Gwen arrive discrètement par la porte arrière de la maison de disques, celle qu'ils appellent discrètement l'entrée des artistes. Et à juste titre d'ailleurs, elle a été aménagée dans ce but.

Cachée dans une des rues parallèles à la grande avenue, au fond du parking du personnel, tout porte à croire que cette porte mène à une chaufferie ou un placard. La pancarte "Entrée réservée aux personnes habilitées" appuie d'ailleurs cette idée.

Une fois entré, nous arrivons directement dans les bureaux. Pas de passage à l'accueil, où les fans et les paparazzis pourraient attendre leur star. Tout est fait pour maintenir l'anonymat et la confidentialité. Un vestiaire est même disponible afin de pouvoir se changer.

Gwen étant arrivée en tenue discrète part se changer pour des atours plus adaptée à son image, telle un caméléon s'adaptant à son environnement. Comme toujours, elle a toujours une toilette de rechange sur elle. Elle échange donc son crop top et son legging pour un corset en dentelle, un porte-jarretelle, le tout recouvert d'une minijupe et d'un chemisier cintré laissant son décolleté bien visible.

Bien qu'ayant une poitrine relativement petite, notre star aime laisser ses fans explorer des yeux son physique et plonger dans ce creux, qu'elle laisse le plus souvent visible, comme une invitation. De même, elle ne porte que rarement de culotte, de tanga, et encore moins de string, qui lui donne l'impression de lui cisailler les fesses. Tant qu'à cacher une ficelle, autant ne rien porter. D'autant que les paparazzis adorent, cela alimente la presse à scandale et fait vendre encore plus, ce que Jeff adore encore plus soit dit en passant.

Une fois changée et maquillée, Gwen se rend dans le bureau de Jeff, le grand bureau panoramique du dernier étage, celui sur lequel il est possible de profiter d'une vue imprenable sur la ville.

Gwen ne prend même pas le temps de frapper, elle se sait attendue. Elle entend d'ailleurs Jeff discuter. Sa secrétaire a déjà dû l'informer de sa présence dans les locaux lorsqu'elle a pénétré dans le vestiaire. Elle entre dans le bureau, et aperçoit Jeff avec un homme grand, blond, la quarantaine environ. Il est plutôt mignon, habillé en costume noir, comme un agent secret. Ou plutôt non, un garde du corps. Il l'observe, de la tête au pied. Elle se sent soudain nue, sous ce regard inquisiteur.

• Bonjour, ma star ! Comment vas-tu ?
• La tête dans le cul, après le concert d'hier soir. Mais ça va aller. J'ai l'habitude.
• Justement, dit Jeff, il fut que nous parlions. Tu sais que les assurances sont inquiètes. Les "initiatives" que tu prends après chaque concert ne les rassurent pas. Toutes les lettres de menace que tu reçois sont des signaux d'alerte pour eux.
• Tu sais bien que toutes les stars reçoivent des lettres anonymes de fans, et forcément dans le lot des lettres un peu plus étranges, de menace, de fantasmes. Cela fait partie du travail.
• Oui, ma chérie, mais dans notre cas, nous avons des lettres anonymes qui semblent provenir de la même personne, très menaçantes, parlant de s'en prendre à ton intégrité physique.
• Mais ça pourrait être n'importe qui, et tu ne pourras jamais le trouver.
• C'est pour cela que j'ai demandé à Monsieur Smith de se joindre à nous aujourd'hui.

