J'aimerais tellement croire qu'elle entend ce que j'ai à lui dire… mais je ne lui dis que des banalités après tout… je lui ai raconté l'arrestation de Géraldine Fournier qui était seule dans cette maudite cabane dans la forêt. Seule et enragée à la vue des policiers... Il y avait des traces de la présence de Laval, mais il était déjà parti. Géraldine ne veut rien dire, elle joue la carte de la maladie mentale maintenant, les psys penchent déjà sur de l'exagération volontaire de symptômes... sur un fond trouble, certes.

J’aurais dû l’appeler tout de suite ce matin-là, le message d’Elena était si étrange, comme si le danger suintait dès ses premiers mots. Au lieu de ça j’ai appelé Clémence, c’est elle qui a monté l’équipe d’intervention. Exceptionnellement, ils m’ont laissé venir. Et lorsque j’ai entendu ce chat miauler comme un fou depuis le débarras, c’est le même danger que j’ai entendu, j’ai su tout de suite qu’elle était là… Pleine de sang, inconsciente, ligotée, je n’étais pas préparé à ça.

Entre temps j'ai vu l'enregistrement de l’interrogatoire qu'Elena avait fait avec Géraldine Fournier. J'avais envie de sauter dans la vidéo, de la protéger. J'aurais tant aimé être là, avec elle, tout au long.

Maintenant je la regarde et j'imagine qu'elle est en train de dormir. J'imagine qu'elle va se réveiller pendant que je parle, surtout qu'elle va être pareil. Elle reçoit des fleurs… Maintenant c'est moi qui a la voix qui tremble près d'elle, c'est moi l'amoureux ridicule qui pleure en cachette et s'est mis à prier... Je ferais tout pour revenir en arrière, dans cette petite salle chez AFA, où je ne peux plus entrer qu'avec la gorge nouée... Elena, réveille-toi, s'il te plait... J’ai pris le chat de Laval chez moi. Je continue l’enquête tout seul. Tu pourras même te moquer de moi maintenant...