La fraicheur de sa voix quand elle a décroché, une fraicheur qui m'avait ému, j'aurais voulu la protéger, je m'en suis tellement voulu de n'avoir rien fait, juste parlé, et parlé, et resté à l'écart, alors que sa voix illuminait tout autour.

Le courrier était arrivé à mon nom, contenant entre autres, la photo d’Elena sortant de l’immeuble de Laval. Celle des autres policiers aussi. Pourquoi les avoir envoyées à moi ? Ca doit être mon enquête qui dérange le plus. Est-ce mon enquête qui a mis la vie d’Elena en danger ? Le dossier n’est pas officiellement finalisé, mais cela conclura sur une négligence dans la réalisation de l’étude et non un détournement de fonds… Moins grave. Pas de conséquences pénales faciles à prouver.

J’ai peut-être provoqué tout ça ?... Je n’ai pas pu lui en parler, juste tourné autour du pot – « vérifiez si vous avez reçu des courriers, ils connaissent nos visages, nos noms, nos adresses » … Je n’ai pas pu lui dire. Mais je suis allé parler au commandant Meyer, je voulais qu’il la protège. Il m’a dit que c’est sans fondement, pas de danger dans les menaces…

Je me suis juste promis de garder un œil sur elle… De lui envoyer de petits messages anodins entre collègues… De coups de fils innocents…

N’empêche, c’est la seule photo que j’ai d’elle. Elle regarde quelque part derrière mon épaule. Chaque fois je veux lui faire signe… C’est une belle photo. Si belle et si triste.