Quand je me lève, j'aperçois de la neige à ma fenêtre. Un sourire se dessine sur mes lèvres, et je repousse les draps de mes jambes avant de me diriger vers ma cafetière. Étant étudiante, mon appartement est petit, alors pour minimiser l'espace, j'ai choisi le modèle du plus petit gabarit possible pour chacun de mes meubles. Le lieu est agréable, bien qu'étroit. En même temps, c'est assez compliqué de se payer une grande maison quand on fait encore des études.

Je soupire avant de boire mon café, le premier de la journée. Généralement, j'en prends trois dans la matinée, histoire de bien me réveiller, puis deux dans l'après-midi, un au goûter, et le dernier vers dix-sept heures. Si je ne les ai pas, je peux vite devenir insupportable.

Après avoir enfilé un jean, un pull en laine et un manteau, je quitte l'appartement et salue Monsieur Paul, mon voisin. C'est une personne âgée de quatre-vingt-six ans, et les enfants de ma voisine d'à côté aiment bien l'appeler "le petit vieux".

Je rejoins le salon de thé du quartier pour prendre mon deuxième café avant de rejoindre mon institut. Mon téléphone vibre et je décroche.

- Allô, Chloé.

- Salut, Océane. Ça va ?

- Ouais.

Océane, c'est ma meilleure amie depuis que je suis entrée à la fac. Quand j'étais dans ma première année, elle était dans sa dernière, mais elle s'est bien occupée de moi, et désormais, je suis aussi dans ma dernière année. Quand j'aurai fini ma licence en lettres, je passerai un concours et deviendrai professeur de français dans un lycée ou un collège.

- Pourquoi tu m'appelles ?

- L'adjoint du principal du collège où je travaille a encore modifié mes heures de cours. Du coup, là, j'ai trois heures de pause.

Je grimace. Chaque fois que je l'entends parler, j'ai l'impression que l'assistant du chef d'établissement de son école change ses horaires. Ça doit être aussi chiant pour elle que pour ses élèves.

- Hm. Je dois te laisser, j'arrive à la fac. Salut.

- Ok, à tout à l'heure.

Je raccroche et pénètre dans le bâtiment. Le hall est spacieux et lumineux, avec ses vitres allant du sol au plafond qui laisse les rayons du soleil rentrer. Il est décoré de plantes, comme des yucca, des bonsaïs ou encore des palmiers.

J'ai à peine fait trois pas qu'Élodie me saute dessus. Elle a rencontré Océane en même temps que moi, et nous formons un groupe de trois amies.

- Salut ! Aujourd'hui, on passe nos premiers exams. Je suis trop stressée.

- Ouais, moi aussi, grimacé-je en rangeant mon téléphone dans la poche arrière de mon jean.

- Mais non, comme d'habitude, tu assureras, et ce sera parfait. Alors que moi...

J'ai effectivement eu beaucoup de retours de mes professeurs comme quoi le travail que je leur fournissais était "excellent"ou "parfait" , mais je ne me fais pas trop d'illusions. Je suis en dernière année, alors le niveau est haut. Ce ne sera pas aussi facile que d'habitude.

L'examen se déroule en deux étapes : un oral aujourd'hui, et un écrit demain. Habituellement, je suis très à l'aise à l'oral, mais là, je doute de mes capacités. Allez, aies confiance. Tu peux le faire, tenté-je de me rassurer.

Élodie tire sur mon bras pour me ramener à la réalité. La sonnerie retentit et nous nous dirigeons vers la salle d'attente, où nous allons patienter jusqu'à ce que nous soyons appelées pour passer. Je relie quelques fois mon texte, tout ce que j'ai à dire. Je suis préparée à de nombreuses questions, mais j'ai peur de ne pas pouvoir répondre à toutes celles qui me seront posées.

Je réfléchis quelques instants, jusqu'à ce que le professeur qui m'appelle me sort de ma rêverie :

- Chloé. C'est à toi, répète-t'il.

- Oui.

Je me lève, attrape mes feuilles et me dirige vers la salle. Élodie me susurre "bonne chance" et je lui souris.

En entrant dans la salle, je sens immédiatement le regard des examinateurs sur moi. Deux professeurs sont assis à une table, l'air sérieux. La salle est silencieuse, à l'exception du léger bruit de l'horloge. Je me mets debout face à eux et commence à parler de mon sujet. J'ai passé des semaines à préparer mon examen, alors j'espère sincèrement que je vais réussir.

Un des professeurs prend des notes, tandis que l'autre reste impassible, tout en me fixant.

- Chloé, approfondis ta refléxion sur le personnage de Jean, dans l'oeuvre que tu viens de citer, s'il te plait.

Je sais que Jean est un personnage central dans cette histoire, mais les détails m'échappent. J'explique comme je peux, mais je sais bien que je ne réponds pas à leurs attentes.

Je sors de la salle, bredouille. Quand je consulte mon téléphone, j'ai un message d'Océane.

Alors, ton oral ?

Pas trop mal, mais j'ai raté deux trois trucs.

J'essaye de rester optimiste, ça me semble important. Élodie est appelée juste après moi et quand elle ressort après une vingtaine de minutes, elle me propose d'aller manger.

Nous nous rendons dans un restaurant près d'un parc. Tandis que nous mangeons, mon amie me lance :

- Les profs seront plus exigeants cette année. Ça va être dur.

Je hoche la tête, réalisant à quel point c'est judicieux d'être bien préparée.

- On devrait aller réviser dans le parc, cet après-midi.

- Bonne idée, répond Élodie. Profitons du fait que nous n'ayons pas cours pour le faire.

Elle me sourit avant de croquer à pleine dents dans sa pizza.

* * *

Après le repas, nous regagnons le parc et nous nous asseyons sur un banc, à l'ombre d'un saule pleureur. Élodie et moi nous activons pour travailler. Elle me pose des questions et je fais de même. Nous passons notre après-midi à réviser avant de retourner à nos domiciles respectifs.

Je salue à nouveau Monsieur Paul qui revient de la boulangerie et déverouille mon appartement. Je prépare mon dernier café tout en observant la neige tombée.

Vers vingt-trois heures, je relis une dernière fois mon cours puis me glisse dans mon lit, à la fois stressée et excitée.

* * *

Quand je me lève, j'aperçois de la neige à ma fenêtre. Je souris, confiante. Je suis sûre que tout se passera bien.