Partie 30 - Choc
Dernier chapitre de la semaine, avec un petit TW : Amputation, pour les plus sensibles :D RDV la semaine prochaine !
LAZARE
Partie 30 - Choc
Lazare serra la poigne sur sa couverture quand l’un de ses accompagnateurs fit mine de lui retirer. Il n’était pas prêt à faire face à ça. Malheureusement, ses gardiens ne comprirent pas le message. Une main se posa dans son dos alors que le deuxième saisissait sa jambe. L’elfe découvrit pour la première fois son membre amputé, de manière franche, sans le drap pour le protéger de sa vue. La vision de ce moignon, soigneusement enveloppé dans des bandages, le terrorisa. Cette fois, il ne pouvait plus nier la vérité : il n’avait plus de jambe. La coupe avait été effectuée au dessus du genou. Il se mit à trembler, sous le choc, les yeux exorbités et le souffle rapide.
“Lazare ? Vuyv we coip ? s’inquiéta l’un des elfes qui s’était aperçu de son état.”*
Il essaya de répondre mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. Une larme silencieuse glissa le long de sa joue. De toutes les étapes du deuil, l’acceptation était la plus longue et la plus difficile. Lui réalisait à peine, comment pourrait-il seulement l’accepter un jour ? Tout l’effroi du moment se lisait dans sa tétanie soudaine et les secousses incontrôlées de son corps.
Les elfes le posèrent sur le brancard et replacèrent la couverture en place. Lazare détourna le regard, les larmes aux yeux. L’accepter n’était pas le vrai problème, vivre avec cet handicap le serait bientôt. Les deux soldats, mal à l’aise, se lançaient des regards lours de sens pour s’encourager mutuellement à prendre la parole.
“Ki weot coip, répondit Lazare d’une voix éteinte. Ki weot coip…”**
Sa voix brisée et son visage vide de toute expression ne trompaient pas, mais ils eurent l’amabilité de ne pas insister davantage et de respecter son silence. Lentement, ils soulevèrent le brancard et avancèrent vers la sortie, entre les formes éthérées des malades et des mourants. La plupart souriaient à son attention, comme un encouragement à la vie, alors même qu’il commençait à baisser les bras pour de bon.
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* “Lazare ? Tout va bien ? s’inquiéta un des elfes qui s’était aperçu de son état.”
** “Je vais bien, répondit Lazare d’une voix éteinte. Je vais bien…”
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