« La vie c'est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. »

Pour Forrest Gump qui avait perdu l'amour de sa vie, une boîte de chocolats ne contenait que chagrin, amertume et ironie du sort. En effet, si le chocolat constituait pour tout un chacun une sorte de récompense en soi, un moment de plaisir, il pouvait aussi receler bien des surprises, à l'instar de sa vie parsemée de mésaventures dont certaines bien incroyables.

Atteint dès son plus jeune âge de déficiences physique et mentale, il réussit, grâce à sa mère, à surmonter tous les obstacles qui se présentaient à lui. Et en conscience, seul l'amour de Jenny lui manqua. Car au moment de l'atteindre enfin, elle décéda, lui laissant un petit garçon au prénom de Forrest, un Forrest Gump junior.

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Alors qu'il voyait son fils monter à bord du bus scolaire, Forrest vit se dérouler le film de sa propre vie. Combien s'était-elle montrée si injuste à son encontre bien qu'il n'en eût pas toujours conscience. Lors de son premier trajet pour se rendre à l'école, il devint d'emblée le souffre-douleur de ses camarades qui refusaient qu'il s'asseye près d'eux.

À l'exception de Jenny Curran qu'il rencontra à cette occasion, attiré dans l'instant par elle, se disant à lui-même qu'elle était la « plus belle chose qu'il n'ait jamais vue » et la décrivant comme un ange. Longtemps amis d'enfance, ils se suivirent jusqu'à l'âge adulte, s'aimèrent, mais d'évidence, ils n'appartenaient pas au même monde.

Jenny choisit de partir, une nouvelle fois. Il eut cependant l'occasion de la revoir, de croiser sa route à maintes reprises, sans pouvoir la retenir auprès de lui, comme un ange qui ne souhaitait pas replier ses ailes.

Le bus s'éloignait à présent et Forrest ressentait une fierté immense de voir son petit garçon grandir, mieux armé que lui pour affronter la vie. Une plume d'oiseau prise dans la brise matinale vint se poser à ses pieds. Était-ce Jenny qui venait lui rendre visite ?

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Après toutes les épreuves qu'il traversa, il pourrait raconter son histoire en écrivant un livre. Et bien qu'il n'en prît pas toujours conscience, réaliserait-il alors qu'il occupait la place de héros principal de sa vie ?

Il ne savait pas s'il détenait ce talent, mais il envisageait cette opportunité pour exorciser les hauts et les bas que cette vie lui avait fait subir. La guerre au Vietnam où il sauva le Lieutenant Daniel Taylor et plusieurs membres de sa section sous le feu de l'ennemi. Par la suite, au sein des armées, il devint champion de ping-pong dominant les meilleurs adversaires chinois. Plus tard, la pêche à la crevette, en souvenir de son ami Bubba, lui apporta la fortune.

Le deuil de sa mère et le désespoir de perdre l'amour de Jenny qui mariée à un autre, l'entraina à fuir son chagrin en parcourant à pied tous les États-Unis. Suivi par une cohorte de fans, relayé par les médias, son visage creva les écrans, lui apportant une notoriété dont il ne prenait pas véritablement conscience. Des américains voyaient en lui quelqu'un de déterminé qui vivait son rêve éveillé et qui savait où le menait sa route.

Mais Forrest ne nourrissait pas d'ambitions à réaliser de grandes choses. Sa véritable force tenait à son intelligence émotionnelle. Par sa simplicité, il tissa des relations limpides, sincères et innocentes. Cela fit tout son charme, le montra authentique, inconditionnel, sans détour, suscitant l'empathie dès le premier abord.

Contre son gré, il laissa son empreinte dans une partie importante de l'histoire de son pays. Ainsi s'était-il montré touchant lors de sa rencontre avec le Président des États-Unis, par sa naïveté, sa répartie à la fois drôle et tragique pour indiquer où se situait sa blessure de guerre. Il traversa les grandes crises internationales, avec le conflit au Vietnam mais aussi avec l'arrivée du virus du Sida qui sans doute emporta sa Jenny.

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Forrest vint s'asseoir au pied de l'arbre de ses souvenirs qui bordait sa propriété et où Jenny dormait à jamais.

Il souffrait de son dos même après toutes ces années. Il se rappela ses prothèses métalliques qui soutinrent comme un exosquelette et facilitèrent son aptitude à marcher. Et que de chemin parcouru depuis lors. Il entendait, comme un écho du passé, Jenny lui crier " Cours Forrest, cours ! "

Alors que la brise augmentait ses caresses, il ressentit la douceur évanescente de sa mère dont l'amour lui remplirait le cœur à jamais.

Sans doute que les fées sur son berceau considérèrent qu'il ne fallait rien exagérer et qu'il fut inutile d'accroître davantage son fardeau. Mais lui au contraire en voulait à cette résilience naturelle qui lui permit de traverser toutes ses années et d'affronter tant d'adversité sans que le destin ne veuille jamais mettre un terme à sa vie.

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Il ne manquait de rien en théorie mais se demandait de quelle façon, il devrait envisager l'avenir, non seulement le sien mais surtout celui de son fils dont il ressentait la profonde responsabilité.

Forrest mesurait sa chance. Il reçut tout l'amour d'une mère et ne fut pas violé ou abusé par son père ainsi que le fut Jenny. Son propre fils s'appelait comme lui et par bonheur, il n'hériterait pas des mêmes séquelles physique et intellectuelle.

Tout était-il écrit à l'avance, quelque part dans le continuum de l'univers et du temps. Peu à l'écoute de ces notions de déterminisme dont il voyait avec distance ces idéologues abreuver les masses populaires, sans doute pour les apeurer et les influencer.

Il sortit alors de sa poche, une tablette de chocolats.

Puis tout en envisageant son avenir, il puisa dans chaque carré un peu d'espoir, d'envie, d'insouciance et laissa le vent emporter ses émotions, comme autant de plumes prises dans le mystère du destin.

Dès demain, il écrirait ses aventures.

=O=

Note : inspiré par le film " Forrest Gump " et la prestation étonnante de Tom Hanks.