L'Empire et l'Essaim
Les unités de la garde impériale renouvelaient sans cesse leurs techniques d'intervention pour affronter les nombreuses menaces qui pesaient sur l'immense territoire. L'empereur Zéus faisait l'objet de tentatives multiples d'assassinat par différentes factions émanant de plusieurs pays annexés aux Marches de l'empire.
Les élites achetaient des accessoires d'autodéfense sur le site impérial en ligne ou dans des kiosques de la capitale. Il fallait pour cela s'authentifier en présentant une carte très sophistiquée de membre de la Loge des penseurs, du Syndicat des rénovateurs ou du Consortium des bâtisseurs. Chacun assurait ainsi sa personne contre d'éventuelles agressions, généralement fomentées par des groupes qualifiés de terroristes par le pouvoir central .
Selon les services de renseignement, très actifs sur l'étendue considérable de l'Empire et dans certaines provinces désireuses de rejoindre l'agrégat impérial, des indiscrétions permettaient de déjouer certains complots enclins à renverser l'autorité en place. Il fallait détruire dans l'œuf cet ennemi protéiforme, volatile et insaisissable, dont l'influence chaque semaine grandissait dans la mémoire collective et ses effectifs augmentaient sans cesse.
Cependant chaque couche de cette société instable se laissait aussi séduire par les sirènes de la corruption. Tout individu possédait en quelque sorte un prix. Cela déterminait par la suite sa fidélité et son attachement aux lois de l'empire. Il devenait un ardent défenseur des hauts faits des armées de Zéus qui sans cesse étendaient le territoire et soumettaient de nouvelles peuplades.
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Jusqu'alors, le Clan de l'Abeille résistait aux tentatives d'infiltration des agents impériaux. On retrouvait souvent des individus foudroyés au beau milieu des rues ou des places, une aiguille dentée, en forme de dard, plantée exactement ntre les yeux. Dès lors, tout le monde savait que les victimes travaillaient au servive du pouvoir central et que leur décès n'était en rien accidentel. Il révélait sans aucune ambiguïté le mode d'action d'un membre soldat de l'Éssaim.
Les membres du Clan s'avéraient de formidables combattants, capables de toutes les prouesses techniques acquises dans des monastères tibétains. Ils maîtrisaient par ailleurs certains pouvoirs d'alchimiste. Selon des dires toujours très imaginatifs, ils bénéficieraient des vertus de longévité et de force d'une gelée royale qui une fois figée convertissait la roche ou le métal en pierre précieuse, en or ou en platine.
Leur foi dans le collectif, qui s'apparenterait à l'abnégation des membres de la société des abeilles, leur capacité à se sacrifier pour la cause commune, et bien d'autres qualités soulevaient l'admiration et fascinaient les jeunes enfants à qui l'on contait, au sein de villages troglodytes et dans les archipels lointains, leurs aventures. On clamait leur générosité, leur dévouement et leur altruisme. En secret, chaque adolescent bénéficiait d'une formation physique et mentale très exigeante pour pouvoir rejoindre un jour le clan et en devenir membre à part entière.
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D'évidence, ces qualités et ces velléités allaient contre l'intérêt de l'empire, plus enclin à plier l'échine des masses laborieuses, àenfermer les masses laborieuses sous élites pensantes sous une poigne de fer, tout en gratifiant les ambitieux et les traitres. Zéus devait sans cesse accroitre son emprise et dissuader quiconque de remettre en cause son autorité.
Entouré de serviles conseillers, il organiserait bientôt des jeux, des olympiades, créerait des fondations pour favoriser l'enseignement à de futurs élites en proposant des bourses pour les plus démunis, ouvrirait des musées à la gloire de ses conquêtes et bien sûr il réécrirait l'Histoire contemporaine pour magnifier son œuvre tout en révisant la réalité passée.
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La Reine Althéa du Clan, tenue informée par ses nombreux agents infiltrés, concevait également ses propres projets. Et, à certains égards, elle nourrissait des desseins presqu'aussi tordus et pernicieux que ceux de l'Empereur.
Les citations ne manquaient pas dans les écrits pour évoquer la force et la noblesse d'un adversaire. La reine tenait sa préférence pour celui-ci écrit par Szczepan Yamenski.
" L'avantage d'un ennemi, c'est qu'il est plus sincère qu'un ami. "
Elle savait sa cause juste et noble et se tenait toujours prête à se sacrifier pour son clan. Fondé sur le matriarcat, il avait démontré depuis des décennies, que ce modèle social de gouvernance pouvait se pérenniser à travers le temps. Althéa pourrait à tout moment étendre son influence, car sa famille lui devait fidélité et reconnaissance. La société qu'elle construisait prenait de l'importance, élevait ses compétences, transmettait des valeurs de solidarité et d'entreprise.
Un jour prochain, l'Empire de Zéus gangrené par la peur et la corruption se disloquerait et un monde nouveau et libre verrait alors le jour.
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