Partie 17 - Inconnue
Bonjour :D C'est partie pour les deux petits chapitres de la semaine qui sont, j'avoue, assez calme pour une fois. Bonne lecture !
LAZARE
Partie 17 - Inconnue
Son interlocutrice hésita un bref instant avant de se tourner vers lui. Ses yeux en amande et son visage allongé et fin laissait penser à l’elfe qu’elle avait des ascendances de son espèce. Les hybrides étaient courants : la réputation de coureurs de jupons de son peuple précédait de loin tous les clichés qu’il avait pu un jour entendre au fil de ses voyages dans le vaste monde. Elle le dévisageait intensément, silencieuse, s’attendant à ce qu’il fasse le premier pas. Lazare réalisa à ce moment à quel point parler de vive voix avec un individu similaire lui avait manqué.
“Je m’appelle Lazare, chuchota t-il, pour ne pas la braquer davantage autant que pour capter son attention. Je suis désolé si je vous ai effrayé. Je ne suis pas… Je ne suis pas un monstre, répéta t-il, la voix brisée et très peu assurée.”
Ses mains tremblaient sous les couvertures blanches. Il prenait conscience que son visage déformé serait désormais un désavantage. Etait-il condamné à se cacher toute sa vie ? Pire encore. Que penseraient ses filles en le voyant revenir de cette manière, borgne et éclopé ? Plus que la douleur et l’amputation, la peur d’être rejeté par les siens lui rongeait les entrailles. Il se dégoûtait et maudissait amèrement les hommes et la manticore qui l’avaient épargné. Il n’avait plus rien. Il n’était plus rien. Des larmes de rage coulèrent le long de ses joues, silencieuses, vide de tout. Si la vie était semblable à cela, alors il ne voulait plus faire partie de cette vie.
“Vous n’êtes pas un monstre, dit doucement l’inconnue, sensible aux larmes qu’elle ne comprenait pas. Ne pleurez pas, ils vont vous remettre sur pie.... en état. Ils nous remettent tous en état.”
Lazare tourna la tête vers elle et fronça les sourcils, surpris par son intervention. Un sourire en coin se forma sur son visage. Il renâcla ironiquement.
“Et ensuite ? Mes filles vont mourir de faim parce que leur père sera incapable de travailler et de substituer à leurs besoins. Survivre me fait une belle jambe. Oh. Attendez. Je n’en ai plus qu’une. J’aurais préféré y rester.
- Vous croyez que vous êtes le seul ? lui reprocha t-elle. Je préférerai mourir plutôt que d’annoncer à mon homme que j’ai perdu le fils qu’il attendait depuis des années. Et pourtant, je garde la tête haute. Il n’y a que l’honneur pour sauver les âmes damnées comme vous et moi.”
La tête de l’elfe retomba sur son oreiller. Elle n’avait pas tort. Il était loin d’être le seul à plaindre dans cette pièce.
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