Chapitre 14
Mon sang se fige. Que va-t-il me faire ? Il avait promis de me rendre chaque douleur qui lui serait faite et je l’ai blessé deux fois… Je ne peux m’empêcher de trembler lorsqu’il passe derrière moi. C’est alors qu’il pose une main chaude sur mon dos, je me mords les lèvres, l’envie soudaine d’être caressée l’emportant sur la peur de la punition. Pourquoi son toucher me trouble-t-il autant ? Nul geste tendre ne vient satisfaire mon court fantasme, c’est plutôt la douche froide lorsque je le sens exercer une pression pour me forcer à me pencher, lui offrant ma chute de reins.
Penchée à presque cent vingt degré, je sens enfin sa main glisser… pour venir se placer entre mes fesses. Une fois n’est pas coutume : je suis terrorisée, si bien que je brise le silence.
— Vous aviez dit que vous ne me pénétrerez p…Ah !
Un doigt brusquement introduit me coupe la parole.
— J’ai dit que je ne prendrais pas ta virginité… Pour le reste, sache qu’ici, contrairement aux voies du seigneur, rien n’est impénétrable.
Je sens son doigt quitter mon orifice. Le soulagement ne dure qu’un infime instant, car aussitôt je sens comme une petite sphère métallique, plus petite que son doigt, être insérée. Une courte et fine barre métallique posée entre mes fesses, comme barrant l’entrée l’empêche d’aller plus loin. Est-ce qu’il vient de me mettre un plug ? Je sens qu’il y attache quelque chose, quelque chose de fin, cela me chatouille les cuisses en retombant.
— Redresse-toi.
Ai-je vraiment le choix ? J’obéis. C’est vraiment désagréable, gênant. Mais je serre les dents, ça pourrait être pire.
Malheureusement cela le devient.
Je sens un large double bracelet métallique enserré mes avant-bras. Il ne m’est plus possible de les écarter l’un de l’autre, ni de les ramener en avant. Lentement, mais surement, la panique se fraie un chemin à travers ma chair. Les choses fines chatouillants mes cuisses s’avèrent être des chainettes, la première est attachée à mon bras positionné le plus bas, le gauche. La seconde chainette continue de pendre entre mes fesses.
Les pensées les plus folles se bouscule sous mon crâne : aurais-je du accepter le sort de Qiao ? Quant à Tullia, sa position est dégradante, mais au moins elle est tranquille dans sa boîte ! Vaut-il mieux souffrir physiquement ou moralement ? Aurais-je du rester sur la plage ? Mais pire que tout, je pense à hier soir : si je me comporte bien, est-ce qu’il sera gentil avec moi ? Cette dernière réflexion a raison de moi : ce salaud est vraiment en train de me conditionner.
La réalité me rappelle à elle lorsque je sens quelque chose être attaché à mon collier, dans ma nuque, puis être relié à mon bras droit, me forçant à me tenir exagérément droite, exhibant ma poitrine. Les deux chaînes partant de mes poignets sont tendues, si bien que je ne peux ni détendre mon dos ni bouger mes bras sans sentir bouger le plug à l’intérieur de moi. Et dire qu’hier je me sentait dégradée parce qu’il me tirait avec une chaîne…
Le démon passe devant moi. Son visage exprime toujours la même lassitude, la même rage. Je suis déçue… !? La honte vient remplacer la déception ; qu’espérais-je ? De l’excitation ? Je me giflerais bien si mes mains n’étaient pas immobilisées.
— Ecarte les cuisses.
— Quoi ?
Le regard glacial qu’il pose sur moi me fait l’effet de la gifle escomptée, comme quoi, tout vient à point à qui est assez tarée pour mal lui parler.
— Pardon, Maître Astaroth ! glapis-je lamentablement tout m’exécutant.
Il se penche alors légèrement pour se saisir de la seconde chaîne pendant du plug, il la tire à l’avant, la plaquant entre mes lèvres. Je sursaute presque en découvrant que des perles l’ornent au niveau de mon clitoris, je suis d’autant plus surprise en me rendant compte qu’une perle sur deux émet une douce chaleur, tandis que l’autre est froide. Ma candeur m’empêche de comprendre le but de tout cet attirail, refusant les esquisses qui se dessinent pourtant si nettement dans mon esprit.
