Camping sauvage !
J'avais planté ma tente un peu partout.
Endroits de désert, de bord de mer ou de rivière, de montagne. En bande d'amis, en couple ou bien en solitaire.
Cette petite tente canadienne me suivait partout, depuis nombre d'années, dans mes péripéties aventureuses de camping sauvage.
Je m'étais attaché à sa toile, sa couleur passée, cuite par la lumière du soleil sous différentes latitudes et les pluies chargées d'embruns portées par le vent du large. J'appréciais même ses auréoles provoqués par les vagues salées lors de nuits de grande marée.
Elle offrait la place pour deux matelas et deux sacs de couchage.
Et juste les deux mats en bois pour me séparer de ma compagne. Dehors les fils tendus avec des rubans pour ne pas se blesser et les sardines fichées dans le sable profondément, donnaient à notre maison de fortune, une fière allure.
J'aimais même ses accrocs, souvenir cuisant de quelques buissons d'épineux à moins que ce ne fut les dents de ce damné roquet qui nous avait coursés en passant devant sa ferme.
Je me souviens aussi de ces nuits éprouvantes dans des immenses campings privés aux emplacements bien trop proches. On pouvait tout entendre, des ébats aux disputes, les pas traînants de ceux qui se rendaient aux toilettes à portes battantes et de ceux qui revenaient de la corvée de vaisselles.
Impossible d'échapper à tous ces moments de réalités domestiques.
On entendait des voisins ronfler ce qui bien souvent gâchait nos nuits. J'avais beau mettre de la distance, méditer, réfléchir et favoriser le bon côté des choses mais rien n'y faisait.
Et tout cela manquait terriblement de poésie même avec une bonne dose d'empathie.
Alors je partais seul, avec mon sac de couchage, dormir à la belle étoile, en laissant à l'abri de la toile ma mie endormie.
Derrière un tronc blanchi, au milieu d'un amas de bois flottés, sans doute échoués là des suites de puissants ressacs, je tentais d'écrire sur mon carnet à souvenirs. Loin entre les dunes, je me remémorais les anecdotes et les pastilles qui avaient fait mon bonheur durant toutes mes années de camping sauvage, en profitant de la clarté magnanime de la pleine lune.
Peut-être était-il temps, pour économiser mes articulations, de passer au mobil home !
=O=
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