Dès les premières lignes, l'atmosphère du café nous enveloppe : un bourdonnement familier, le cliquetis insistant des tasses, le sifflement léger et obstiné de la machine à expresso.

Assis près de la fenêtre, Elias, figure immobile, observe le ballet incessant des passants.

Leurs visages, pour la plupart, trahissent une quête, souvent celle de cette insaisissable chimère nommée amour.

Il les voit : des couples, leurs mains enlacées d'une conviction touchante, des regards chargés de promesses muettes, des sourires complices qui semblent sceller un pacte éternel.

Elias, lui, se tient en retrait, observateur détaché de ce théâtre émotionnel.

Sa position privilégiée près de la fenêtre le confirme dans ce rôle de spectateur lucide.

Son propre "premier regard" lui revient en mémoire, cette étincelle tant idéalisée, l'instant précis où l'illusion prend racine.

Léna.

Un simple croisement de chemins, un échange de sourires qui avait allumé une flamme qu'ils avaient naïvement crue inextinguible.

Mais le temps, inexorable, avait soufflé.

La flamme avait vacillé, puis s'était éteinte, ne laissant que les cendres froides d'une illusion perdue.

De cette expérience personnelle est née sa conviction : l'amour n'est pas une entité stable et éternelle, mais une succession d'instants, une mosaïque de sentiments changeants.

Aujourd'hui, une jeune femme entre.

Ses yeux balayent la pièce, s'arrêtent un bref instant sur Elias – une lueur indéchiffrable y passe – avant de se poser sur une table vide.

Elias y décèle peut-être une lueur d'espoir, l'attente d'une rencontre qui pourrait donner un sens neuf à son existence.

Un sourire intérieur, teinté d'une mélancolie compréhensive, effleure ses lèvres. L'expérience lui a appris que ce premier regard n'est que le lever de rideau d'une pièce dont l'issue est rarement celle escomptée.

Le futur, cette promesse d'un amour durable, reste aussi insaisissable que les volutes de vapeur s'échappant lentement de sa tasse. Seul le présent compte : cette succession d'instants où les sentiments s'entremêlent, créant l'illusion fragile d'une étreinte éternelle.