Un hoquet de surprise et de douleur m’échappe lorsque je sens un pincement au niveau du nombril, là où Astaroth choisi d’accrocher l’extrémité de la chainette, directement dans ma chair, tel un piercing obscène. Ce léger mouvement pour me pencher en avant a pour conséquence directe de tirer sur les chaine reliant mes poignets, le plug et mon nombril, tout en faisant glisser au passage les billes sur mon point sensible. Pendant une fraction de seconde, je suis traversée par la douleur et le plaisir. La douleur devenant bien vite très désagréable au niveau du nombril, je me redresse, déclenchant une nouvelle délicieuse succession de chaud froid entre mes lèvres.
Perdue entre ces sensations contradictoires et une claustrophobie montante, mon regard cherche une explication dans les prunelles du démon. Nulle excitation ni satisfaction dans celles-ci. Pourquoi cela me frustre-t-il autant ?
Le déchu daigne enfin prendre la parole.
— Hier, je t’ai accordée une visite des lieux, délicatesse pour laquelle je n’ai pas été remercié…
Tu te fous de ma gueule, hein ?
— J’escomptais te laisser sans entrave, mais je vois que tu es malheureusement trop distraite. De même, je perçois ta réticence à accepter toute la bonté dont je peux faire preuve. Habituellement, je brise la volonté et l’espoir de mes soumis… Mais toi…
Il se penche vers moi, il discipline délicatement mes cheveux de ses deux mains avant de les poser autour de mon visage. Sa douceur est une torture.
— Je ne veux pas t’abimer. J’ai d’autres projets pour toi. J’ai donc décidé de te dresser : aujourd’hui tu vas apprendre à obéir, à maintenir ta posture. Tout écart t’apportera plaisir et souffrance.
Mes yeux s’écarquillent tandis qu’un fin sourire carnassier émerge (enfin !?) sur ses lèvres pâles.
— Une dernière chose : à partir de maintenant, à chaque fois que tu feras bouger tes chaînes, le plug grossira.
Ma gorge est serrée, j’ai envie de hurler. Son sourire froid s’affirme, lui donnant un air cruel tout en exacerbant la beauté de ses traits
— J’ai rarement autant espérer être désobéit. D’ailleurs, en parlant de désobéissance, dit-il en perdant son sourire et en repassant dans mon dos. Je t’avais promis de te rendre tes maladresses…
Je sens aussitôt quelque chose se planter sous chacune de mes omoplates, puis descendre d’une dizaine de centimètres, lacérant ma chair, m’arrachant un cri de douleur, me faisant me cambrer brusquement ce qui ne manque pas de faire jouer l’odieux mécanisme dont il m’a entravé. Malgré moi, je finis maladroitement à genoux devant lui tremblante de douleur, cherchant un moyen de faire cesser ce jeu de chaud froid contre mon intimité.
— 5… 4… 3…
Quoi ? Non ! J’essaie de me redresser, mes mouvements anarchiques tirent sur mes chaînes, sans compter la douleur lancinante dans mon dos qui ne diminue pas, je parviens vaguement à me redresser, mais trop tard. Le compte à rebord est dépassé. Le choc électrique me traverse avant que je n’ai le temps de m’y préparer. Par miracle, je reste droite, j’encaisse cette décharge sans retomber à ses ignobles pieds.
Je respire par saccade, tandis que les larmes inondent mes joues, je sens également un liquide chaud glisser le long de mon dos. Pire, je constate qu’il n’a pas menti : avec toute mes gesticulations, la chose qu’il a introduit en moi a déjà grossit. Jusque-là c’était perceptible, mais tolérable. Il est à présent difficile de faire abstraction de cette intrusion, cela me gêne… Pourtant, je ne peux ignorer la douce chaleur qui irradie entre mes lèvres intimes. Je me sens terriblement humiliée.
— Puisque tu portes si peu d’attention et de délicatesse à mes ailes, tu partageras ma souffrance de les sentir se tordre et se consumer, susurre le démon.
Visiblement satisfait de la terreur qu’il lit sur mon visage en annonçant sa sentence, Astaroth se détourne de moi et quitte la pièce de son pas altier. Ne voulant pas attiser davantage sa colère, je prends sa suite, tâchant de bouger le moins possible mon buste.
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