Gwen observe alors cet homme en costume, qui continue à l'observer, sans bouger. Il n'a toujours pas esquissé un seul geste, prononcé un seul mot. Il se lève alors et tends sa main droite pour qu'elle la serre

• Bonjour. Lance Smith. Je suis détective privé.
• J'ai demandé à Monsieur Smith d'analyser les lettres, et d'enquêter pour en retrouver l'auteur, poursuit Jeff
• OK. Et pourquoi m'as-tu demandé de venir, alors ? demande Gwen. Vous n'avez pas besoin de moi pour ça.
• Je voudrais également qu'il soit ton garde du corps personnel pendant quelques jours, le temps que tout se tasse un peu avec les assurances, donc jusqu'à la sortie du disque.
• Quoi ! s'exclame Gwen. Tu m'imposes un chaperon ? Hors de question. Je ne suis pas un petit chien qu'il faut promener en laisse. J'aime ma liberté. C'est quoi la suite ? Tu vas m'interdire de recevoir mes amis chez moi ?
• D'ailleurs, tant que tu en parles, il serait bien que tu arrêtes "d'inviter" des inconnus pour la nuit. Je t'ai déjà dit ce que j'en pense. Un jour, tu vas faire une mauvaise rencontre.
• Ce que je fais chez moi, et avec qui je le fais, ne regarde que moi ! rétorque Gwen, bien remontée après son manager.

Un silence s'abat dans le bureau. Tous se regardent. Gwen est furieuse, Jeff attend qu'elle se calme, connaissant son caractère explosif. Il souhaite qu'elle coopère, afin de pouvoir calmer les assurances, et travailler sur la sortie de leur prochain album sereinement.

• Mademoiselle, dit Lance d'une voix calme. Je n'ai aucune intention de m'immiscer dans vos activités privées. La demande de Monsieur Johnson est simple. Je passerai pour votre chauffeur privé. Je logerai donc chez vous, discrètement, dans une de vos chambres de bonne, comme c'est le cas aujourd'hui avec votre aide. Maria, c'est bien ça ?
• Attend avant de hurler, ma belle. interrompt Jeff. Avoir un chauffeur privé va forcément faire jaser les paparazzis, et tu sais ce que je pense des petits scandales et de leur effet sur les affaires. Et Monsieur Smith sera très discret. Il a de très bonnes références, il a travaillé avec les plus grands, crois-moi, j'ai vérifié avant.

Gwen observe les deux hommes. Elle sent qu'elle n'a pas trop le choix, même si elle voudrait continuer à mener sa vie comme elle l'entend. Dans un sens, c'est vrai que les dernières lettres sont très menaçantes, même si elles réveillent certains de ses fantasmes, notamment lorsqu'est mentionné le fait de l'utiliser à envie sans lui laisser le moindre consentement, de se faire attacher et contraindre à tous les supplices imaginés par son kidnappeur. Un fantasme dont elle n'a encore jamais parlé à personne, même pas à Stacy.

Autant jouer le jeu, en attendant de voir quelles opportunités s'ouvriront, pour regagner sa liberté. Gwen accepte donc la présence de Monsieur Smith pour quelques jours, mais à ses conditions.

• OK. Alors j'ajoute également mes conditions. Tout d'abord, Monsieur Smith, je vous appellerai par votre prénom, Lance. Je ne peux pas avoir un chauffeur et l'appeler Monsieur. Et pour vous, je serais Mademoiselle.
• Accordé, répond Lance.
• Ensuite, vous devrez me suivre dans chacune de mes activités. Je compte sur votre plus grande discrétion. Photos et vidéos interdites. Et hors de question d'aller fouiner chez moi ou de questionner mon entourage ouvertement. Vous devez rester mon chauffeur aux yeux de tout le monde.
• Monsieur Johnson a fait vérifier mes références, il pourra vous confirmer que la discrétion et le secret professionnel sont des principes non négociables pour moi.
• Alors allons-y, Lance. Faites préparer la voiture, devant la grande porte, dans cinq minutes. Nous avons beaucoup de travail. Les essayages de tenues pour le concert de lancement, puis les répétitions sur scène et enfin ma séance de sport quotidienne. Vous avez de la chance, je n'ai pas de concert dans les quelques jours qui viennent, donc les soirées seront calmes.
• Bien, Mademoiselle. Je vais préparer la voiture.

Sur ce, Gwen sort du bureau de John en claquant la porte violemment derrière elle, laissant les deux hommes seuls.