Le Jour d'Après !

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Jack Hall le prédisait sans obtenir gain de cause auprès des autorités gouvernementales et des services de climatologie et de glaciologie dont la NOAA*. Il annonçait pourtant l'arrivée inéluctable d'un nouvel âge de glace, loin d'imaginer que cela se produirait de son vivant.


Lors d'une mission de carottage en Antarctique, avec deux de ses collaborateurs, Frank Harris et Jason Evans, il vit se détacher une plaque de glace immense, depuis le plateau de Larsen, d'une taille incroyable de 5 800 km², soit l'équivalent en superficie de la Palestine ou de l'état du Brunei.

Lors de la conférence de New Delhi qui suivit son retour, Jack échoua à convaincre tous les représentants des états et des scientifiques renommés sur les risques climatiques imminents. Cependant, il sympathisa avec le professeur Terry Rapson, océanographe dont l'équipe opérait sur le centre Hedland, en Écosse. Lors de leur échange, ce dernier évoqua selon ses analyses l'arrivée prochaine d'un changement d'environnement d'importance.

Et comme pour annoncer la menace d'un bouleversement, plusieurs balises se signalèrent, dans les jours suivants, par une forte baisse de la température sur l'Océan Atlantique, ce qui tendait à confirmer les théories alarmistes de Jack. Pour convaincre tous les milieux scientifiques et les autorités, il fallait modéliser les données à partir de toutes les sources disponibles, sur des bases communes. Dans cette démarche collaborative, il obtint le soutien inattendu de la Nasa et de la météorologue Janet Tokada.

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Comme toujours, la Nature reprenait ses droits avec une force et une violence sans commune mesure avec des phénomènes connus par le passé.

Alors des messages se diffusèrent sur tous les médias. Des pages aux contenus alarmants noircirent les téléscripteurs. Un violent changement climatique, à la portée imprévisible et à l'échelle mondiale, s'annonçait par de gigantesques ravages : inondations, averses de grêlons énormes, tornades et températures d'une magnitude inédite.

Plus que jamais, l'humilité devait guider le genre humain car le climat du monde se transformait à une vitesse considérable, augurant d'une glaciation future. Une tempête de grêle géante frappa la ville de Tokyo. Le niveau de la mer en Nouvelle-Écosse grimpa de plusieurs mètres en quelques secondes. Plusieurs tornades dévastèrent Los Angeles.

De la station orbitale de l'ISS, les astronautes purent admirer depuis l'espace, la démesure de trois gigantesques ouragans centrés sur l'hémisphère nord, au-dessus du Canada, de l'Écosse et de la Sibérie. Un processus exceptionnel congelait l'air depuis la haute troposphère vers l'œil central, piégeant tout à la périphérie du phénomène avec des températures chutant de cent degrés Celsius en-dessous de zéro.

L'équipe du professeur Rapson depuis son observatoire en Écosse, à l'instar du reste l'ensemble des peuples du continent européen, ne pourrait échapper à une fin tragique. Partout, telle une rouille qui rongerait sans vergogne le moindre bout de métal, la température basse gagna tous les édifices publics, figeant les drapeaux comme le signe d'une reddition sans condition.

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Jack gardait à l'esprit qu'il pouvait encore venir en aide à sa famille à défaut de sauver le monde.

La situation s'annonçait comme permanente et le phénomène de glaciation gagnait tous les états au-delà du quarantième parallèle nord. Le président des États-Unis finit par entendre raison et sur le conseil du glaciologue, décida d'évacuer par les airs les populations américaines vers le Mexique.

Condamnés à subir la tempête, les rescapés devraient se calfeutrer partout où cela s'imposerait. Devant l'ampleur du phénomène, tous les êtres vivants se confineraient comme des centaines de lapins au plus profond d'un terrier. Et le froid s'en prendrait indifféremment aux bons ou aux méchants, aux illuminés ou aux imposteurs.

À New-York, Sam le fils de Jack, et ses amis étudiants Brian et Laura trouvèrent refuge à la bibliothèque publique. Les eaux commencèrent à se figer autour des buildings de Manhattan devant la chute brutale des températures. En sauvant d'une mort certaine, des hispanophones coincés dans un taxi, Laura se blessa à la jambe mais le garda pour elle.

Dans une cabine téléphonique de l'édifice public, Sam réussit à joindre son père qui l'enjoignit de rester sur place et sous aucun prétexte, de tenter de partir. Il viendrait le chercher. Et de son côté, sa mère Lucy, médecin dans un hôpital, décida de veiller sur des enfants malades en espérant l'arrivée de secours.

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Sans doute par méconnaissance, certains décidèrent de fuir la métropole.

Plusieurs survivants se mélangèrent à des cohortes d'individus, persuadés que partir à pied vers le sud en marchant sur les eaux de l'Hudson, figées par le froid, représentait l'unique solution pour échapper à l'inéluctable. Sam et ses amis décidèrent au contraire de rester sur place, en se réfugiant au cœur de la bibliothèque, en brûlant des livres pour tenter de se réchauffer.

L'état de santé de Laura s'aggravait et sa blessure se gangrénait. Elle risquait une septicémie. En raison de l'immense raz de marée qui précéda la catastrophe climatique, un cargo russe se glissa entre les buildings de la cité avant que la glace ne le fige sur place. Sam et ses amis se persuadèrent qu'une infirmerie se trouvait à bord et contiendrait au moins une seringue pour assurer une injection de pénicilline. Mais il fallait pour cela, éviter des loups affamés, échappés du zoo de Central Park et qui chercheraient à s'introduire sur le navire, pour trouver de la nourriture.

Durant le trajet à pied qui tenait davantage d'un trek sur une banquise terrestre, Franck se sacrifia en tombant du dôme d'un centre commercial en Pennsylvanie. Son geste ultime permit à Jack et Jason de poursuivre vers New York, après le passage de l'œil du cyclone. Plus loin, en se rapprochant de l'agglomération, ils croisèrent les dépouilles des personnes qui tentèrent leur chance hors du refuge des édifices publics en y laissant la vie, mortes congelées.

À force de courage et de volonté, Jack et Jason réussirent à atteindre la bibliothèque après un voyage impossible, trouvant le groupe de Sam indemne. Plus tard, ils purent évacuer avec l'aide d'unités militaires aéroportés, engagées par le Président des USA pour sauver le maximum de rescapés.

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* NOAA : La National Oceanic and Atmospheric Administration (en français l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique), représente une agence fondée en octobre 1970, sur proposition du président Richard Nixon, dans le but de créer un service national avec pour principale ambition de :

« Mieux protéger la vie et la propriété des catastrophes naturelles, comprendre l'environnement, pour l'exploration et le développement vers une utilisation intelligente des ressources marines ».

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