmonie entre plaines et forêts, au pied d’une ligne de crête qui lui apportait les pluies fertiles de l'ouest. Il retrouverait sa sérénité. Le sens de la fête, du partage et de l'échange. Sans doute que si les électeurs contribuaient par leur vote participatif à défendre leurs idées, il s'ensuivrait une plus grande pluralité.

Et la possibilité de donner corps à de nouvelles idées.

=O=

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